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DROIT DEVANT
Après avoir grillé son joker parisien lors d’une défaite sans conséquence pour son classement dimanche (1-2), la troupe de Jorge Sampaoli entame un infernal sprint final. DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT
MATHIEU GRÉGOIRE MARSEILLE – Pas le temps pour les regrets. Défait par le Paris-SG (1-2), dimanche soir, à l’issue d’un match haché et frustre, l’OM regarde déjà devant, happé par un calendrier infernal et un tourbillon d’émotions. Demain soir, il accueillera Nantes au Vélodrome, où près de 60 000 spectateurs sont attendus pour la quarante-neuvième rencontre de la saison phocéenne, la cinquantième si on considère que la troisième journée de L1 à Nice a été jouée deux fois, à l’Allianz Riviera en août et au stade de l’Aube en octobre.
L’envahissement du terrain azuréen, le 22 août, paraît déjà loin, le rythme a été effréné depuis l’été dernier, et le suiveur marseillais a parfois l’impression de plus voir la tignasse de Mattéo Guendouzi, titulaire tous les trois jours, que la frimousse de ses propres gamins. Il court, il court, Guendouzi, et il va continuer de courir, car le scénario défavorable du Classique ne gâte en rien les deux missions printanières de l’OM : conserver sa place de dauphin du Paris-SG et se qualifier directement pour la prochaine Ligue des champions ; provoquer le doux stress d’une finale chez ses supporters, soulever la Ligue Europa Conférence à Tirana le 25 mai, remporter un premier trophée depuis dix ans.
Ce marathon à son crépuscule en rappelle un autre, celui de l’OM de Rudi Garcia lors de l’exercice 2017-2018. Après 62 rencontres officielles, un interminable périple passant par Ostende, Ljubljana, Amiens, Guimaraes, Konya, Toulouse ou Salzbourg, entre autres, il avait terminé à la quatrième place du Championnat, avec 77 points au compteur. Et il avait été dominé en finale de la Ligue Europa par l’Atlético de Madrid (3-0), au terme d’un scénario plus traumatisant que la parodie de football pascale au Parc des Princes : le raté de Valère Germain, la relance de Steve Mandanda, le contrôle de Frank Anguissa, la blessure de Dimitri Payet trottent encore dans les têtes.
Quatre ans après, un même vertige guette-t-il la bande de Jorge Sampaoli ? À l’époque, la concurrence pour le podium de L1 avait meilleure allure, Monaco et l’OL filaient aussi vite que l’OM, avec une moyenne de deux points par match. En 2022, après avoir grillé son joker parisien, l’OM perd toujours moins que les autres prétendants, Rennes, Nice, Strasbourg et Monaco peinant à copier sa régularité. Mais ce Championnat est un drôle de magma où on peut s’enliser face à un adversaire bien luné.
Guendouzi, Saliba, Caleta-Car et Payet sous la menace d’une suspension
Après Nantes et Reims cette semaine, deux équipes d’un ventre mou dodu aux caractéristiques opposées – un jeu direct d’un côté, attentiste de l’autre –, où il s’agira aussi d’éviter un troisième avertissement en dix rencontres pour les joueurs menacés de suspension (Guendouzi, Saliba, Caleta-Car, Payet), l’OM affrontera des rivaux fort concernés.
L’OL, d’abord, le 1er mai au Vélodrome, le rival authentique et populaire depuis une quinzaine d’années. Puis Lorient, le 8 mai, tout sauf sauvé et pénible à bouger au Moustoir. Enfin Rennes, à l’extérieur, et Strasbourg, au Vélodrome, pour finir en beauté, deux équipes maîtrisées sans coup férir sur la phase aller, dont les entraîneurs respectifs désireront une revanche.
Cette perspective n’est pas la crainte du moment de Sampaoli, qui s’arrache les poils de barbe au moment de composer ses onze de départ.
“On a un effectif réduit, qui n’est pas armé pour jouer autant de rencontres
Jorge Sampaoli, entraîneur de l’OM
« L’accumulation des matches commence à peser sur l’organisme des joueurs, en plus des voyages, a expliqué l’Argentin après la rencontre, dimanche, au micro de Prime Video. On a un effectif réduit, qui n’est pas armé pour jouer autant de rencontres, comme les autres équipes européennes. » Le Feyenoord Rotterdam, adversaire de la demi-finale de C4, les 28 avril et 5 mai, n’a pas un groupe plus étoffé que celui de l’OM, mais il a de quoi user les Marseillais avec son jeu dynamique.
Le retour du fragile Arkadiusz Milik (28 ans), la gestion du vétéran Payet (35 ans) ou du revenant Cédric Bakambu (31 ans), les petits bobos de Cengiz Ünder (24 ans) ou de Valentin Rongier (27 ans)… La douleur la plus anecdotique sera prise au sérieux, le moindre rictus sur le visage d’un Marseillais déclenchera l’alerte générale au sein du staff médical. La fin de cette excitante histoire appartient à ce vestiaire resté uni malgré les péripéties, respectant toujours les consignes d’un entraîneur parfois déroutant. Et tout Marseille a hâte d’en connaître l’épilogue.