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Séquestration de Tayeb Benabderrahmane au Qatar : Rachida Dati perquisitionnée
Les cabinets de Rachida Dati, avocate et maire LR du 7e arrondissement, d'Olivier Pardo et de Francis Szpiner, ont fait l'objet d'une perquisition ce mardi dans l'enquête après une plainte déposée par un lobbyiste proche du PSG, Tayeb Benabderrahmane. Celui-ci affirme avoir été séquestré et torturé au Qatar.
Rebondissement spectaculaire dans le dossier des barbouzeries du Paris-SG. Les cabinets de Rachida Dati, avocate et maire LR du 7e arrondissement, de Me Olivier Pardo et de Francis Szpiner, avocat de Nasser al-Khelaïfi, le patron du PSG, ont été perquisitionnés ce mardi, selon l'AFP.
Ces investigations font suite à une plainte déposée par un lobbyiste proche du PSG, Tayeb Benabderrahmane, lequel affirme avoir été séquestré et torturé au Qatar pendant plusieurs mois en 2020. Contacté, le parquet de Paris n'a pas souhaité commenter ces informations.
Au coeur de plusieurs procédures judiciaires
Selon son récit livré aux médias et à la justice, Tayeb Benabderrahmane n'aurait à l'époque recouvré sa liberté qu'en échange de documents compromettants en sa possession sur le club de football de la capitale et ses dirigeants.
Cette mystérieuse négociation avait été menée depuis Paris, entre Olivier Pardo, conseil de Monsieur Benabderrahmane, d'une part, et Francis Szpiner et Renaud Semerdjian, avocats de Nasser al-Khelaïfi, d'autre part. Rachida Dati, qui connaissait Tayeb Benabderrahmane, avait joué les intermédiaires.
Après son retour en France, le lobbyiste s'est retourné contre ses conseils et ceux de la partie adverse, estimant qu'ils avaient mené des discussions contre ses intérêts, alors que sa vie était en jeu et qu'il n'avait pas la possibilité de refuser ce qu'on lui proposait.
Lancée avant le Mondial 2022 au Qatar, sa plainte avec constitution de partie civile est restée sans réponse de longs mois, avant que le parquet de Paris, en janvier 2023, ne décide de prendre un réquisitoire introductif pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie commis en bande organisée, extorsion en bande organisée, menace ou acte d'intimidation pour déterminer une victime à ne pas porter plainte ou à se rétracter. Une information judiciaire avait été ouverte dans la foulée et des juges d'instruction désignés.
Le conseil de l'ordre des avocats de Paris avait lui aussi été saisi. Une enquête déontologique avait été ouverte sur le comportement des robes noires mais n'avait finalement débouché sur aucune poursuite disciplinaire, comme l'avait révélé L'Équipe.
Le 30 mars dernier, Tayeb Benabderrahmane a été entendu une première fois par les juges et a expliqué, pendant sa détention au Qatar, avoir été interrogé, entre autres sujets, sur « la Coupe du monde, Jérôme Valcke, la Fifa, Nasser al-Khelaïfi ».
« Dès mon retour en France, j'ai dénoncé le protocole d'accord en le considérant nul car obtenu sous la contrainte et le chantage », a-t-il dit aux magistrats.
La trace d'une vidéo intime
Depuis, plusieurs versions s'affrontent. Celle de Tayeb Benabderrahmane, selon laquelle il aurait détenu des secrets d'État si importants, que Nasser al-Khelaïfi et le Qatar n'auraient pas hésité à le faire enlever, en dehors de tout cadre légal, pour remettre la main sur des fichiers sensibles. Et celle de Al-Khelaïfi et de son entourage, selon lesquels Tayeb Benabderrahmane n'aurait pas hésité à réclamer des millions de dollars, en se livrant à un odieux chantage autour de la vie privée du président du Paris Saint-Germain.
Les investigations devraient rapidement permettre d'aboutir à de premières vérités. Selon les exploitations de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), figurent en effet sur les supports informatiques découverts chez le lobbyiste des vidéos intimes du patron du PSG, issues d'un dispositif de vidéosurveillance installé dans une chambre. Selon les premiers éléments de l'enquête, Nasser al-Khelaïfi avait connaissance de ce dispositif de sécurité, mais en aurait perdu le contrôle.
Les avocats de Tayeb Benabderrahmane se disent « attentifs » à la suite des événements. Les différents supports (disques durs, téléphones, clé USB trouvés en perquisition), dont certains sont toujours en cours d'exploitation, comprennent également les données issues d'un des téléphones de Nasser al-Khelaïfi.
Selon le témoignage de son ancien majordome, le patron du PSG aurait essayé de se débarrasser de ce téléphone avant des perquisitions qui devaient avoir lieu chez beIN Sports, en 2017. Les policiers tentent depuis de restaurer les différents échanges, mails, WhatsApp et SMS que contenait le fameux mobile. Un contenu que Benabderrahmane promet « explosif ».
Dans un autre volet du dossier, surnommé communément par la presse "l'affaire des barbouzeries du PSG", Tayeb Benabderrahmane a été mis en examen pour aide au séjour irrégulier en bande organisée, faux et usage de faux, corruption et trafic d'influence, ou encore recel d'accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données.
Il est soupçonné de s'être livré, avec un ancien policier devenu référent des supporters du PSG, Malik Naït Liman, a un certain nombre d'actes illégaux. Les investigations sont toujours en cours.
Mercredi en fin d'après-midi, ni Francis Szpiner, ni Olivier Pardo ni Rachida Dati n'ont répondu à nos sollicitations. « Nous sommes particulièrement soulagés que les choses progressent enfin et nous serons très attentifs à ce que ces perquisitions vont permettre de révéler », réagissent pour leur part Mes Romain Ruiz et Gabriel Vejnar, avocats de Tayeb Benabderrahmane.