Information
Avec la Ligue des champions, Lens va changer de dimension
Budget presque doublé, exposition médiatique maximum, effectif en mouvement, Lens va changer de dimension en
Le Druide Daniel Leclercq a disparu le 22 novembre 2019. Mais, comme il l'anticipait dans la nuit de samedi à dimanche, Joseph Oughourlian va tenter de ne pas couler avec la marmite du RC Lens dans laquelle il est tombé. « Quand j'ai repris le club (en mai 2016), nous étions à 17 M€ de revenus, racontait le président actionnaire majoritaire du club dans la nuit de samedi à dimanche. Là, on va peut-être atteindre 120 M€ avec la Ligue des champions (la saison prochaine). Depuis cinq ans, Lens change de dimension. La L1, on pensait que ça arriverait plus rapidement. L'Europe, c'était un vrai rêve. »
Un rêve que le dirigeant aborde avec prudence : « L'incertitude de la 3e place ne nous aurait pas permis de planifier la prochaine saison. Je ne pense pas qu'on y fera piètre figure. On monte les marches les unes après les autres. En espérant ne pas nous prendre les pieds dans le tapis sous peine de dévaler l'escalier. On en reparlera prochainement. Parce que les choses ne se déroulent jamais comme on le pensait. »
Des garanties financières
Depuis samedi soir, le club artésien se berce avec l'hymne de la C1, qui a accompagné le feu d'artifice clôturant le dernier rendez-vous à domicile de la saison, une dix-septième victoire (3-0 face à Ajaccio) devant la vingt-sixième affluence de rang à guichets fermés. « On veut jouer les plus gros possibles », espérait le défenseur Jonathan Gradit. « On sera dans les petites boules (au tirage, chapeau 4), ajoutait son compère Florian Sotoca, dans une compétition que l'on regardait à la télévision. Le Barça, le Real Madrid nous font rêver. »« On mérite d'y goûter tous ensemble », anticipait Brice Samba.
La qualification pour la phase de groupes va rapporter 25 M€ brut non prévus, soit a minima 20 M€ de marge nette. Ce qu'il serait peut-être allé chercher en ventes s'il n'avait pas participé à une compétition continentale. À l'origine, avant de revoir à la hausse sa copie au fil des mois, le club avait programmé une 12e place en L1. Son budget était de 62 M€ hors mutations. La 2e place lui rapportera 10 M€ de recettes en plus en droits domestiques (26 contre 16).
Le vrai danger a bien été identifié en interne. Il tient aux velléités de départ au sein de son staff ou de son effectif. Donc prioritairement à une problématique de gestion sportive. Aux trophées de l'UNFP, dimanche, Franck Haise, nommé meilleur entraîneur de la saison, a quand même glissé : « Je n'ai pas dit que j'allais partir. » Il entend avoir à sa disposition une équipe compétitive pour bien figurer à la fois en C1 et en L1. Le manager artésien en est là à la veille d'un rendez-vous avec sa direction. Cette rencontre doit confirmer que l'alignement général des planètes est toujours d'actualité.
lire aussi
À Lens, Franck Haise attend des garanties pour la Ligue des champions
Un renouvellement assumé
Cette saison, les départs du trio Florent Ghisolfi-Laurent Bessière-Ghislain Dubois à Nice (octobre à janvier) ont bien été absorbés. Le transfert du défenseur Christopher Wooh pour Rennes (10 M€ payables sur deux ans), le dernier jour du mercato, assimilé. Les arrivées hivernales de Julien Le Cardinal, Adrien Thomasson et Angelo Fulgini, validées en compétition. L'été 2023 pourrait toutefois être brûlant. Sont concernés, a priori, Brice Samba, Kevin Danso, Facundo Medina, Seko Fofana ou Loïs Openda. Cinq des cas les plus supervisés, même si le Belge n'a pas prévu de partir. Mais les Sang et Or se sentent prêts à appréhender leur nouvelle dimension forts de leurs récentes expériences.
Le renouvellement d'un tiers de l'effectif est intégré dans le développement global de la structure. Adam Buksa, Jean Onana, peut-être Le Cardinal devraient changer d'air. Alexis Claude-Maurice, prêté par Nice, finalement rester. Les Sang et Or veulent demeurer réactifs en termes de trésorerie, cohérents sur l'ossature de l'effectif. Pas question pour eux de s'appauvrir. Mais si un joueur dispose d'une proposition non refusable et que le club s'y retrouve (Fofana ?), tout le monde en discutera. Le travail d'anticipation du remplaçant de Ghisolfi, Grégory Thil, le directeur technique, prendra alors tout son sens.
Pour le moment, les signaux sont au vert. L'exode n'est pas certain. À l'été 2022, le départ de Cheick Doucouré (Crystal Palace) avait été anticipé. Les discussions avec les agents sportifs commencent le 3 juin. « Si des gros clubs viennent pour des joueurs et des membres du staff comme la saison passée, il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire, admettait Oughourlian. On prépare cette éventualité sachant qui on est. »
Pour la première fois depuis quatre ans, selon ses dirigeants, Lens aura une masse salariale de première partie de tableau. Personne ne sait si son actionnaire remettra au pot. Il ne le fait plus depuis 2021. En attendant, le club s'adapte. Et répète qu'il ne veut pas faire n'importe quoi.
L'Equipe