Information
Déjà tendu
Altercation entre Guendouzi et Tudor, réunion de crise entre les dirigeants et les joueurs, entraînements intenses : l’OM a vécu une semaine agitée avant d’affronter Reims, demain. VINCENT GARCIA et BAPTISTE CHAUMIER
Igor Tudor s’est fait un nouvel ami, un de plus. Après Gerson, qui avait fini front contre front avec son entraîneur et était à deux doigts de quitter le stage de préparation en Angleterre fin juillet, après Jordan Amavi, écarté du groupe le même jour et qui s’entraîne désormais à part avec le banni Kevin Strootman, c’est Mattéo Guendouzi qui s’est retrouvé en première ligne dimanche soir, à la mi-temps du match amical entre l’OM et l’AC Milan (0-2). L’international français et le technicien croate ont eu une vive altercation dans le vestiaire sans que grand-chose ne filtre sur le pourquoi du comment. Mais le milieu défensif a pris sa douche, ses affaires et n’est pas réapparu sur le terrain.
Ce troisième accrochage en peu de temps entre le nouveau coach marseillais et ses joueurs a poussé la direction olympienne à agir. Pablo Longoria l’a d’autant plus mal pris qu’il considère être pour beaucoup dans la résurrection de Guendouzi, auteur d’une belle saison sous l’ère Jorge Sampaoli et qui s’est installé avec les Bleus. Oui mais voilà, les choses ont changé et si l’ancien joueur d’Arsenal est encore nostalgique, comme quelques autres, du coach argentin, le président marseillais s’est chargé de rappeler à son groupe cette semaine qu’il ne supporterait aucun état d’âme.
Longoria déterminé à mettre tout le monde au pas
Après un jour de repos, Longoria, en présence des joueurs et du staff, a pris la parole mardi à la Commanderie. Contrairement à ce que le club avait laissé fuiter lundi, peut-être pour infuser l’idée que le problème venait des joueurs et non pas du coach, le dirigeant a lui-même pris cette initiative, sans avoir reçu une demande formelle de la part du groupe. Ce qui a été confirmé par le capitaine Dimitri Payet hier lors de la conférence de presse : « Je n’ai jamais demandé de réunion. Jamais rien n’a été demandé par aucun joueur. »
Longoria, sentant la situation se tendre en interne, a donc décidé seul de monter au front pour défendre Tudor. Et ses mots ont été directs. En substance : « C’est moi qui ai choisi l’entraîneur et il a tout mon soutien. Ceux qui ne sont pas contents peuvent toujours venir me voir dans mon bureau et on trouvera une solution pour un transfert .» Si l’idée était de remettre tout le monde au pas, il faut croire que sa mise au point a pesé dans les instants suivants. À la fin de l’intervention de son président, Tudor a demandé à son groupe si quelqu’un avait quelque chose à dire. Personne n’a osé prendre la parole. Ce n’est qu’une fois seuls entre eux, dans le vestiaire, que les joueurs ont retrouvé leur langue. La méthode Tudor, plus froid et autoritaire que son prédécesseur, a bousculé les habitudes.
Des cadres doivent s’attendre à goûter du banc
Après une préparation estivale très physique, les entraînements, programmés vers 19 heures, se sont étirés en longueur cette semaine encore. Et en rentrant chez eux, vers 22 heures, certains joueurs avaient les jambes bien lourdes. Pour faire passer la pilule, le Croate n’a pas le même pedigree d’entraîneur que Sampaoli, qui imposait le respect naturellement, ni la même psychologie. La méthode a changé, la hiérarchie aussi. Comme lors de ses passages dans ses anciens clubs, l’entraîneur croate entend marquer son territoire. Bamba Dieng en fait actuellement l’amère expérience. S’il n’est pas écarté du groupe, le Sénégalais ne participe plus aux mises en place depuis la veille d’un amical contre Middlesbrough (0-2, 22 juillet). Ce jour-là, à l’entraînement, Tudor avait utilisé son attaquant de pointe au… milieu. Ensuite, il n’a pas disputé une seule minute lors des trois derniers matches de préparation. Une situation qui interpelle chez ses coéquipiers, tant son profil semble adapté au jeu que veut mettre en place son entraîneur.
Après l’altercation de dimanche dernier, rester sur le banc était sûrement le sort réservé aussi à Guendouzi demain face à Reims pour la reprise de la Ligue 1. Tudor y pense fortement mais la suspension de Pape Gueye l’obligera sûrement à renoncer à sa sanction, même si le nouvel arrivant Jordan Veretout pourrait être sur la feuille (voir ci-dessous). Cette saison, les statuts sont remis à zéro et le Croate ne se privera pas de faire jouer la concurrence, surtout si c’est pour asseoir son autorité. Certains cadres doivent donc s’attendre à jouer un peu moins qu’avec Sampaoli et peut-être plus vite que prévu. Gerson, Payet, Guendouzi… La direction a déjà cerné les éventuels problèmes à venir avec certaines fortes personnalités. Mais les décideurs marseillais comptent sur les ambitions individuelles de chacun, avec notamment la Coupe du monde à venir en novembre, pour que personne ne sorte du rang, au sein d’un vestiaire largement renouvelé à l’intersaison. Sinon, Longoria ne fera pas de sentiments, comme il l’a rappelé aux joueurs cette semaine. On verra déjà fin août, après quelques rencontres, si ce discours de fermeté a fonctionné.
L'Equipe