C'est une enquête explosive, impliquant le tout-puissant patron du Paris Saint- Germain, Nasser al-Khelaïfi, et le gratin du barreau de Paris dans une scabreuse affaire de torture. Une affaire complexe, faite de chantages, de sévices et d'accords secrets, pour que rien ne s'ébruite avant le grand raout de la Coupe du monde de football au Qatar, la première au Moyen-Orient, qui se déroulera du 20 novembre au 18 décembre. Aucoeur de l'histoire figure Tayeb B., un entrepreneur franco-algérien de 41 ans, qui résidait au Qatar avec son épouse et leurs enfants et qui, le 13 janvier 2020, y a été arrêté et emprisonné durant de longs mois, au motif qu'il disposait de documents supposément compromettants pour «NAK», le président du PSG. Interrogé et mis sous une intense pression psychologique durant de long mois, l'homme d'affaires ne sera libéré que le 1er novembre 2020, après la remise aux autorités qataries de plusieurs supports numériques sur lesquels étaient stockées ces pièces sensibles.
Quelle est la nature exacte de ces documents ? Tayeb B., que nous n'avons pu rencontrer, assure par la voix de l'équipe d'avocats qui le représentent à Paris, et avec qui Libération a pu échanger, qu'il s'agissait de documents multiples : les premiers seraient de nature à étayer un peu plus les soupçons d'une action corruptive de l'émirat et de Nasser al-Khelaïfi dans l'attribution controversée du Mondial 2022, au sujet de laquelle plusieurs enquêtes judiciaires sont en cours dans trois pays, dont la France… Les deuxièmes détailleraient des faits de travail dissimulé dans l'entourage d'Al-Khelaïfi et les troisièmes, plus personnels, auraient trait à la vie privée du président du PSG dans la capitale française. Un sujet incandescent dans la mesure où il est de notoriété publique que NAK est un intime de l'émir en personne, Tamim ben Hamad Al Thani. Nos informations sont à rapprocher de celles publiées mardi soir par le JDD et le Parisien, et esquissent
des développements d'une tout autre ampleur. Les deux journaux ont révélé trois interpellations dans une affaire connexe, s'intéressant à une nébuleuse gravitant autour de la direction du PSG, et où l'on trouve a minima deux anciens policiers, dont l'un, ancien de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, future DGSI), a été nommé référent supporter du club en 2018. Le troisième homme en garde à vue, présenté comme un «lobbyiste», n'est autre que Tayeb B. Ce coup de théâtre, le convoquant dans une enquête préliminaire ouverte le 27 juillet 2021 notamment pour «viol du secret professionnel», «trafic d'influence» et «corruption», «faux et usage de faux», est-elle de nature à réinterpréter le récit de sa détention dans le Golfe ? Contactée par Libération, une source proche de ces investigations qualifiées d'«ultrasensibles» n'exclut pas «que Tayeb B. ait lui-même cherché à se placer ou à monnayer les documents qu'il avait obtenu en vue d'une contrepartie ou d'argent. En clair, qu'il ait fait chanter Nasser al-Khelaïfi à des fins crapoteuses.
Que ce soit des documents d'ordre financier, de vie privée, ou les deux, on peut aisément se dire que les autorités qataries voulaient empêcher que leur révélation puisse fracturer la success story parisienne d'Al-Khelaïfi. Cela ne justifie en revanche en rien le traitement inhumain qu'il dit avoir subi à Doha». Et de poursuivre : «Ces dossiers ouvrent les portes d'un inframonde sidérant, nous propulsant dans les coulisses du PSG. Le club avait comme une mini agence de renseignement autour de lui, qui semble commencer à se déchirer. Ça risque de violemment secouer ces prochains mois.»
Genèse d'un improbable thriller à tiroirs Quoi qu'il en soit, ces documents avaient semble-t-il assez de valeur pour qu'une improbable négociation aboutissant à un protocole confidentiel voie le jour. En effet, la libération de Tayeb B., après une détention très éprouvante, ne s'est faite qu'après la signature par l'ensemble des parties d'un accord secret que Libération a pu consulter. Signé par Renaud Semerdjian, l'un des avocats de NAK en France, au titre d'une délégation de pouvoir, et par Tayeb B., cet incroyable deal dispose que l'entrepreneur doit être strictement tenu au silence, sans quoi il sera redevable d'une somme de 5 millions d'euros «sans mise en demeure préalable». Dans ce protocole, Tayeb B. est également contraint de reconnaître «s'être approprié illicitement des documents confidentiels dont il a notamment altéré /falsifié l'objet et le contenu». Comment ces documents ont-ils été formellement obtenus ? Et depuis quand ? A ce stade, il est très difficile de l'établir, tant les versions contradictoires se multiplient entre les membres de l'entourage de NAK, tantôt alliés, tantôt rivaux, tantôt concurrents. Ce qui est certain, c'est que Tayeb B. a été en possession d'un certain nombre d'éléments, et les a mis en «sécurité». Ce n'est que plusieurs mois plus tard que le Qatar, avisé de la circulation des documents, a réagi en interpellant Tayeb B. Le début de neuf mois de privation de liberté et de mauvais traitements.
Installé avec sa famille au Qatar depuis 2019, le Franco-Algérien y travaille comme «consultant en géopolitique et en géo-économie» et agit dans l'entourage du docteur Ali bin Samikh al-Marri, au Comité national des droits de l'homme qatari (NHRC). Dit ainsi, le poste a de quoi faire sourire. Sauf que dans l'optique obsessionnelle de policer son image, d'étendre autant que possible son soft power, l'émirat adore promouvoir ce type de structures, et surtout y placer des étrangers, gage de leur volonté d'ouverture et de voie vers l'amélioration des droits humains, actuellement au coeur d'appels au boycott de la Coupe du monde. Une aventure brutalement interrompue par la détention du quadragénaire, donc, qui ne quittera définitivement Doha que le 1er novembre 2020, une fois l'accord scellé.
Le 18 août, Tayeb B. et son épouse Djamila (1) ont déposé deux plaintes contre X avec constitution de partie civile auprès du tribunal judiciaire de Paris, pour «extorsion commise en bande organisée, subornation de témoin», ainsi que «torture, arrestation et séquestration, et menaces de mort avec obligation de remplir une condition». Pour comprendre la genèse de cet improbable thriller à tiroirs, il faut revenir aux origines de l'ascension de Tayeb B. Né à Gennevilliers en 1981, il incarne en effet le profil type dont le Qatar est friand. Entrepreneur frénétique au vaste réseau, il dit avoir créé une quinzaine d'entreprises en France, principalement dans le secteur de la logistique. Dès 2006, il réalise des investissements dans le Golfe et en Afrique. Mais son entregent, son sens du relationnel et ses appuis diplomatico-politiques, notamment auprès de membres du parti Les Républicains, vont le mener plus haut. Son entourage fait également état de missions en tant que conseiller et médiateur auprès de plusieurs Etats africains, comme le Niger et la Libye.
En parallèle de ses activités commerciales, Tayeb B. s'investit dans le secteur associatif, notamment celui de sa ville d'origine. Ainsi, il a participé au projet «Pacte seconde chance» porté par la préfecture d'Ile-de-France, un dispositif facilitant l'accès à l'emploi des 16-25 ans, que le PSG et BeIn Sports ont accompagné. Enfin, il apparaît dans un troisième univers, celui des idées, avec la création en 2016 d'un think tank qui semble aujourd'hui assoupi, le Club géopolitique. Cet organisme, au site Internet attrayant et propret, multipliait les conférences en 2017, invitant chercheurs et intellectuels à débattre d'enjeux politiques et économiques, essentiellement sur l'Afrique et le Golfe. Certains événements ont ainsi été organisés dans la vénérable Maison de l'Amérique latine, dans le VIIe arrondissement de la capitale. C'est via la présidence de ce club, ainsi que pour ses activités associatives, assure Tayeb B., qu'il va entrer en contact avec Nasser al-Khelaïfi et son entourage. Toujours en 2017, un petit-déjeuner de travail sera notamment organisé avec le patron du club de foot, en présence de l'ancienne ministre déléguée à la Francophonie, et éphémère intermédiaire dans l'intrigue, Yamina Benguigui.
Menaces de mort et simulacres de tabassage Intéressés par le carnet d'adresses et l'influence de Tayeb B., le Qatar va par la suite lui proposer de s'engager dans une campagne de sensibilisation autour de la crise du Golfe qui, en 2017, avait conduit l'Arabie Saoudite et ses alliés - dont les Emirats arabes unis - à instaurer un blocus de l'émirat. L'entrepreneur se rapproche alors peu à peu des diplomates présents à l'ambassade à Paris, et fréquente le saint des saints pour qui veut faire des affaires à Doha : la prestigieuse «corbeille» du Parc des Princes, où le beau linge cultive ses relations pendant les matchs. On lui pro pose ainsi en octobre 2018 de seconder Ali bin Samikh al-Marri au NHRC en qualité de conseil, «pour valoriser sur la scène internationale, et notamment en France et en Europe, les efforts du Qatar concernant les droits de l'homme», dixit ses avocats. Huit mois plus tard, voilà donc les époux et leurs enfants à Doha, où ils bénéficient d'un titre de séjour valable jusqu'en juin 2020. Ils s'y domicilient aussi fiscalement, avec la promesse d'y faire fructifier le business dans la logistique.
Mais en janvier 2020, l'aventure vire au cauchemar. Tayeb B. est interpellé près de son domicile par une quinzaine d'agents se présentant comme des membres des forces de sécurité qataries. Comment une telle bascule a pu intervenir ? Deux versions divergentes émergent à compter de cette date. Dans l'entourage de l'homme d'affaires, on évoque une fuite ayant conduit à sa mise en danger immédiate. Du côté de Nasser al-Khelaïfi, on suggère «l'existence d'un chantage auprès d'officiels qataris, puis, faute de succès, auprès d'officiels émiratis», propriétaires de Manchester City, avec qui Doha entretient des relations diplomatiques très tendues.
Toujours est-il que, selon le récit qui nourrit sa plainte, Tayeb B. n'est informé ni des raisons de son arrestation ni de ses droits. Les agents lui disent simplement, de manière lapidaire, qu'il est appréhendé «sur ordre de l'émir». A son domicile, une perquisition brutale est menée. Elle durera plusieurs heures, avant que Tayeb B. ne soit forcé de signer un document en arabe (qu'il ne lit pas). Une cagoule noire est ensuite placée sur son visage et il est emmené vers un lieu indéterminé. Lorsqu'il est désentravé, Tayeb B. se trouve dans une pièce sans fenêtre en présence de plusieurs agents. Après une fouille corporelle intégrale, on lui remet une simple robe pour se couvrir. On l'enferme dans une pièce de deux mètres carrés, sans sanitaire, avec la lumière allumée en permanence pour le priver de sommeil. Du couloir, il entend des cris, des hurlements de douleur et des appels à l'aide.
L'acte I d'une folle négociation de plusieurs mois Un cycle d'interrogatoires va alors débuter. Les yeux bandés et les mains entravées, il est conduit à de multiples reprises dans une autre pièce close, mais comportant une vitre opaque. Les premières fois, on lui demande de rester debout immobile durant des heures, sans qu'aucune question ne lui soit posée. Elles n'arriveront que progressivement, au fil des jours. Si ses réponses sont jugées satisfaisantes, Tayeb B. aura le droit de s'asseoir. Sinon, il doit rester en station debout. Il essuie aussi des menaces de mort et des simulacres de tabassage. A mesure qu'il répondait «de manière satisfaisante» aux questions, Tayeb B. gagnait du temps de sommeil : quatre heures, puis six heures. Ce n'est qu'au bout d'une semaine, le 20 janvier, qu'un premier contact est permis avec son épouse. Ils sont placés ensemble dans une pièce. Au préalable, Tayeb B. avait été sommé de la prévenir qu'elle devait «coopérer pleinement à l'enquête car sa vie était en jeu». Sous bonne garde, l'entrepreneur demande à sa femme d'engager l'acte I d'une folle négociation de plusieurs mois, qui va consister à ramener au Qatar l'ensemble des supports numériques contenant les documents sensibles. Première mission pour Djamila : filer dans la maison familiale, en Algérie, et ramener «une valise rouge» dans laquelle des éléments avaient été stockés. Par ailleurs, il lui était formellement interdit d'informer les autorités françaises ou de solliciter l'assistance d'un avocat. A leur retour dans l'émirat, les supports numériques seront exploités et disséqués par les services de sécurité, ouvrant la voie à de nouvelles questions et à la poursuite du processus.
«Pour sauver son mari», Djamila se lance dans un voyage Qatar-Algérie-Qatar. Le 1er février, Tayeb B. est tiré du secret et transféré vers la prison de Salwa Road où il est placé à l'isolement total. Les interrogatoires s'y poursuivent tout aussi régulièrement. Lorsque les dires de Tayeb B. ne plaisent pas à ses geôliers, il est cette fois obligé de demeurer assis sur une chaise, sans bouger, durant une dizaine d'heures. Le 10 février, il est présenté pour la première fois à un magistrat, en l'espèce, selon son récit, le procureur général du Qatar. Le droit d'être assisté d'un avocat ou de bénéficier des services d'un interprète lui est refusé. Surtout, il lui est indiqué qu'il est soupçonné d'être un espion au profit d'une puissance étrangère. Sa détention fait désormais l'objet de renouvellements de quatre jours, puis de trente jours.
Le 9 mars, Tayeb B. se retrouve à nouveau en présence de son épouse. A cette occasion, il dit avoir réussi à lui demander discrètement de rentrer en France et d'alerter les autorités et de mobiliser son réseau de contacts politiques. Son départ vers l'Hexagone n'aurait été validé par les autorités qataries que pour continuer à faire le ménage, cette fois à Paris, en ramenant un autre support numérique qui s'y trouvait toujours. Un mois plus tard, le 13 avril, Tayeb B. est interrogé par un homme qui se présente comme directeur adjoint des services de renseignement. Une transaction lui aurait alors été proposée pour la première fois, au terme de laquelle il remettrait les documents en sa possession par l'intermédiaire de son épouse et en échange de sa libération. Pour la première fois également, l'hypothèse de figer un protocole d'accord lui serait suggérée.
Sur instruction de son mari, Djamila a contacté rapidement Yamina Benguigui, laquelle l'a ensuite orientée vers Rachida Dati. Cette dernière aurait été sollicitée en sa qualité d'ex-garde des Sceaux ayant des contacts privilégiés avec le Qatar. Contactée par Libération, Dati décrit une intervention mineure dans l'affaire, expliquant simplement avoir conseillé indirectement à la famille de saisir le cabinet d'Olivier Pardo, ponte du barreau de Paris, et connu des médias ces dernières années comme conseil d'Eric Zemmour. Le 18 mars, une convention d'honoraires, que Libération a pu consulter, est officiellement signée entre Djamila, Olivier Pardo et un autre avocat de premier plan. La suite est encore plus saisissante. Formellement désignés, les nouveaux conseils de Djamila vont engager des tractations avec ceux de Nasser al-Khelaïfi, le ténor du barreau Francis Szpiner et son associé Renaud Semerdjian, membre élu du Conseil de l'ordre du barreau de Paris. Alors même que Tayeb B. est détenu et violenté au Qatar, aucun de ces avocats ne jugera bon de s'inquiéter de ses conditions de détention, ni d'alerter officiellement les autorités françaises. Dans le plus grand secret, un deal va donc se mettre en place entre les deux capitales, Paris et Doha.
En France, les conseils affinent le modus operandi afin de trouver enfin une voie de sortie à l'imbroglio. Au Qatar, l'un des interlocuteurs officieux s'appelle Boudjellal B., numéro 2 du d'Ali bin Samikh al-Marri. Le 9 juin 2020, Djamila envoie le mail suivant à Olivier Pardo : «Je soussigné autorise maître Olivier Pardo à remettre des documents à maître Francis Szpiner.» Une courte semaine plus tard, le 15 juin, une remise de deux clés USB et d'un disque dur a lieu en mains propres dans les locaux du cabinet STAS et associés, celui de Francis Szpiner et de Renaud Semerdjian. Une attestation formalisant cet échange est signée par Francis Szpiner et Olivier Pardo.
«Un maître chanteur qui s'est brûlé» Le 1er juillet, Tayeb B. sort de prison après plusieurs mois extrêmement éprouvants. Ce même 1er juillet ne semble pas être le fruit du hasard, puisque Djamila remet également ce jour-là une toute dernière clé USB à la partie adverse. Une action consignée dans deux textos que lui adresse Olivier Pardo à 19 h 24 puis 19 h 33 : «Ils veulent la clé ce soir peux-tu la déposer je suis coincé à l'audience impossible de téléphone [sic].» Mais Tayeb B. n'est pas encore sorti du purgatoire. Il est assigné à résidence à l'hôtel, doit rester à la disposition des services qataris en cas de convocations intempestives. Dix jours plus tard, le sulfureux protocole transactionnel sera signé à Paris. Un collaborateur d'Olivier Pardo le fait parvenir à Doha pour que Tayeb B. y appose numériquement sa signature, ouvrant la voie à son retour en France.
Joint mercredi par Libération, Olivier Pardo a confirmé sa participation à l'affaire : «J'ai bien été saisi par Tayeb B. qui était en détention au Qatar, et j'ai tout mis en oeuvre pour obtenir sa libération. Ce que je peux dire, c'est que j'ai réellement eu peur pour sa vie, d'autant que c'était la période du Covid. Il était sous le régime de la détention administrative, ce qui peut durer jusqu'à six mois là-bas. Ça a été un très dur combat d'obtenir sa libération et je suis très heureux qu'on ait pu l'obtenir car ce qui lui est arrivé est terrible.» Quant au terme du protocole d'accord, à la clause de 5 millions d'euros en cas de publicité de l'affaire, Olivier Pardo a refusé de s'exprimer, «tenu par le secret professionnel». Sous couvert d'anonymat, un acteur du dossier résume ainsi la vocation numéro 1 du contrat : l'extinction totale de toutes volontés de poursuites de part et d'autre. Sollicités depuis plusieurs jours, ni Renaud Semerdjian ni Francis Szpiner, les avocats de Nasser al-Khelaïfi, n'ont souhaité faire de commentaire. Malgré ce dénouement, Tayeb B. doit encore patienter quelques mois avant de rejoindre la France. Alors qu'il pensait pouvoir décoller en septembre, il voit son interdiction de voyager maintenue. Ses avocats estiment que ce laps de temps a permis au Qatar d'expertiser l'ensemble des supports numériques, mais surtout à Nasser al-Khelaïfi de purger le procès du «Fifagate», dont la première instance avait lieu devant un tribunal pénal suisse à l'automne 2020. Sur ce point, le timing de la libération de Tayeb B. est a minima troublant : NAK est acquitté le 30 octobre. Le 31, l'interdiction de sortie du territoire de l'entrepreneur est levée et, le 1er novembre, il vole vers Paris. Aux yeux de l'entourage du patron du PSG, ces atermoiements n'auraient rien à voir avec le Fifagate, au contraire. Ainsi, un proche d'Al-Khelaïfi affirme : «Tayeb B. aurait systématiquement cherché à lier ses déboires qataris avec Nasser, alors qu'il existe d'autres contentieux entre lui et l'émirat, parfaitement étranger à NAK. C'est un maître chanteur qui voulait des millions d'euros et qui s'est brûlé. Point.» De retour à Paris, l'entrepreneur va néanmoins contre-attaquer. Atteint, affaibli, prenant réellement conscience de la détresse psychologique de sa famille selon ses avocats, le quadragénaire entame un certain nombre de démarches «réparatrices». En désaccord avec la méthode de conduite des négociations d'Olivier Pardo, il se sépare d'abord de son conseil, et conteste les dizaines de milliers d'euros d'honoraires versés devant le Conseil de l'ordre des avocats de Paris. Auprès de Libération, Olivier Pardo confirme l'existence de ce litige. Il y a quelques mois, Tayeb B. a également saisi la justice civile d'une annulation du protocole d'accord, que sa défense estime caduque car il ne peut servir, selon elle, à couvrir des faits criminels. Enfin plusieurs saisines ont été effectuées auprès du rapporteur spécial de l'ONU contre la torture et du groupe de travail sur la détention arbitraire. Contactés par Libération durant sa garde à vue, les avocats de Tayeb B. n'ont, pour l'heure, pas souhaité réagir.•Comment ces documents ont-ils été formellement obtenus ? A ce stade, il est très difficile de l'établir, tant les versions contradictoires se multiplient entre les membres de l'entourage de «NAK». Première mission pour l'épouse de Tayeb B. : filer dans la maison familiale, en Algérie, et ramener «une valise rouge» dans laquelle des éléments avaient été stockés. Par ailleurs, il lui était formellement interdit d'informer les autorités françaises ou de solliciter l'assistance d'un avocat.
Libération