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SPIRALE; Tudor, ça grimace... Le technicien croate doit vite trouver une solution pour relancer l'OM englué dans une série négative. Ses choix et son management sont contestés
Même ceux qui l'aiment bien commencent à s'interroger. Après l'avoir encensé pour le football pratiqué synonyme de premiers résultats positifs tombés dans l'escarcelle olympienne, ils n'arrivent désormais plus à suivre Igor Tudor. Ni à comprendre ses choix, voire son entêtement et son peu d'appétence à s'expliquer. Après avoir réussi à chasser le scepticisme initial grâce à un excellent départ, parmi les meilleurs de l'histoire de ce club séculaire, le technicien croate voit les nuages assombrir son horizon, à mesure que son OM accumule les déconvenues : quatre sur les cinq derniers matches, toutes compétitions confondues.
L'étroitesse de ces défaites, toutes conclues par un seul but d'écart, pourrait laisser croire que ses hommes échouent à chaque fois d'un rien. Il y a de cela, effectivement, tant les occasions s'avèrent nombreuses. Mais cette série négative n'a rien d'anodin, forcément. En championnat, les Olympiens ont reculé jusqu'à la 5e place ; en Ligue des champions, ils doivent prendre le meilleur sur Tottenham, mardi, pour espérer prendre le wagon du grand huit européen.
Tout est encore ouvert, évidemment, dans une compétition comme dans l'autre. Problème, les derniers signaux renvoyés n'ont rien de vraiment rassurant, avec une équipe dont le manque d'homogénéité saute aux yeux et des absences qui se font cruellement ressentir, à l'image de celle d'Éric Bailly qui laisse une défense fébrile où Chancel Mbemba ne peut pas tout écoper. Resté à Marseille avec Pape Gueye, l'Ivoirien doit manquer, aussi, le déplacement à Strasbourg, demain, ce qui n'est pas bon signe, même si l'OM a déjà gagné sans lui. Comme souvent après une défaite, le coaching de Tudor interpelle. Encore une fois, sur la pelouse du Deutsche Bank Park, il s'est montré avare en changements (3), laissant s'échauffer dans le vide Dimitri Payet et Gerson, notamment. Le Réunionnais et le Brésilien auraient pourtant pu essayer d'apporter quelque chose, leur finesse technique ou leur capacité à trouver un Alexis Sanchez qui court dans le vide et s'épuise sans réelles munitions.
Tour d'ivoire
L'entrée de Luis Suarez n'a rien apporté. Difficile d'attendre monts et merveilles d'un joueur qui a quatre minutes pour briller et sort de quatre matches pleins passés sur le banc. La sortie de Matteo Guendouzi a interpellé, aussi. Il n'avait pas tout fait à la perfection, certes, mais il garde une emprise forte sur l'équipe. "J'ai voulu apporter encore plus de solutions offensives", s'est défendu Tudor. Louable.
Peut-être aurait-il mieux valu faire reculer d'un cran le milieu formé à Lorient afin qu'il évolue dans sa position préférentielle et prenne le relais d'un Rongier dépassé, voire de Veretout. Sauf que le onze olympien ressemble au musée Grévin, ces derniers temps, comme s'il était figé dans la cire, ce qui ne manque pas de surprendre, y compris en interne, et de créer des incompréhensions, voire des tensions. Dernière en date, la sortie du père et agent de Gerson, Marcao, qui dénonce le mal-être de son fiston et annonce son départ, cet hiver, une sortie qui a contrarié la direction du club. Isaak Touré, Issa Kaboré, Pape Gueye, Bamba Dieng, Cengiz Ünder ou Payet pourraient dresser le même constat.
Neuf joueurs cumulent plus de 1000 minutes de jeu, le signe que le turnover reste une notion très relative, alors que certains tirent la langue, à l'image de Jonathan Clauss, ou sont à côté de leurs pompes, comme Nuno Tavares, alors que leur rôle dans ce système immuable se veut fondamental. "Le plus difficile, c'est de prendre onze décisions, j'adore tous mes joueurs, ils sont tous forts, ont les qualités pour jouer", a plaidé Tudor avant le revers à Francfort. La vérité du terrain dit l'inverse.
Peut-il se remettre en question alors que le rendez-vous face à Strasbourg se profile déjà et qu'il ne s'est guère signalé par une volonté de changement et d'ouverture, jusqu'ici ? Partout où il est passé, le Dalmate a laissé la trace d'un technicien moderne, compétent, doté d'un caractère bien trempé, ce qui peut causer des étincelles (et en a causé), et qui hait la défaite. Mais qui a parfois du mal à entendre les critiques, quand bien même sont-elles fondées, et s'enferme dans une tour d'ivoire.
Trouvera-t-il les mots justes et la bonne formule, collective et individuelle, pour sortir son équipe de cette mauvaise passe ? L'OM a fait le choix de rester à Francfort pour mieux préparer la suite, avec des entraînements prévus au sein du centre de l'équipe d'Allemagne. Le groupe va rester entre lui, les dirigeants ayant tous regagné Marseille hier, afin de laisser le secteur sportif gérer la situation. Le signe, aussi, que l'heure n'est pas (encore ?) à l'inquiétude. Personne ne baisse les bras, convaincu que les efforts du groupe et de Tudor vont finir par porter leurs fruits. "Quand les résultats ne sont pas ceux espérés, il faut simplement travailler", insiste-t-on au centre Robert Louis-Dreyfus. Et gagner, vite.
La Provence