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OM, le chaos gagnant (21 août)
Dans un style direct, percutant, désordonné et parfois inquiétant, Marseille a vaincu au forceps des Nantais trop limités et sans ressources sur le banc. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
MATHIEU GRéGOIRE MARSEILE – À la recherche, frénétiquement, d’un ou plusieurs défenseurs centraux pour densifier sa charnière, Pablo Longoria pourra toujours proposer un contrat à Nicolas Pallois. Depuis la saison dernière, le colosse nantais est un joueur ami de l’OM, et on attend son intervention divine à chaque rencontre.
En décembre 2021, au match aller à la Beaujoire, il est expulsé avant la demi-heure de jeu. En avril, au retour au Vélodrome, il fauche comme les blés Boubacar Kamara et offre un penalty converti par Dimitri Payet. Et hier, à la 82e minute, à la suite d’une frappe contrée du Réunionnais, désormais remplaçant de luxe, et une remise de Luis Suarez, il trompe sans coup férir Alban Lafont pour donner la victoire à un OM alors réduit à dix depuis l’expulsion de Samuel Gigot (77e).
Méfiance le mois prochain
Le deuxième but contre son camp au bénéfice des Marseillais depuis la reprise de la L1 est un fait pas si anodin. Il dit beaucoup du jeu direct et vers l’avant prôné par Igor Tudor, mais reflète aussi un étonnant bordel sur la pelouse, sur certaines séquences. Un match pour les commentateurs radio plutôt que pour les philosophes du jeu, où les élans remplacent toute idée de structure et les aiguës servent de solfège.
Il faut bien se mouiller la nuque au Vélodrome, en cet été caniculaire. En quelques semaines, l’OM est passé de l’équipe de L1 avec le plus de maîtrise, un boa constrictor concédant peu d’occasions et anesthésiant l’adversaire avec une possession versant parfois dans la stérilité, à une formation tout feu, tout flamme, une gazelle fonçant dans la savane sans se méfier des prédateurs qui rôdent. Pour l’instant, elle n’a croisé que des bêtes inoffensives, comme les Rémois et les Nantais.
Mais il faudra quand même se méfier le mois prochain, quand le niveau va s’élever et que les carnivores de la C1 seront de sortie. Entre deux transferts, Longoria nous a d’ailleurs prévenus : « On jugera l’OM de Tudor en septembre. » Dont acte.
Ünder sacrifié par Tudor
Hier soir, on a d’abord vu la furia de Jonathan Clauss et le jeu en une touche de balle d’Alexis Sanchez, un sacré technicien. La façon dont il se débarrasse du marquage d’Andrei Girotto pour servir tranquillement Mattéo Guendouzi (40e) est d’une subtilité rare. Mais Tudor n’a pas encore trouvé la bonne formule devant, et ses compagnons de l’attaque, Guendouzi comme Gerson, ne peuvent pas être partout, à la récupération, à la création, à la finition.
L’ancien Gunner a manqué de lucidité en fin de première période, sur plusieurs coups, mais la parenthèse Sampaoli nous a appris à avoir une certaine mansuétude pour les joueurs qui n’évoluent pas à leur poste. Après la panique nantaise et ces drôles de scènes où le géant Pallois court derrière le petit Sanchez comme le Coyote après Bip Bip, la formation olympienne nous a offert de remarquables moments de désorganisation.
En fin de première période, dès que le risqué pressing des offensifs et de Jordan Veretout est déjoué, les Nantais arrivent un peu trop facilement près de la surface. En seconde, les portes du saloon sont complètement ouvertes, et sur plusieurs ballons plein axe, les vainqueurs de la dernière Coupe de France se créent des occasions. Sur une étonnante action, à la 61e, les amateurs de « Où est Charlie ? » peuvent remplacer le bonhomme en pull rayé par les défenseurs marseillais, sauf Chancel Mbemba, et se creuser les méninges pour les repérer sur la pelouse. Heureusement pour l’OM, Moses Simon a avancé l’heure des vendanges et Pau Lopez a de la vista.
La suite est un drôle de ping-pong. Une frappe contrée de Clauss qui revient sur Mbemba deux semaines après avoir terminé sur Suarez contre Reims, dans le même genre d’action (70e). Déjà en surcuisson et averti, Gigot enlace ensuite Mostafa Mohamed et provoque l’égalisation nantaise, via un penalty de Ludovic Blas (78e).
Et puis, Pallois pallie toutes les éventualités et enchante le peuple marseillais. Entré à la 65e, Cengiz Ünder est sacrifié par Tudor pour juguler au mieux l’infériorité numérique, et le petit Turc, triste à en pleurer, continue de vivre un déclassement express, une déchéance plutôt. Pas le temps d’écouter sa complainte, l’OM a engrangé sept points sur les trois premières journées et rend sa révolution estivale un soupçon plus sereine.
L'Equipe