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OM-STRASBOURG; Pires : "Il faut resserrer les liens"; L'ancien Olympien a connu la frustration d'une ultime journée décisive sans avoir son destin en main
Tout jouer sur 90 minutes, en dépendant du résultat d'un ou plusieurs rivaux. Robert Pires a vécu le cas de figure de l'OM aujourd'hui. Trois fois de suite, en 1998 avec le FC Metz, en 1999 et 2000 à l'OM (voir tiroir grisé ci-contre). Pour le titre, puis le maintien. Il connaît parfaitement le contexte, l'état physique et psychologique des joueurs, car les années passent mais la situation demeure identique.
Robert, quels souvenirs gardez-vous de ces dernières journées où se décide le destin de toute une saison ?
Toujours des matches plus tendus que les autres parce qu'il n'y a pas de demi-mesure : à la fin, soit tu es heureux, soit tu pleures. Tu es sur le point de finir une longue saison fatigante, usante et quand il s'agit de tout miser sur la dernière journée, mentalement, physiquement, ce n'est pas facile.
Entraînements légers ?
Bien sûr. À l'approche d'un rendez-vous capital, tu y vas toujours sur la pointe des pieds pour ne pas te blesser parce que ce dernier match, tu veux le disputer et le gagner. Les séances sont plus relax.
Les discours sont mobilisateurs ?
Avec Joël Muller à Metz, Rolland Courbis, Bernard Casoni, Christophe Galtier à l'OM, je sentais les entraîneurs concentrés, convaincus de ce qu'on allait réaliser. Il est normal que le coach te transmette ce message. Nous avons toujours bien capté. Après, malheureusement, ça ne suffit pas toujours.
En 1998 avec Metz, en 1999 avec l'OM, vous n'avez plus votre destin en main, alors que vous avez longtemps été maîtres de la situation. Ce doit être encore plus dur de sentir que les choses vous échappent...
Quand on lutte pour être champion ou 2e comme l'OM, c'est dur si le verdict ne dépend plus de toi. Il faut gagner. Mais avec Metz, il fallait aussi un faux pas de Lens, avec l'OM un faux pas de Bordeaux, qui ne sont pas venus. Quand tu perds une place, tu sens le championnat t'échapper.
Vous arrivez donc au dernier match affaibli ?
Pas vraiment. Tu sais que tu dois jouer à fond et gagner. À Nantes, je marque d'ailleurs avec l'OM. Tu fais ton travail en plaçant tes espoirs ailleurs. Ce qui s'est passé au Parc des Princes en 1999 est un autre débat... Mais, avec l'OM, le championnat nous a échappé quand on perd contre le PSG alors que Bordeaux bat Lens. Avec Metz, ça bascule quand on perd contre Lens chez nous.
Et quand vous jouez pour le maintien, à Sedan, avec l'OM ?
Nous jouons pour la survie du club. Dans le contexte marseillais, non seulement nous n'étions pas sereins sur le terrain, mais encore moins en dehors. Comment le dire sans être vulgaire ? On s'est fait un peu dessus toute la semaine. C'est hypertendu. Leroy et Bakayoko marquent, Sedan égalise. Heureusement, le match est presque fini. Il était temps que ça se termine. S'ils avaient égalisé avant, ça aurait été terrible...
Voir l'OM qui a longtemps tenu son destin entre les mains et ne l'a plus, ça vous rappelle de mauvais souvenirs ?
Oui, parce que nous, dans cette situation, nous n'avons pas été champions et nous avons échoué sur la dernière journée. Quand tu sais tout le travail que ça représente, les six mois d'efforts, finir deuxième pour nous avait été très très dur à encaisser.
Le danger, pour l'OM, c'est la spirale de mauvais résultats ?
En cette fin de saison, l'OM n'est pas dans une forme éclatante, ils ont laissé beaucoup d'énergie en Ligue Conférence, notamment face à Feyenoord où ils ont vainement couru après le score. À Rennes, ils ne sont pas arrivés dans les meilleures conditions. L'OM est dans un mauvais tempo, alors que Monaco est irrésistible. On peut espérer un échec de l'ASM à Lens, mais le problème, c'est de ne plus avoir les cartes en main. C'est frustrant. Si tout dépend de toi, tu as un état d'esprit de vainqueur. Mais là, même en cas de victoire, si Monaco gagne, l'ASM reste devant.
La victoire peut au moins préserver la troisième place, que l'OM risque de perdre aussi...
Bien sûr. La semaine est très importante dans le relationnel, la communication, le repos. La perte de Dimitri a été terrible dans le jeu, car il est le maestro, sur les coups de pied arrêtés notamment. Au pire, en finissant troisième, l'OM jouera les tours préliminaires.
En face, Strasbourg vise aussi l'Europe...
Ce n'est pas plus mal. Les deux équipes ont un enjeu, ça signifie que Strasbourg va devoir sortir et attaquer, un nul ne peut pas leur convenir. C'est un avantage pour l'OM, que le Racing soit obligé de gagner, alors que les Marseillais ont souffert à domicile. Là, ils auront de l'espace, des brèches et je ne me fais pas de souci. Ce qui a manqué à l'OM, c'est la régularité des résultats.
L'efficacité offensive aussi. La motivation de Milik vous inquiète ?
À Rennes, l'OM n'a pas cadré un tir. Mais là-bas, ça a toujours été compliqué et physiquement, ils sont moins bien. Je ne sais pas quelle est la relation entre Sampaoli et Milik, qui ne me paraît pas très bonne, vu de loin. Mais les gars sont assez grands pour faire le dos rond, se focaliser sur ce dernier match et gagner.
Semaine de câlins donc...
Oui. Il faut resserrer les liens, pour faire le dernier effort sur 95 minutes. Que le public soit derrière son équipe quoi qu'il arrive et l'OM fera son boulot en gagnant.
La Provence