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Les 7 dossiers capitaux de Nasser Al-Khelaïfi
PSG|Dans les semaines à venir, le président parisien doit prendre de nombreuses décisions qui vont engager l’avenir du club. Si le mercato accapare l’attention des supporteurs, des dossiers stratégiques attendent également validation.
Laurent Perrin
Toujours entre deux avions, Nasser Al-Khelaïfi va se poser à Paris pendant deux semaines. Comme il en a l’habitude, le président du PSG et de la Fédération qatarienne de tennis ne ratera rien de la quinzaine de Roland-Garros. Dans sa loge donnant sur le court central, NAK, comme le surnomment tous ses collaborateurs, va multiplier les rendez-vous de travail, mêlant l’utile à l’agréable. Malgré sa passion pour le tennis, le PSG restera au cœur de ses préoccupations.
La saison tourmentée a relégué au second plan la mutation entreprise en interne. Pour décrire le contexte, les dirigeants évoquent « une nouvelle impulsion » ou « la phase 2 du projet ». Il s’agit effectivement d’un tournant qui va engager le club sur les dix prochaines années. De nombreux dossiers sont sur la table depuis plusieurs mois. Il s’agit désormais de les faire aboutir. L’été devrait être rythmé par de très nombreuses annonces. Les plus attendues concernent évidemment le secteur sportif.
1 Choisir le bon entraîneur
Samedi soir, Nasser Al-Khelaïfi sera à Strasbourg. Les moments de joie ont été trop rares cette saison pour faire l’impasse sur cette onzième couronne historique. Ces déplacements sont aussi l’occasion d’échanger avec Luis Campos. Les deux hommes apprennent à se connaître. Leur relation n’est pas chaleureuse, comme pouvait l’être celle entre NAK et Leonardo. Mais ils se respectent.
D’abord méfiant, le président reconnaît aujourd’hui le grand professionnalisme de son conseiller sportif. L’affaire Messi les a obligés à se rapprocher. Ils ont fait front commun pour sanctionner la Pulga après son périple saoudien, donnant enfin l’image d’un club qui se fait respecter et qui impose sa discipline. Campos et Al-Khelaïfi ont fait ensemble la route entre Auxerre et Paris après le match dimanche dernier.
Les dossiers ne manquent pas mais, évidemment, celui concernant le futur coach est prioritaire. C’est aussi le plus délicat. Après les échecs Pochettino et Galtier, une nouvelle erreur de casting ternirait la crédibilité des deux décideurs. Officiellement, le choix final sera le fruit d’une réflexion commune. Dans les faits, comme toujours, il devra être validé par Doha.
2 Superviser le mercato
Luis Campos reste le grand ordonnateur du secteur sportif et, cette fois, il aura les mains totalement libres pour prouver qu’il est l’homme de la situation. Habile, il ne prendra aucune décision cruciale sans en référer à son président. Le Portugais connaît le cadre et y adhère pleinement, puisque c’est lui qui l’a tracé l’an dernier après la prolongation de Kylian Mbappé. Ce dernier reste plus que jamais au cœur du projet.
Campos, toujours très proche du Crack de Bondy, va reconstruire l’équipe autour de lui et lui donner envie de prolonger son contrat jusqu’en 2025. C’est le scénario envisagé par Nasser qui n’a aucun doute sur la loyauté de la star. Si le club tient ses promesses, Mbappé fera de même et ne partira pas libre en 2024.
Les départs de Messi et, peut-être, de Neymar vont dégonfler la masse salariale et offrir une grande liberté d’action. L’arrivée de Milan Skriniar est acquise, celle de Bernardo Silva en bonne voie, Harry Kane reste dans le viseur. Autour des valeurs sûres, l’effectif devrait être profondément renouvelé, rajeuni et francisé. L’idée est de changer l’état d’esprit et de faire souffler un vent de fraîcheur. Car c’est l’une des marques de fabrique de Nasser : après chaque échec, il a toujours réussi à redonner espoir aux fans.
3 Trouver un nouveau DG
Depuis le départ de Jean-Claude Blanc au mois de janvier, le secrétaire général, Victoriano Melero, et le directeur des recettes, Marc Armstrong, se partagent les commandes. Une organisation transitoire, le temps de trouver un nouveau DG. Nasser a reçu d’innombrables candidatures. « Le monde entier veut ce job », s’amuse-t-on au siège du club.
Pour ce poste stratégique, les compétences ne suffisent pas, NAK souhaite trouver une personne de confiance. Et ce n’est pas facile. Là aussi, il n’a pas le droit à l’erreur. Les problèmes de gouvernance sont récurrents à Paris. Ils ont pour origine le mode de contrôle de Doha et les absences du « boss », toujours aux quatre coins du monde à cause de ses innombrables casquettes. Le choix est complexe, et personne ne s’impose pour le moment. Nasser prend tout son temps. La nomination est espérée avant la fin de l’année.
4 Valider l’ouverture du capital
Comme tout le monde, NAK ressort frustré et déçu par cette saison. Mais de son fauteuil de président de l’ECA, l’association des clubs européens, il observe la situation des autres cadors du continent et relativise l’échec en Ligue des champions. La Juventus, le Bayern ou le Real n’ont pas brillé — eux aussi affaiblis par le Mondial — alors que Chelsea et le Barça, notamment, sont dans des situations stratégiques et financières intrigantes. À court terme, Paris n’a aucune raison de s’affoler : après trois années plombées par le Covid, ses comptes sont de nouveau équilibrés. Ce qui n’est pas un mince exploit.
Mais Nasser grimace : le fossé économique qui se creuse entre les clubs anglais et ceux du continent est extrêmement préoccupant. Lors de la saison 2021-2022, Norwich, dernier de Premier League, a touché 115 millions d’euros (M€) de droits télé. Le PSG a perçu deux fois moins de la Ligue 1 : 49,6 M€… Impossible de lutter à armes égales. Pour réduire l’écart, le PSG possède plusieurs leviers. Dans un premier temps, pour augmenter sa surface financière et diversifier ses ressources, il a décidé d’ouvrir son capital. La société américaine Arctos Sports Partners va acquérir entre 5 et 15 % des parts du club. Les négociations arrivent en phase finale, et le deal devrait être conclu cet été. Il permettra de valoriser le club entre 3 et 4 milliards d’euros. QSI l’a acheté 70 M€ en 2011.
5 Inaugurer le nouveau centre d’entraînement
Parmi tous les dossiers sur le feu, c’est sans aucun doute celui auquel NAK tient le plus. Son bébé, sa fierté, l’aboutissement d’années de travail et de réflexion, pour un résultat hors du commun. Avec ses 74 ha, ses 17 terrains et des bâtiments ultramodernes, le nouveau centre d’entraînement à Poissy sera l’un des plus impressionnants du monde. À terme, toutes les entités y seront réunies, permettant de renforcer l’identité du club. Un message fort, notamment à l’attention des féminines qui s’entraînent depuis plusieurs années sur des infrastructures indignes de leurs ambitions. Si Mbappé et ses camarades de jeu investissent le site en juillet, l’inauguration aura lieu à l’automne, en grande pompe. À Poissy, le PSG va entrer dans une nouvelle ère et les 300 M€ investis prouvent, à ceux qui en doutaient, que le Qatar est là pour longtemps.
6 Débloquer le dossier stade
L’augmentation de la capacité du stade est un enjeu crucial pour les finances du club. Face à la situation de blocage concernant l’agrandissement du Parc des Princes, les dirigeants du PSG ont officiellement déclaré leur intérêt pour le rachat du Stade de France, le 27 avril.
La perspective d’un déménagement en Seine-Saint-Denis est encore lointaine et la priorité est de rester à Paris. Tout le monde le veut. Mais entre Nasser Al-Khelaïfi, qui veut acheter le Parc, et Anne Hidalgo, qui refuse de le vendre, c’est un dialogue de sourds. Dans cette affaire où se mêlent politique et finances, personne ne veut perdre la face. L’édile est convaincue que le PSG ne peut pas se permettre de quitter Paris. Le Qatar est certain qu’elle finira par vendre, vu l’état des finances de la Ville.
Les deux camps ne se parlent plus, et Nasser n’a aucune intention de reprendre les discussions. Il va pourtant falloir bouger. Le temps ne joue pas en faveur du PSG.
7 Conclure le rachat de Malaga
Pour accroître son influence dans le football, Qatar Sports Investment (QSI), dont Nasser est le président, s’apprête à investir dans plusieurs clubs. NAK est régulièrement sollicité par des dirigeants en difficulté. En octobre dernier, QSI a acquis 21 % du FC Braga, 3 e du Championnat portugais. Le fonds d’investissement qatarien devrait rapidement devenir actionnaire majoritaire de Malaga, monument en péril du Championnat espagnol détenu par un cousin de… l’émir du Qatar. D’autres négociations sont en cours, notamment avec la Sampdoria. QSI prospecte également en Amérique du Sud. Cette semaine, les médias brésiliens ont révélé un intérêt pour Santos, le club de Pelé et Neymar. Nasser réfléchit, il n’y a encore rien de concret.
Cet élan expansionniste ne masque pas un désengagement à venir du PSG. Juste une volonté de diversifier ses actifs et de préparer l’avenir. Dans le sport comme dans le business, tout est une question d’opportunités. NAK l’a compris depuis longtemps.
Nasser Al-Khelaïfi doit faire aboutir plusieurs dossiers d’ici l’été afin de faire entrer le PSG dans une nouvelle phase LP/Arnaud Journois
Le Parisien