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Mukiele : « Je sais que je suis prêt »
Le nouveau défenseur du PSG revient sur les raisons qui l’ont amené à signer avec le club de la capitale et affiche ses ambitions. HUGO DELOM
En ce jeudi, le Parc des Princes est visité par des centaines de touristes. Ils sont peu à reconnaître Nordi Mukiele. À 24 ans, le défenseur, parti au RB Leipzig en 2018, n’a pas la notoriété des stars parisiennes. Mais l’international français (1 sélection) sait que son arrivée au PSG, avec lequel il s’est engagé pour les cinq prochaines saisons, va changer son statut. Après Laval, Montpellier et son passage en Bundesliga, le gamin de Montreuil est convaincu d’avoir fait le bon choix. Avec recul et humour, il a raconté comment il a vécu ces semaines qui ont changé sa vie.
« Quand on sort de quatre saisons à une trentaine de matches, qu’on a un statut au RB Leipzig, se dit-on qu’on prend un risque en venant au PSG ? Lorsqu’on rejoint un grand club, forcément il y a une part de risque. Après, je pense que je suis préparé. Vous m’auriez posé la question il y a deux ans, je vous aurais dit que je n’étais pas prêt. Aujourd’hui, je sais que je le suis. À Leipzig, j’ai connu l’Europe, des matches références contre Paris, Manchester City ou United. Si un joueur a envie d’évoluer, il doit passer par les grands clubs et aujourd’hui, j’y suis. Et je me sens prêt. Alors oui, c’est un risque, mais un très bon risque (sourire).
Quand un Français évolue à l’étranger, il y a une forme de confort. S’il rate un match, a fortiori au RB Leipzig, ça se voit moins. Au PSG, on va épier vos prestations. N’avez-vous pas l’impression de vous jeter “dans la gueule du loup” ? On peut dire ça, oui (rires). Mais les critiques font partie du jeu. Ici, bien sûr, je serai plus exposé. Ces critiques-là, je vais les prendre et faire en sorte qu’il y en ait moins. Sincèrement, je n’ai pas peur. Je me suis préparé à cela.
Comment ? En restant juste moi-même. En Allemagne, il y avait déjà des critiques. Bon, je ne comprenais pas tout de A à Z (sourire). Là, je vais tout comprendre. Mais je fais un métier que j’aime énormément. Même quand ma nièce, toute petite, joue au ballon, je la suis. Parce que j’aime le foot. Il faut que ce plaisir reste. Même s’il y a ces critiques.
“À aucun moment, je n’ai hésité
sur le choix de rejoindre le PSG, alors que Chelsea s’est manifesté
Vous avez structuré votre carrière par étapes : Laval, Montpellier, le RB Leipzig, le PSG. En quoi celle-ci a du sens ? Elle a du sens parce que Paris, depuis des années, vise de très grandes choses. Et c’est ce que je cherche. Je suis quelqu’un qui aime gagner. Venir au PSG est quelque chose qui me challenge et qui correspondait à ce que j’avais au fond de moi.
Au dernier moment, Chelsea a fait part de son intérêt. Avez-vous hésité ? Franchement, non. À partir du moment où j’avais donné ma parole à Luis Campos (conseiller football du PSG)… À aucun moment, je n’ai hésité.
Votre ex-coéquipier à Leipzig, Christopher Nkunku, a été formé à Paris. Avez-vous échangé avec lui avant de faire votre choix ? Forcément. Après, on n’est pas entrés dans les détails mais il m’a dit que j’allais entrer dans un vestiaire de gagnants et que je devais dès le premier jour avoir cette mentalité-là.
Le PSG a une double image : celle d’un club hyper puissant où évoluent Mbappé, Neymar et Messi, et celle d’un club friable en Ligue des champions. Quand Luis Campos vous appelle, quelle image en avez-vous ? L’image des joueurs. Luis Campos a appuyé sur l’idée que j’étais dans une équipe où le collectif était la chose la plus importante. Il m’a parlé d’état d’esprit, de mentalité, de ces nouvelles choses qu’il souhaite mettre en place. Il connaît ma mentalité : je suis un guerrier, quand je suis sur le terrain, je me bats pour tout le monde. C’est ce que je vais faire ici.
Mais quel regard portez-vous sur cette série d’éliminations rocambolesques en Ligue des champions ? Avez-vous le sentiment d’une équipe fragile ? Non, c’est une équipe forte. Regardez les noms dans l’équipe. Après, on ne peut pas toujours lier cela à la mentalité, aux émotions. Il y a de ça, mais il y a autre chose. Je pense simplement que ça demande du temps, une construction. Le PSG a déjà fait une finale, une demi-finale, ça s’est joué à rien. Quand tu arrives à ce niveau, c’est que tu as une base. Et je suis persuadé que ça arrivera un jour (la victoire en C1).
La discipline a été érigée comme priorité par le nouvel organigramme. Vous venez d’Allemagne, êtes-vous surpris que cela soit encore un débat ici ? Déjà, au début, ça a été compliqué là-bas pour moi. Et je suis content de l’avoir connu. J’étais un peu éparpillé (sourires). Je ne peux pas vous dire que ça me surprend parce qu’on est humain, on peut faire des erreurs. Il y a un élément dont je suis sûr, c’est que cette rigueur, c’est important. J’ai appris à instaurer une routine dont mon corps a besoin. Le bain froid, j’en ai besoin chaque jour, la préactivation, les séances de sauna, d’étirements aussi. Mon corps demande ça. C’est ce qu’on m’a appris là-bas. Cette discipline, cette rigueur, j’en ai besoin aujourd’hui.
Arrivez-vous dans la peau d’un remplaçant ? Non. À Leipzig, j’étais en concurrence avec des internationaux. Je viens pour jouer là où le coach a besoin, pour aider l’équipe. Et donner la meilleure version de moi-même.
“Si on m’avait dit, à Laval, que je jouerais un jour avec Ramos, je ne l’aurais pas nécessairement cru
Mais quand on voit les noms – Hakimi, Ramos, Marquinhos –, ne vous dites-vous pas que cela va être injouable ? Non, il ne faut pas se dire ça. Il faut se dire que dans chaque grand club européen, il faut avoir des joueurs de haut niveau pour remporter les plus grands trophées. C’est normal. J’arrive ici pour jouer, pour apprendre, pour continuer à grandir. Après, oui, si on m’avait dit, à Laval, que je jouerais un jour avec Ramos, je ne l’aurais pas nécessairement cru (sourires).
À quel poste pensez-vous avoir le plus de chances de vous imposer ? Là où le coach me mettra. Piston, axial, je suis à l’aise aux deux. M’imposer ici ou là, ce n’est pas la question. La question est de savoir si je vais être performant et savoir si je vais aider l’équipe.
En quoi êtes-vous un joueur différent par rapport à votre passage à Montpellier ? J’ai beaucoup plus de connaissances tactiques. Julian Nagelsmann (son ex-coach au RB Leipzig, désormais au Bayern Munich) m’a fait évoluer énormément. Je pouvais commencer un match piston droit et faire des séquences au milieu, ou défenseur central. Je me rappelle même d’un match où la ligne défensive était uniquement composée de deux centraux. C’est un peu fou (rires). Il a beaucoup d’idées. Quand on est à l’intérieur, on apprend. Je suis très content d’avoir ça en moi. C’est un génie de la tactique. Peut-être beaucoup trop (rires).
Vous êtes donc prêt pour le 3-4-1-2 de Christophe Galtier ? Je suis prêt à tout (rires).
Quand on échange avec vos formateurs, une carence revient : celle de la concentration… (Il coupe.) C’était un problème, oui. J’ai beaucoup travaillé cela à Leipzig. J’étais un joueur qui, souvent, quand il faisait une erreur, perdait sa concentration. Donc j’ai fait de la vidéo, j’ai beaucoup parlé avec un spécialiste à Leipzig des animations défensives. Aujourd’hui, je suis un joueur différent.
Êtes-vous à l’abri de ce type d’erreurs ? Je ne vais pas vous dire que je suis à l’abri. Personne ne l’est, mais ce que je peux vous dire, c’est que j’ai appris de ces erreurs. Je sais précisément ce que je dois encore travailler aussi : les trente derniers mètres. Je dois être encore plus décisif.
Avant de signer, quel était votre lien avec le PSG ? Quand j’étais petit, j’allais souvent au Parc, j’ai été ramasseur de balles. Être ici en tant que Parisien, c’est une énorme fierté pour moi, mes proches. Se dire que je vais enfiler ce maillot, c’est une motivation supplémentaire.
Une responsabilité aussi ? Non, je ne dirais pas une responsabilité, juste un plaisir. Je veux donner le côté parisien que j’ai en moi.
C’est-à-dire ? Je suis un gamin de Montreuil, de l’Île-de-France. On sait que ce n’est pas toujours facile de sortir, de réussir là-bas. J’espère être un exemple pour les prochains. Montrer qu’on peut réussir même en venant de là-bas.
En signant au PSG, avez-vous le sentiment de vous rapprocher des Bleus ? Ce n’est pas en signant dans un club qu’on se rapproche. Ce sera à moi d’être performant pour essayer de me rapprocher. On ne va pas se cacher, j’aimerais y retourner. Et faire la Coupe du monde. Mais la première chose, c’est d’être performant.
Qu’est-ce qui vous sépare d’un Benjamin Pavard ou d’un Jules Koundé ? Si je n’y suis pas, c’est qu’il me manque des choses. Ce sera à moi d’aller les chercher. »
L'Equipe