Dépassés par un Stade Rennais meilleur partout et relancé dans la course à l’Europe, les Marseillais ont perdu trois points au plus mauvais moment, et la deuxième place avec eux. DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
MÉLISANDE GOMEZ RENNES – Dans une nuit bretonne douce comme en plein été, la soirée s’est conclue sur un show pyrotechnique offert par le club rennais à ses supporters mais les joueurs marseillais n’étaient plus là pour admirer le spectacle, déjà rentrés au vestiaire la tête basse et les chaussettes aussi lourdes que des sacs de patates. Ils en avaient déjà pris plein les yeux pendant le match, de toute façon, à subir les vagues bretonnes qui déferlaient sans qu’ils ne trouvent jamais la solution pour les freiner, et le compte de cette 37e journée est rude, pour eux : installés à la deuxième place du Championnat depuis près de deux mois, ils en ont chuté au plus mauvais moment et la phase de groupes de la Ligue des champions qu’ils pensaient déjà serrer dans leur poing vient de s’échapper comme une savonnette.
Le scénario est cruel, forcément, mais l’OM n’a pas mérité autre chose hier soir, à force de refuser le jeu et de subir, renonçant à ses principes et trahissant, une nouvelle fois, une fragilité terrible face à la pression qui n’est pas très bon signe, à une semaine d’un nouveau match décisif contre Strasbourg au Vélodrome. Comme sur le terrain de Galatasaray, où il s’était écroulé et avait été éliminé de la Ligue Europa fin novembre (2-4), comme contre l’OL, il y a deux semaines (0-3), quand il a perdu l’occasion de conforter son matelas de dauphin du PSG, et comme face à Feyenoord, quatre jours plus tard, quand il a traversé sa demi-finale retour de Ligue Europa Conférence sans jamais allumer l’étincelle (0-0), il a manqué d’oxygène en haute altitude, dépassé en défense, éteint au milieu et jamais dangereux devant.
Une équipe qui répétait ses gammes et une autre qui n’a jamais mordu
Les Rennais n’en demandaient pas tant, eux qu’on aurait pu penser sonnés par leur défaite à Nantes, mercredi (1-2) : ils étaient en forme, merci, et ils ont joué comme ils savent le faire, premiers sur chaque ballon et nombreux à attaquer la surface adverse. Les voilà replacés à la quatrième place, prêts à voyager en Ligue Europa, et ils peuvent même rêver encore à la C1 puisque Marseille n’est qu’à trois points avec une différence de buts nettement défavorable. + 42 d’un côté et + 21 de l’autre, cela s’est vu sur la pelouse, hier, entre une équipe qui répétait ses gammes et une autre qui n’a jamais mordu, pas tellement aidée par les options de Jorge Sampaoli, qui avait encore décidé de jouer sans avant-centre. Ce qui, pour marquer des buts, n’est pas toujours le plus simple, surtout quand Dimitri Payet n’est plus là pour inventer les solutions.
Il y avait mieux à faire, sans doute, que cette frilosité collective, où les Marseillais semblaient décidés à défendre et, parfois, à lancer Ünder sur de longs ballons vers le côté droit : plus dynamiques, plus incisifs, et beaucoup plus mobiles, les Bretons dictaient le tempo et, après un peu plus d’une demi-heure, ils menaient de deux buts, après deux actions où Martin Terrier s’est fait plaisir, d’abord un centre décisif pour Bourigeaud (12e), puis un autre vers Majer (35e) et, à chaque fois, Rongier, Saliba et Caleta-Car qui tiraient la langue.
Cela allait vite trop vite pour l’OM et le 2-0 n’était même pas cher payé, tant Rennes a dominé les débats en première période avant de maîtriser le match en seconde. Bien sûr, comme souvent, Marseille a eu la possession, mais c’est une nouvelle preuve que cette statistique ne veut pas forcément dire grand-chose : il n’a pas cadré une seule frappe, alors que Sampaoli avait choisi de miser sur un Amine Harit transparent. L’Argentin a tardé à faire du coaching, lançant Dieng après l’heure de jeu et choisissant de laisser sa chasuble à Milik malgré un échauffement de près de quarante minutes de la part du Polonais, qui a dû adorer sa soirée en Bretagne.
Pendant que les joueurs rennais pouvaient fêter la saison réussie au pied des tribunes dans la belle ambiance du Roazhon Park, les mines étaient plus fermées chez leur adversaire mais tout n’est pas perdu, encore. Les Marseillais sont troisièmes et il s’agira d’abord de le rester, face à des Strasbourgeois qui, eux aussi, ont une qualification européenne à préserver. Après 37 journées à tenir la cadence, il serait dommage de lâcher maintenant mais ce n’est plus le moment de faire des calculs. Un match nul leur suffirait pour rester sur le podium et, s’ils se décident à jouer, le défi ne semble pas insurmontable.
L'Equipe