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Neymar, c'est grave docteur ?
DÉCRYPTAGE – Nerveux, inefficace et peu en jambes, le Brésilien inquiète depuis son retour du Qatar.
Deux salles, deux ambiances. À l'image d'un PSG invaincu avant la Coupe du monde et déjà KO deux fois depuis la reprise, Neymar Jr est méconnaissable depuis son retour du Qatar, lui qui était sans doute le meilleur Parisien sur la première partie de saison. Le meneur brésilien de 30 ans (31 en février), touché dans son orgueil après les sifflets de la fin de saison dernière et les rumeurs de l'été autant que motivé à l'idée d'arriver au top à Doha, marchait au super lors des premières semaines de la campagne 2022-23. Auteur d'une prépa estivale en bonne et due forme, enfin serait-on tenté de dire, il s'est montré sous son meilleur jour en Rouge et Bleu, plus simple, plus sérieux, plus généreux, mais toujours aussi décisif (15 buts, 12 passes, 20 matches) et capable de coups de génie, de coups de patte magiques. Moins virevoltant qu'en 2017. Différent, mais précieux.
Reste à savoir si ce début de saison flamboyant restera comme un mirage. Une chose est sûre : au PSG, on prie les dieux pour qu'il ne s'agisse que d'une passade. Et le plus tôt sera le mieux au vu du programme à venir ... Après une série de trois matches contre des équipes de deuxième partie de tableau en L1 (Reims, Montpellier et Toulouse), les champions de France vont rentrer dans le dur avec un mois de février complètement fou : l'OM deux fois, Monaco et Lille en Ligue 1 et bien sûr, le Bayern, en «Champions'». «Malheureusement, le calendrier est ainsi fait», peste le coach du PSG, Christophe Galtier .
Circonstances atténuantes
Parmi les circonstances atténuantes, au-delà du fait qu'un retour de Coupe du monde n'est jamais anodin, pour personne, il y a cette grosse entorse de la cheville récoltée au Mondial, lors du premier match . S'il a pu revenir pour le 8e et le quart, Neymar n'était évidemment pas totalement guéri. D'ailleurs, «Galette» lui a octroyé une poignée de jours pour se retaper début 2023. «Ses chevilles ont été un peu meurtries pendant la Coupe du monde, il avait encore des douleurs quand il est revenu», a convenu le coach parisien sur beIN SPORTS, avant la victoire sur Pays de Cassel (7-0) lundi, en Coupe de France . Et d'ajouter : «Il est à 100%. Il n’a pas retrouvé́ toute sa fluidité́ dans le jeu.» Contradictoire, direz-vous… Un peu. Pour ce qui est du manque de fluidité, on a vu. Manque de simplicité, d'explosivité, incapacité à prendre les bonnes décisions et à éliminer. Tout ce qu'il avait effacé ces derniers mois. Et cette faculté à monter dans les tours, à l'image de sa brouille de début de match avec un amateur de Pays de Cassel ou de son expulsion face à Strasbourg (victoire 2-1) .
Docteur Jekyll et Mister Neymar, ce joueur génial mais qui agace autant qu'il s'agace. Personnalité à part, clivant, et qui ne fait pas l'unanimité chez les amoureux du PSG. Le passif est lourd, entre blessures, méformes et envies d'ailleurs. Pourtant, le garçon «a un grand cœur», comme le disait Thomas Tuchel, l'ex-coach parisien . Capitaine de l'US Pays de Cassel et membre du Collectif Ultras Paris, Alexis Zmijak n'est en tout cas pas de ceux qui vilipendent l'état d'esprit du numéro 10. «Neymar râle parfois parce que c'est un joueur assez fin techniquement et qui garde le ballon. Du coup, il est sujet à prendre des coups… Mais franchement, il a été hyperclasse. J'ai pris ma fille sur le terrain et il lui a donné sa doudoune parce qu'elle avait froid», a-t-il raconté sur France Bleu Paris. Et d'ajouter : «Ça doit être un gars bien, avec un gros mental, parce qu'il y en a plus d'un qui auraient craqué davantage en vivant les mêmes situations.»
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Des propos qui renvoient à ceux de Galtier après l'expulsion contre Strasbourg, deux jaunes en une poignée de minutes, dont une simulation. «Je peux comprendre qu'il y ait de la frustration et de la colère chez lui. J'ai revu les images, il y a simulation, c'est jaune, mais une minute avant il avait subi une faute, il a subi un grand nombre de fautes, et pas des petites fautes», avait-il noté , assurant comprendre la «frustration générée chez Ney» face aux coups répétés qu'il reçoit.
Sauf que pour assumer son jeu, son statut et son image, être lui en fait, Neymar doit être en pleine possession de ses moyens sur le plan physique et mental. Or, il n'est clairement pas au top physiquement. Et mentalement ? On peut en douter… «C'est quelqu'un de très sensible», disait encore Tuchel . Quelqu'un qui portait le poids des attentes de tout un pays sur les épaules au Qatar. «Je suis détruit psychologiquement, c'est certainement la défaite qui m'a fait le plus mal», déclarait l'ancienne pépite de Santos sur les réseaux sociaux, peu après la sortie de piste face à la Croatie, en quarts de finale .
«Ça fera mal pendant très, très longtemps», avait-il ajouté dans ce premier message. «Malheureusement ou heureusement, je n'ai toujours pas appris à perdre. Les défaites me rendent plus fort mais elles me font trop mal et je ne m'y suis toujours pas habitué», a-t-il indiqué, quelques jours plus tard . Et de poursuivre : «Même si ça fait mal et que la blessure met du temps à cicatriser, il faut passer à autre chose.» C'est peut-être (beaucoup) plus facile à dire qu'à faire.
Faire taire les critiques
L'avenir dira combien de temps Neymar mettra pour panser ses plaies et retrouver un niveau digne de ce nom. Le plus tôt sera le mieux pour lui, pour le PSG, pour tout le monde. Premier test contre Reims ce dimanche (20h45, sur Amazon Prime Vidéo), pour le compte de la 20e journée de L1 . Et s'il n'y parvient pas, que les premiers mois de la saison restent lettre morte, les plus critiques seront confortés dans leur idée. «Est-ce qu'on se rend compte que Neymar, en termes de recrutement, transfert, salaire, c'est le plus grand flop de l'histoire du foot au PSG ?», clashait récemment Daniel Riolo, sur RMC, affirmant que l'intéressé «se fout du PSG, il est juste venu s'entraîner pour la Coupe du monde». Charge au génie brésilien, sous contrat jusqu'en 2026, de reprendre le fil de son histoire. Ou pas...
Le Figaro