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LE GRATIN OU LE GADIN
L’OM, qui s’est fait chiper la deuxième place directement qualificative pour la Ligue des champions par Monaco la semaine dernière, peut très bien la reprendre, comme être dépassé par Rennes et se retrouver en Ligue Europa. VINCENT GARCIA (avec Ba.C.)
L’OM ne va pas jouer toute sa saison sur un match mais presque, et c’est le vertige de ces 38es journées avec enjeu, celles des multiplexes où l’ancien diffuseur annonçait les buts avec cette petite musique de cavalerie qui nous revient en tête chaque fin mai, que l’on soit devant sa télévision ou au stade. Ce soir, les Marseillais auront donc un œil sur leur équipe face à Strasbourg, dans un Orange Vélodrome plein (plus de 63 000 personnes attendues), et l’autre partagé entre Lens et Lille, où jouent respectivement Monaco et Rennes, leurs deux derniers concurrents. Pour ne rien regretter, les Olympiens feraient mieux de gagner mais un résultat nul leur suffira, à coup sûr, pour conserver un strapontin sur le podium, voire pour reprendre la deuxième place cédée au dernier moment, le week-end dernier, à des Monégasques imbattables depuis le 20 mars.
Le club le plus représenté en bleu avec le Bayern
Quand on a eu tant de mal, peu importe l’adversaire, à gagner chez soi cette saison – huit victoires à domicile en L1 – et que le mental n’a pas toujours suivi dans les matches brûlants, cette perspective d’avoir un (petit) matelas de sécurité est plutôt rassurante, face à une solide équipe de Strasbourg, qui viendra sans pression mais sûrement pas en bermuda-tongs.
Une défaite, en revanche, pourrait coûter plus cher aux hommes de Jorge Sampaoli, dont le jeu et le message se sont parfois égarés cette saison mais qui a réussi à exposer ses joueurs à une lumière nouvelle. Cela restera l’une de ses grandes réussites, quoi qu’il arrive. Sous son mandat, Mattéo Guendouzi est devenu un joueur régulièrement appelé en équipe de France quand William Saliba ou Boubacar Kamara ont connu leurs premières convocations, faisant de l’OM le club le mieux représenté chez les Bleus, avec le Bayern Munich.
Entre le géant allemand et Marseille, 3 points pris sur 36 possibles lors de ses deux dernières campagnes de Ligue des champions, l’écart est immense mais il faut bien jouer régulièrement cette compétition pour essayer de le combler. Si une place en Coupe d’Europe est assurée aux Marseillais, il serait donc ballot que ce soit en Ligue Europa, après avoir été dauphin du PSG une grande partie de la saison. Cela peut être l’un des épilogues cruels de cette soirée, pas seulement si Rennes les double, d’ailleurs, puisque la place de troisième, cadeau empoisonné, conduit à des périlleux tours préliminaires de Ligue des champions au cœur de l’été. Deuxième, troisième, quatrième… Dans un contexte serré pour les finances marseillaises, le classement peut modifier beaucoup de choses : les objectifs, les investissements, le mercato et peut-être même, par ricochet, l’avenir de Sampaoli. Jeudi, l’Argentin a rappelé ses ambitions pour renforcer l’effectif et n’a pas répondu sur son avenir. Dans un club qui cherche la stabilité et à deux jours d’un match aussi important, il aurait pu être un peu plus rond et sa réponse n’a pas fait retomber la pression en interne. Elle est palpable à tous les étages du club depuis la défaite à Rennes la semaine dernière (0-2), qui a rendu très concrète la menace de chuter du podium.
Milik doit s’armer de patience
En Bretagne, le vestiaire, mutique, a terminé abattu, sans réaction. L’histoire dira si le groupe, privé de son leader offensif Dimitri Payet, a retrouvé la rage ce soir et aussi de la fraîcheur, une donnée importante, alors que les Marseillais ont couru 14 kilomètres de moins que les Rennais.
Depuis cette défaite, comme une pile électrique, Pablo Longoria ne pense qu’au match de ce soir, ressassant tous les scénarios possibles. Tourné vers le sportif, le président marseillais a laissé un peu en stand-by ses dossiers mercato cette semaine. Cela ne l’a pas empêché de discuter avec des agents, et notamment celui d’Arkadiusz Milik. Comme souvent cette saison, Longoria a dû faire le tampon entre le Polonais, sur le banc tout le match à Rennes, et son entraîneur, qui l’a remis de côté depuis quelques semaines.
Mais le dirigeant olympien n’a pas eu beaucoup de réponses concrètes à apporter à l’entourage de l’avant-centre sur le futur, sinon prôner la patience encore pour quelques heures. Au coup de sifflet final ce soir, on saura quelle route prendra l’OM, celle, même tortueuse, de la C1 ou celle, moins glorieuse, de la C3. Les conséquences n’en seront pas les mêmes sur l’été des Marseillais.
L'Equipe