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Franck Haise (entraîneur de Lens) raconté par ses joueurs et ceux qui l'ont croisé
Favori au titre de meilleur entraîneur de L1 décerné dimanche, Franck Haise fait depuis trois ans et demi l'unanimité à Lens. Comme en attestent ses joueurs, adjoints et dirigeants d'hier et d'aujourd'hui.
Il y a près de trois saisons, le staff du RC Lens, fraîchement débarqué en L1, parcourait à pied le kilomètre qui sépare Bollaert-Delelis de l'hôtel Louvre-Lens, lieu de mise au vert. Ex-directeur de la performance, parti à Nice en janvier, Laurent Bessière partageait la ballade avec Franck Haise. « L'objectif de remontée atteint, il m'avait dit, "je veux participer à ramener Lens en Coupe d'Europe", se souvient-il. Ça m'avait marqué. Il était déjà très ambitieux dans le bon sens du terme. »
Trois ans après, le manager général sang et or, 52 ans, touche au but. L'ambition collective d'une qualification en C1 est atteinte. Voici les récompenses individuelles. Favori au titre de meilleur coach de L1 dimanche lors des trophées UNFP, le technicien attend une consécration. Le fruit de vingt ans d'expériences multiples dans le foot.
« Sa première était en Mayenne où il a presque tout fait, rappelle Arnaud Pouille, son directeur général à Lens. Chez nous, son premier atout est d'avoir cet oeil transversal. Son père lui a permis de développer une attention particulière, une expertise. Il mesure l'implication de chaque service. Avoir commencé par la formation lui a également conféré une autorité naturelle. Il apprécie beaucoup une approche à l'ancienne, à la confiance. Mais il adore la stratégie, le développement d'un groupe. Il a donc su bien s'entourer de personnes très compétentes. »
Comprendre le rayonnement de Franck Haise dans le Pas-de-Calais, c'est souligner l'importance de son environnement familial, ses valeurs. « Il est très humble mais connaît ses forces, assure Florent Ghisolfi, directeur sportif de Nice, parti de Lens en octobre. Il a cette capacité à gérer en même temps une énorme charge de travail et les plaisirs de la vie, la famille, les amis. Ça reste un épicurien, discret, qui ne critique jamais les autres. Contrairement à 95 % des gens dans ce milieu... »
L'entraîneur s'appuie sur un groupe de cadres : Gradit, Sotoca, Fofana et Samba. « Il nous réunit chaque semaine dix minutes pour parler de tout, confie Florian Sotoca. Il nous demande souvent notre avis. Mais il sait être autoritaire (retards) ou piquer au bon moment (comme avec Openda, parfois rétrogradé sur le banc lors de ses baisses de forme). »« Sa première qualité est d'avoir suscité l'adhésion par la confiance qu'il te donne, détaille Jonathan Gradit. Il responsabilise. »
« J'ai été agréablement surpris, note Adrien Thomasson, arrivé cet hiver. Pendant les matches, il n'est jamais dans l'exubérance, les grands gestes, les éclats de voix. Il dégage beaucoup de sérénité. L'équipe lui ressemble, elle ne s'affole pas. » Parfois, il joue le rôle de deuxième père comme l'avouait jeudi à Marseille l'ex-lensois Jonathan Clauss.
Haise n'affole que les classements et persiste dans ses idées : le jeu et les faiblesses de l'adversaire qui mènent à la victoire. « L'équilibre est le premier mot qui me revient, analyse Ghisolfi, que ce soit dans le pressing haut ou le fait de subir bas. Dans l'utilisation du ballon, il est redoutable car il crée les conditions de l'incertitude. »
« Dès la première causerie, c'était ses principes, confirme Sotoca. Chaque joueur sait ce qu'il doit faire. »« Pour sa première composition, il a intégré un 10 (Mauricio), un avant-centre (Banza) et un deuxième attaquant (Sotoca), se souvient Gradit. Quand on encaissait beaucoup (2022), il a mis un bloc médian. On est devenus costauds. »« Il a pris une heure pour m'expliquer son projet dès mon arrivée, répète Thomasson. Il insiste sur les analyses vidéos, même les veilles de match. »
« C'est un coach qui veut avoir le contrôle, détaille Alou Diarra, son ancien adjoint désormais à Troyes. Les membres du staff décortiquent mais il se forge sa propre opinion. »« Il aime être élégant dans sa façon de jouer, les relations de vérité, confie enfin Pouille. Cela se ressent dans son jeu. »
Presque au sommet de la L1, Franck Haise, sous contrat jusqu'en 2027, savourera-t-il à Lens la prochaine C1 ? « Son potentiel est infini, ose Ghisolfi. Il va être élu meilleur entraîneur de L1. »« Ce sera un honneur, estime Sotoca. Il est incontournable. »« Tous les joueurs qui ont travaillé avec lui ont été marqués, affirme Gradit. Donc à mon avis, lui aussi sera touché. »« Il a un parcours non linéaire, renchérit Thomasson, comme ses joueurs à Lens. Ce serait une juste récompense. »« Il est très bien au RCL où il est valorisé, conclut Alou Diarra. Il veut vivre au maximum cette exposition. À l'avenir, il pourra en connaître d'autres. »