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Enfin plus fort que le fair-play financier ?
PSG|MERCATO Malgré de lourdes pertes financières depuis trois ans, le club de la capitale devrait, selon nos informations, se conformer au cadre fixé par l’UEFA jusqu’en 2026. Une bonne nouvelle en vue de la prochaine période des transferts.
La nouvelle peut paraître étonnante si on se réfère aux 717 millions d’euros (M€) de pertes sur les trois dernières saisons. Et pourtant… Selon nos informations, le PSG devrait vite revenir dans les clous du fair-play financier et jouir d’une réelle liberté d’investir lors du mercato estival. Après avoir traversé, d’un point de vue comptable, une annus horribilis en 2021-2022 avec 369 M € de pertes (en grande partie dus la pandémie), le PSG s’est réinscrit dans un cercle vertueux malgré le poids de sa masse salariale.
C’est en tout cas ce qu’il a présenté aux experts de l’UEFA en août dernier pour négocier un aménagement des critères, comme l’ont fait sept autres clubs. Paris s’en est sorti avec une sanction de 10 M €… et un accord lui permettant de respecter les normes d’ici à 2025. Selon les nouvelles règles du FSR (Football Social Responsibility, le nouveau nom du fair-play financier), les clubs européens ne doivent pas dépasser 60 M€ de pertes sur trois ans. Le PSG a négocié un plan particulier : 60 millions de pertes sur le premier exercice (2022-2023) puis un équilibre parfait lors des deux saisons suivantes. Pour un club dont la masse salariale en 2021-2022 (730 M €) dépassait largement les gains (660 millions), cela peut paraître présomptueux, à la limite du tour de passe-passe. Pourtant, la projection est tout à fait réaliste car les courbes vont se croiser de façon significative dans les mois et les années qui viennent.
D’abord, parce que les revenus du club sont en forte croissance. Selon les projections présentées par les financiers du club à l’UEFA, ils devraient encore augmenter de plus de 20 % cette saison, pour atteindre le montant record de 800 M€.
La masse salariale va s’alléger
L’augmentation la plus significative concerne la billetterie et les hospitalités. Selon une étude de Deloitte dévoilée en janvier, le PSG est aujourd’hui numéro un en Europe dans ce secteur, avec 132 millions de recettes en 2021-2022, devançant des concurrents qui possèdent des stades beaucoup plus grands comme Manchester United, Barcelone… Une preuve du potentiel du Parc des Princes, que les dirigeants tiennent tant à acquérir.
Mais si Paris va atteindre 800 M€ de revenus, c’est aussi grâce à la manne financière de CVC. Le fonds d’investissement luxembourgeois a acquis l’an dernier 13,04 % des parts de la filiale commerciale de la Ligue contre un chèque de 1,5 milliard d’euros. Une somme colossale redistribuée aux clubs, mais pas de façon uniforme. Produit phare de la Ligue 1 grâce à ses stars, le PSG a logiquement défendu ses intérêts. Il est le club le mieux doté avec 200 M € sur trois ans, alors que Lyon et l’OM ne toucheront « que » 90 millions.
Cela peut paraître disproportionné, mais comme le rappelait Vincent Labrune, président de la LFP au moment d’exposer l’accord, « Paris était en droit de revendiquer, selon toutes les études, entre 300 et 350 M € car il participe à 34 % des revenus de la Ligue 1. » Pour Paris, cette manne est une bouffée d’air frais qui va permettre de présenter des comptes maîtrisés et d’avoir une réelle marge de manœuvre lors du prochain mercato. Car dans le même temps, même si Messi et Neymar restent, ce qui n’est pas le projet de l’été, la masse salariale va sensiblement s’alléger par un simple jeu d’écriture.
La prime à la signature accordée à Kylian Mbappé lors de sa prolongation, d’un montant de 180 M € comme révélé par notre journal le 23 octobre 2022, lui sera versée en trois fois. Mais l’intégralité de la somme a été comptabilisée en 2022 et n’apparaîtra pas sur le bilan 2023. Voilà qui permettra au PSG de passer un deuxième obstacle imposé par l’UEFA dans la nouvelle réglementation du FSR.
Marge de manœuvre
Désormais, en effet, l’instance européenne impose que la masse salariale soit inférieure aux revenus sur une année civile. Elle ne doit pas dépasser 90 % des revenus en 2023, 80 % en 2024 et 70 % en 2025. Un challenge que le PSG devrait respecter s’il ne dérape plus sur certains salaires. En restant dans les clous, Paris évitera de nouvelles sanctions financières ou sportives, comme la limitation du nombre de joueurs engagés en Ligue des champions. Cela lui permettra surtout d’investir lors du prochain mercato sans contrainte. Évidemment, sans contrainte ne signifie pas sans limite. Il ne s’agit pas de se remettre dans le rouge dans six mois. Mais les décideurs espèrent avoir une réelle marge de manœuvre pour remodeler l’effectif autour de Mbappé.
À ce propos, l’ouverture du capital engendrera un afflux de cash que le club pourrait en partie réinvestir dans l’achat de joueurs. Mais c’est surtout avec la vente de plusieurs joueurs, dont ceux actuellement prêtés (Icardi, Paredes, Wijnaldum, Draxler) que Paris peut retrouver l’oxygène nécessaire pour redevenir un acteur incontournable du marché des transferts.
Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, va aborder le prochain mercato avec ambition... et une réelle liberté d’investir. icon sport/Anthony Dibon
Le Parisien