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LIGUE DES CHAMPIONS; Tudor, franc et fort; Jamais un entraîneur n'avait réalisé un aussi bon début de championnat à l'OM. Après une préparation agitée, le Croate, très direct face à ses joueurs, a réussi à imposer ses méthodes et se faire apprécier. Il lui reste maintenant à remporter un premier match en C1. La réception de l'Eintracht Francfort, ce soir au Vélodrome, est l'occasion parfaite
Il ne prend pas de gants. Encore moins ceux de velours. Igor Tudor, c'est une main de fer, un homme à poigne. Un personnage très direct, qui dit les choses telles qu'il les voit et les ressent. Il était donc inévitable que son discours cash, sans filtre, à l'opposé du style paternaliste de Jorge Sampaoli, cause quelques remous au sein du vestiaire de l'OM à son arrivée. En juillet, ça a bardé, les accrochages se sont multipliés, faisant même craindre le pire pour la suite. En août, il n'y avait plus aucun doute. Sans baguette magique mais avec une ligne directrice forte de laquelle il n'a jamais dévié, le Croate a transformé le scepticisme en optimisme. Réfractaire les premières semaines, son nouveau groupe l'a finalement suivi et les (bons) résultats sont venus avec. Même s'il a fallu pour cela que Pablo Longoria rappelle certaines évidences à cinq jours de la reprise de la Ligue 1, alors qu'un vent de fronde générale se levait contre les méthodes musclées du Dalmate.
Ce mardi 2 août, 48 heures après un ultime rendez-vous amical décevant contre l'AC Milan (0-2), le président olympien a pris la parole devant tout le monde, calmement mais sûrement, histoire de conforter l'ex-coach de Vérone et de faire comprendre à ceux qui n'étaient pas contents que la porte était ouverte. Un acte fort. Un déclic.
Cinq semaines après, l'Espagnol est forcément heureux du début de saison réalisé par le technicien que Javier Ribalta, le directeur du football, et lui ont choisi pour succéder à "El Pelado". Il fallait voir l'ancien défenseur international (1m93), un sacré gaillard, soulever son patron, un poids plume, dans le couloir du Vélodrome à l'issue du succès face à Lille samedi (2-1). La sixième victoire en sept journées d'un championnat durant lequel les Marseillais n'ont perdu que deux points, à Brest (1-1), le 14 août. Une jolie communion. Et une confirmation pour le dirigeant ibère, qui apprécie le géant des Balkans. "Ce que j'aime depuis le premier jour, c'est de parler avec une personne qui a les idées très claires,souligne Longoria. Il sait comment un club de football doit fonctionner. Ça me plaît. Ce sont les mêmes valeurs que j'ai apprises à la Juventus : le club est au-dessus de tout, on doit respecter l'institution avec l'exigence, le travail, la concentration et en cherchant à s'améliorer tous les jours. Avec, aussi, le respect des supporters. On doit penser que les gens se battent toute l'année, à bosser comme des fous, pour payer les billets afin de venir nous voir..."
Élie Baup : "On voit que le mec est costaud. Il sait où il va"
Sifflé par les fidèles du Vel' lors la réception de Reims (4-1), Igor Tudor ne leur en a pas tenu rigueur. Au contraire. "On joue pour eux. Ça nous a porté chance. Si je me fais siffler à nouveau et qu'on gagne, très bien", ironisait-il juste après. Dans son esprit, son cas importe peu et passe après celui de son escadron. Il était d'ailleurs davantage contrarié par la bronca réservée à Leonardo Balerdi, sorti dès la 28e minute samedi. "Ce n'est pas beau de siffler ses propres joueurs", soufflait-il à l'inverse, avant de renchérir hier : "Je m'attends à quelque chose de la part du public, qu'il supporte un garçon qui donne tout pour l'équipe, qui est sensible et qui est un grand défenseur."
L'épisode n'a pas de quoi, néanmoins, plomber l'ambiance. Avec les trois points engrangés face au Losc, le Croate est le chef d'orchestre du meilleur départ de l'histoire olympienne en L1, avec 19 unités sur 21 possibles. Il a ainsi devancé Élie Baup (2012-13). L'homme à la casquette est même charmé par les débuts du natif de Split.
"Au départ, c'était tendu, mais on voit que le mec est costaud. Il sait où il va. Il est blindé pour faire face aux différentes interprétations de son travail. Ce qui compte pour lui, c'est le terrain, insiste le Haut-Garonnais. Il a cette culture italienne, il est axé sur les résultats et maintient ses idées. Il est aussi capable de sortir un joueur dès la première demi-heure, de mettre Payet sur la touche. Il a un fil directeur et s'y tient à mort. Le gars est solide. C'est une force. Et puis, quand tu arrives à l'OM, il y a tellement d'interrogations avant que tu aies commencé à faire un entraînement... Il ne faut pas oublier que Sampaoli avait une certaine cote auprès des joueurs, dans l'environnement et les médias. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Il lui fallait montrer la voie aux joueurs, il ne pouvait pas être hésitant, il devait rester ferme sur ses convictions. Il est appuyé à fond par l'état-major. C'est clair pour le groupe. Après, il faudra voir autour : les gens le sifflent au premier match, puis l'encensent. Un jour, ils repartiront aussi dans l'autre sens, tu ne pourras pas l'éviter."
Mattéo Guendouzi : "Nous sommes tous épanouis"
Aujourd'hui, l'atmosphère est à l'osmose. Des éléments comme Mattéo Guendouzi, avec lequel le Dalmate a pourtant eu une prise de bec cet été, se sont désormais parfaitement adaptés et se sentent à nouveau comme des poissons dans l'eau. "Les matches de préparation ont été un peu difficiles, rembobine l'ancien Gunner. Un nouveau coach arrivait, avec beaucoup de joueurs. Il y avait forcément une nouvelle philosophie de jeu, des nouvelles idées. Il a fallu un temps d'adaptation, comme pour tout le monde. Mais aujourd'hui, nous sommes tous épanouis. Cela peut se voir au-delà des résultats. Notre jeu, vertical et offensif, demande beaucoup d'intensité, un pressing très haut. Nous sommes en nette progression, on a très bien assimilé les principes. On peut demander à n'importe quel joueur : nous sommes tous confiants sur le fait qu'on est en amélioration constante."
Le fruit d'une philosophie inculquée depuis deux mois par un Igor Tudor franc et fort.
La Provence