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On change tout et on recommence
Nouvel entraîneur, nouveaux joueurs, nouveau projet de jeu. Tout a été modifié ou presque à tous les étages de l’OM, cet été. Les incertitudes sont nombreuses. BAPTISTE CHAUMIER (avec M. Gr.)
Les émotions folles nées d’une fin de saison haletante et d’une dernière journée de Championnat stressante se sont vite évaporées au fil des fortes chaleurs d’un drôle d’été. Sans un match joué, sans un but encaissé, sans même un objectif qui se serait dérobé. À l’OM, comme nulle part ailleurs, un début de révolution peut survenir malgré les promesses d’une Ligue 1 terminée à la deuxième place et d’une qualification directe en Ligue des champions arrachée sur l’ultime coup de sifflet.
Depuis cette soirée incandescente du 21 mai face à Strasbourg (4-0, pendant que Monaco concédait le nul à Lens dans le temps additionnel, 2-2), tout a changé ou presque à tous les étages du club, avec à la manœuvre le président, Pablo Longoria, et son directeur du football et ami, Javier Ribalta, recruté en juin.
Jorge Sampaoli est donc parti, son staff aussi, le capitaine et joueur le plus capé de l’histoire du club, Steve Mandanda, a préféré quitter l’OM également, soucieux de trouver un club plus apaisé où les choses seraient surtout plus claires pour lui (Rennes). Un nouveau coach est arrivé – Igor Tudor – très rapidement après l’annonce du départ du technicien argentin, signe que les dirigeants marseillais avaient anticipé cette issue devenue inéluctable tant les positions des deux parties sur le recrutement étaient éloignées.
Entre les rêves de grands joueurs de Sampaoli et la volonté du propriétaire, Frank McCourt, de voir l’OM s’autofinancer, Longoria a dû trancher tout en se débrouillant jusqu’à présent avec des moyens qui ne sont pas extensibles. Selon ses calculs, justement, la différence entre une qualification en Ligue des champions et en Ligue Europa ne se chiffrerait qu’à 13 M€.
La méthode Tudor n’a rien à voir avec celle de Sampaoli
Pas de quoi, bien sûr, rêver concurrencer le PSG sur le marché des transferts, ni même certains clubs de Ligue 1, capables de dépenser des indemnités à deux chiffres comme Monaco, Nice, Rennes ou Lyon. Le tableau n’est pas totalement noir, non plus, et de nombreux transferts ont déjà été ficelés avec le duo Longoria-Ribalta à la baguette, usant de leurs réseaux dans des clubs « amis ».
Plusieurs cadres sont partis, à l’image de Boubacar Kamara (Aston Villa) ou William Saliba (Arsenal, retour de prêt), de nombreux joueurs sont arrivés (Clauss, Mbemba, Luis Suarez…), ce qui a profondément redessiné les équilibres d’un groupe qui était attaché, dans sa majorité, à Sampaoli et son management paternaliste. La méthode Tudor n’a rien à voir, et les joueurs l’ont vite compris au fil d’une préparation musclée, devenue même électrique entre les messages sans détour de Tudor et ses accrochages avec quelques joueurs (Gerson, Amavi).
Tous ces bouleversements dans la gestion du groupe comme dans la façon de travailler ont instillé le doute dans le vestiaire comme chez les supporters. Pas de quoi faire vaciller les dirigeants, qui se montrent sûrs d’eux, pour l’instant, avec cette volonté d’inculquer une culture « à l’italienne » en interne. Une drôle de façon tout de même d’aborder cette saison où l’OM retrouve la Ligue des champions. Après deux dernières campagnes catastrophiques (0 point en 2013-2014 et 3 en 2020-2021), symbolisées notamment par treize défaites d’affilée, triste record de la compétition, Dimitri Payet et ses coéquipiers s’avancent vers un début de saison très incertain alors que les matches vont s’enchaîner tous les trois jours jusqu’à la Coupe du monde, en novembre.
Avec un nouveau style de jeu à apprivoiser, avec de nombreuses recrues à intégrer, avec une équipe type profondément remaniée, les Marseillais craignent un retard à l’allumage même si leur calendrier est abordable sur les premières journées (voir par ailleurs). Il faudra toutefois vite trouver des automatismes et une dynamique, alors que les matches de préparation ont surtout souligné le travail, énorme, qui restait à accomplir.
L'Equipe