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Meret, Anguissa, Zielinski, Osimhen... le onze type de Naples, champion d'Italie, passé au crible
Grâce à match son nul jeudi soir sur la pelouse de l'Udinese (1-1), Naples est devenu champion d'Italie pour la première fois depuis la saison 1989-1990. Zoom sur le onze type de l'équipe de Luciano Spalletti.
Alex Meret : la pépite
Son nom fait frissonner les joueurs invétérés de Football Manager. Gardien talentueux, lancé à ses 18 ans par l'Udinese, Alex Meret s'est mué en pépite à dénicher sur le jeu vidéo. Le portier à même de te faire remporter une Ligue des champions, malgré une pelletée de tirs adverses, et plusieurs penalties concédés. « Il a des qualités extraordinaires. C'est un prédestiné », s'enthousiasmait en 2017 le légendaire gardien italien Dino Zoff.
En réalité, l'international italien (26 ans, 3 sélections) a pris un peu plus de temps pour exploser, passant deux saisons par la SPAL Ferrare, avant de s'envoler pour Naples. Au stade San Paolo, devenu Diego-Armando-Maradona, Meret a partagé les gants avec David Ospina, avant de devenir le gardien titulaire cette saison. Et quelle saison !
Giovanni Di Lorenzo : capitaine « Batigol »
La mission était immense. Après les départs cet été de Kalidou Koulibaly et Lorenzo Insigne, l'âme et l'enfant du club, Giovanni Di Lorenzo (29 ans) a récupéré un brassard de capitaine lourd à porter. Le latéral droit a rempli sa mission à merveille, et réalisé une saison impressionnante : une grosse solidité défensive, mais aussi quatre passes décisives et deux buts en Serie A, le replongeant en enfance, à Castelnuovo di Garfagnana, sa ville natale. Plus jeune, Di Lorenzo empilait les buts au poste d'avant-centre. Ses amis le surnommaient d'ailleurs « Batigol », en hommage à l'illustre buteur argentin de la Fiorentina et de la Roma, Gabriel Batistuta.
Replacé défenseur central, Di Lorenzo a explosé en 2015, sous la direction de Pasquale Padalino, son coach à Matera. Le technicien italien l'a transformé en machine omniprésente sur le couloir droit, jusqu'à son envol à Empoli en 2017, puis à Naples en 2019.
Amir Rrahmani : le guerrier kosovar
Amir Rrahmani n'en finit plus de progresser. Du KF Drenica au Kosovo en 2013 à Naples en Italie, en passant par le Dinamo Zagreb, en Croatie, et l'Hellas Vérone, le défenseur central a survolé toutes les étapes, à une vitesse affolante. À tel point que les dirigeants napolitains ont dégainé une offre d'environ 14 millions d'euros à l'hiver 2020, à peine six mois après son arrivée à Vérone, et le laisseront en prêt au Hellas jusqu'au terme de la saison. Ses qualités de défenseur rugueux, prompt, agressif sont désormais reconnues, et réputées en Europe, où ses prestations en Ligue des champions ont impressionné cette saison.
Le solide défenseur de 29 ans possède une particularité : il est international albanais et kosovar. Capé à deux reprises avec l'Albanie (il a inscrit un but, contre... le Kosovo), Rrahmani a participé à la progression du Kosovo, où il est devenu un cadre, et un symbole national.
Kim Min-jae : la tour de contrôle manquée par Rennes
La venue de Kim Min-jae au Stade Rennais, en bonne voie à une période de l'été, aurait-elle modifié la saison des joueurs de Bruno Genesio ? Que serait devenue la paire Min-jae et Theate ? Des interrogations difficiles à appréhender tant l'environnement d'un joueur impacte ses performances. Mais la saison grandiose de l'international sud-coréen de 26 ans à Naples laisse songeur.
Arrivé contre 20 millions d'euros en provenance du Fenerbahçe, pour remplacer Kalidou Koulibaly, Kim Min-jae est devenu un symbole de la saison napolitaine. Solide dans le duel et surprenant dans la relance, le défenseur s'est immiscé dans le classement des meilleurs défenseurs de Serie A, voire européens. Une progression impressionnante pour le Sud-Coréen, encore dans son championnat national en 2019, du côté de Jeonbuk Hyundai Motors, ou en Chine à Beijing Guoan en 2021.
Mario Rui : soutien parfait de Khvicha
Son activité sur son couloir gauche a soulagé Khvicha Kvaratskhelia, et permis, à distance, son éclosion foudroyante. Petit gabarit, porté vers l'offensive, l'international portugais (31 ans, 12 sélections) parti de Benfica en 2011 et passé par les centres de formation réputés du Sporting et de Valence, s'est imposé dans la toile de Luciano Spalletti, en parfait pendant de Giovanni Di Lorenzo. Il s'est distingué par sa justesse technique dans le dernier geste et a délivré six passes décisives en Serie A.
Jamais indiscutable, il a partagé son poste avec Mathias Olivera, plus solide athlétiquement. L'international uruguayen, révélé au Nacional Montevideo, aurait pu offrir le titre de champion d'Italie le week-end dernier d'une tête puissante et victorieuse au premier poteau à l'heure de jeu, mais Boulaye Dia, l'attaquant de la Salernitana, a modifié les plans napolitains dans les dernières minutes du match.
Stanislav Lobotka : le point de fuite
Lors de son départ en Chine à l'été 2019, le légendaire milieu à la crête Marek Hamsik a glissé une idée à son club de coeur : un petit format (1,70 m) talentueux, à la tête remplie, en provenance du Celta Vigo. Formé à Trencin en Slovaquie, puis remodelé à l'Ajax et à Nordsjaelland, au Danemark, Stanislav Lobotka (28 ans) a été recruté en 2020 par Naples, séduit par ses capacités cognitives, athlétiques, et les éloges de sa légende Hamsik.
En raison de son style de jeu en inadéquation avec les exigences de ses entraîneurs, Lobotka a douté et traversé trois années dans l'ombre. Mais, dans le sillage de Luciano Spalletti, le Slovaque est redevenu une sentinelle géniale, le point de fuite d'un projet de jeu de mouvements et de possession. En pointe basse, il anime le ballet napolitain, offre du temps et de l'espace à ses partenaires, et les rend soyeux. « J'ai vu Iniesta jouer et Lobotka lui ressemble. Il est vraiment incroyable. Il semble facile à attraper, mais quand il se met à accélérer, c'est impossible », concluait Spalletti mi-août.
Piotr Zielinski : le généreux bonhomme
Doté d'une qualité technique remarquable, Piotr Zielinski (28 ans) brille surtout par son mouvement incessant dans les espaces libres. Également intéressant dans la surface adverse, le Polonais multiplie les courses défensives et coupe les premières lignes de passes. Sa générosité est largement plébiscitée par les supporters napolitains.
Mais également en Pologne. Issu d'une famille engagée en faveur des enfants défavorisés, Zielinski a perpétué la tradition famille. En 2015, il a acheté deux maisons à Zabkowice Slaskie, la ville où il a grandi, afin de les transformer en orphelinat. Et cet engagement ne se limite pas à un prête-nom. Dès qu'il revient chez lui, Zielinski rend visite aux jeunes pensionnaires. « Dès qu'il revient en Pologne, il joue au football avec eux et leur offre des cadeaux », affirmait fièrement son père à SportoweFakty.
André-Frank Zambo Anguissa : la puissance du Lion indomptable
De Yaoundé à Naples, il y a des étapes : la réserve de Reims, l'explosion à l'OM sous le bordereau d'impact player, la révélation technique à Villarreal et Fulham, puis celle d'artiste multidimensionnel en Italie. Il y a aussi des doutes : ceux de Jean-Philippe Durand, recruteur de l'OM, lors d'un tournoi entre académies en 2013, ceux de dirigeants rémois, ou de supporters insatisfaits.
Mais il y a, surtout, des satisfactions teintées de surprises. André-Frank Zambo Anguissa (27 ans) sait dorénavant tout faire : briller dans les espaces restreints, combiner dans une cabine téléphonique, et dominer athlétiquement. Au-dessus de Lobotka, il assure le liant entre ses défenseurs et ses offensifs. Auteur de deux buts et quatre passes décisives en Serie A, Anguissa pêche parfois dans ses derniers gestes. Peut-être son dernier chantier, avant de devenir une référence.
Hirving Lozano : le diable napolitain
Désormais, appelez-le « Chucky » Lozano. Ce surnom atypique, en référence à la poupée maléfique, est hérité de sa formation à Pachuca, au Mexique. Et le suit partout depuis, au PSV et à Naples. Bien sûr, ce surnom n'a rien à voir avec ses qualités sur le terrain ou une ressemblance physique, mais provient d'une anecdote amusante, illustratrice de sa bonne humeur en dehors des terrains. « C'était après un match à Veracruz. De retour dans le bus, il faisait peur à ses copains. Un enfant assis devant a alors crié "Chucky arrive, Chucky arrive" et c'est resté », dévoilait le père de Lozano.
Sur le terrain, Lozano (27 ans) impressionne par ses qualités athlétiques, mais se montre encore trop brouillon dans le dernier geste. Pas encore indiscutable, il a partagé son poste avec Matteo Politano, dont la patte gauche fait des merveilles.
Khvicha Kvaratskhelia : le roi du « un contre un »
Willy Sagnol avait prévenu. Le jeune Khvicha Kvaratskhelia (22 ans) est un phénomène unique, qui parle le football d'un temps - presque - passé, qu'il ranime par ses envolées sublimes. Dribbleur hors pair, l'international géorgien, formé au Dinamo Tbilissi, est la révélation de l'année en Europe, avec ses douze buts, dix passes décisives en Serie A. Ses prestations inabouties en quarts de finale de la Ligue des champions contre Milan nous empêchent de nous enflammer, mais il devrait faire partie des meilleurs joueurs en Europe cette saison.
Victor Osimhen : le buteur masqué
On ne le découvre plus. Week-end après week-end, Victor Osimhen remplit les comptes rendus et assèche les défenseurs adverses. Il harcèle les porteurs de ballon, apeurés par la foulée déterminée de l'attaquant nigérian, qui n'en oublie pas son rôle primaire : marquer des buts (21 réalisations en Championnat). Le meilleur joueur africain de Ligue 1 en 2019-2020, acheté plus de 70 millions par Naples mais qui en avait rapporté beaucoup moins à Lille, pourrait partir pour le double cet été, et pourquoi pas au PSG.
L'Equipe