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IL ÉTAIT UNE FOI DANS L’OUEST
Au bout d’une saison éreintante, Marseille peut décrocher une place en Ligue des champions dès ce soir à Rennes. Mais l’équipe club bretonne, distancée, croit toujours en la C1 et ne cédera rien. MéLISANDE GOMEZ
Ceux qui l’ont connu avant qu’il soit rebaptisé Roazhon Park savent bien que le stade de Rennes est situé sur la route de Lorient, mais il se trouve surtout sur la route de la Ligue des champions, en ce mois de mai 2022. Au bout d’une saison déjà longue de cinquante-quatre matches pour son équipe, l’OM n’a jamais été aussi proche de concrétiser son rêve d’un retour en C1 et, à deux journées de la fin du Championnat, il peut presque sentir la qualification au bout de ses doigts : s’il prend au moins 4 points contre Rennes puis Strasbourg, dans une semaine au Vélodrome, il terminera deuxième de Ligue 1 et ira directement en phase de groupes. Il y serait même ce soir en cas de circonstances favorables (voir cas de figure ci-contre).
Le programme est à la fois court et chargé pour les Marseillais, affronter les deux équipes surprises de la saison l’une après l’autre et qui, elles aussi, courent après l’Europe. Si l’affiche s’annonce belle, ce soir en Bretagne, elle a perdu un peu de son piment depuis mercredi soir et la défaite des Rennais à Nantes (1-2) : désormais à 6 points de l’OM, le Stade Rennais incarne une menace un peu moins effrayante et, même si Bruno Genesio a répété hier qu’il fallait maintenir la pression, c’est plutôt Monaco que les Marseillais surveillent, ce matin.
Propulsés à toute allure sur le podium par leurs huit victoires d’affilée en Ligue 1, les Monégasques ne laissent pas le choix à Marseille et, si ce n’est peut-être pas bon pour leurs nerfs, c’est parfait pour le suspense.
Le moral a pu vaciller la semaine dernière quand, après une claque en Championnat contre Lyon (0-3), l’OM a été éliminé en demi-finales retour de la Ligue Europa Conférence par Rotterdam (2-3, 0-0). Contre l’OL, on a pensé que les joueurs avaient déjà la tête au Feyenoord ; contre le Feyenoord, on s’est demandé où ils avaient mis leurs jambes. Mais tout était en place dimanche dernier à Lorient, pour une démonstration de force (3-0) qui a rassuré Jorge Sampaoli sur les ressources mentales de son groupe, déterminé à ne pas tout voir s’envoler dans le dernier acte, comme cela lui était arrivé il y a quatre ans avec Rudi Garcia.
“Il faut garder à l’esprit qu’on est favoris car on ne dépend que de nous-mêmes
Jorge Sampaoli, l’entraîneur marseillais
Pour la première fois depuis début avril et une série de onze matches tous les trois jours, l’Argentin a eu le luxe d’une semaine entière pour préparer son équipe, ce qui ne tombe pas plus mal contre des Rennais qui posent des problèmes à tout le monde, ou presque, et notamment quand ils jouent dans leur stade. « On est une des meilleures équipes à domicile, eux sont l’une des meilleures équipes à l’extérieur, donc ce sera un match très ouvert », résumait Genesio hier.
Ce sera un match différent de l’aller, sans doute, parce que Rennes a fait du chemin depuis ce 19 septembre où il était tombé sans briller au Vélodrome (0-2). « Ce match-là, ou plutôt ce non-match, a été le point de départ de toutes les bonnes choses qu’on a faites cette saison », considère l’ancien entraîneur de Lyon. Comme à chaque fois, Sampaoli, lui, a observé de près le jeu de son adversaire et la base de sa philosophie est bien comprise par ses joueurs, depuis le temps : « Si on les prive du ballon, cela les mettra en difficulté », résume Valentin Rongier, qui incarne à lui seul les dépassements de fonction réclamés par le coach aux bras tatoués. Les consignes sont parfois lourdes et les systèmes souvent hybrides, mais le vestiaire a fini par tout digérer et il adhère. « On aime cette philosophie de jeu, un footballeur préfère toujours avoir le ballon que courir après », confirme l’ancien Nantais.
Ils vont se frotter à une formation qui aime attaquer, elle aussi, comme en témoignent ses 78 buts marqués, près de 20 de mieux que l’OM. Elle défend moins bien, parfois, par manque d’agressivité, mais elle va récupérer Aguerd, suspendu à Nantes, et elle n’a plus grand-chose à perdre. Contrairement à l’OM, qui sait combien la deuxième place est plus confortable que la troisième, synonyme d’un troisième tour préliminaire puis d’un barrage en août. « Ce serait très beau si on finit deuxièmes, plus problématique si on finit troisièmes, et encore pire si on finit quatrièmes, dresse lucidement Sampaoli. Mais il faut garder à l’esprit qu’on est favoris car on ne dépend que de nous-mêmes. On n’a pas à se soucier du résultat des autres. » Il n’y a plus qu’à gagner, donc, pour ne pas tout perdre.
L'Equipe