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Une soirée irrespirable
Dans la chaleur de la nuit marseillaise, les ultras du PAOK et de l’OM se sont durement défiés au Vélodrome, menaçant le début de la rencontre. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
MATHIEU GRéGOIRE (avec Ba.C.) MARSEILLE – La sentence tombe vingt minutes avant le coup d’envoi, mais les ultras du PAOK et de l’OM font la sourde oreille, trop occupés à se balancer tout ce qui leur passe sous la main : sièges, fumigènes, briquets, pétards et autres munitions. La voix claire du speaker du Vélodrome, André Fournel, est pourtant formelle, le stade redoute la suite depuis longtemps : « Le match ne débutera pas dans ces conditions ». L’annonce est ensuite formulée en grec, la tension atteint son paroxysme, les 3 000 fidèles du club de Thessalonique sont chauffés à blanc.
Le brasier couvait depuis la veille, on en reparlera, mais tout a dégénéré pendant l’échauffement. Au moment où les gardiens du PAOK entrent, une banderole « AEK Marseille » est placée en bas du virage sud, au pied de la zone du Commando Ultras 84. Le parcage grec, de l’autre côté de l’enceinte, en Jean-Bouin jouxtant le virage nord, décide alors de consciencieusement désosser les sièges blancs de la tribune, qu’il balance ensuite comme des frisbees au-dessus des filets de sécurité vers les Fanatics, MTP et autres Dodgers. Les Marseillais ripostent avec des fumigènes, des feux d’artifice sont tirés depuis chaque camp, des pétards explosent dans tous les sens. Ce sidérant spectacle, qui rappelle celui d’OM-Galatasaray (0-0), le 30 septembre dernier et en pleine rencontre cette fois-là, va durer une bonne demi-heure.
Les mêmes scènes se produiront après la rencontre, au moment où Razvan Lucescu, le coach du PAOK, déclare : « J’espère que vos supporters seront reçus comme nous avons été reçus. C’est une honte pour le football et votre ville de Marseille. »
“Mieux vaut que vos fans ne viennent pas chez nous
Razvan Lucescu, le coach du PAOK
Il quitte la salle de presse en ajoutant : « Mieux vaut que vos fans ne viennent pas chez nous ». À l’OM, on recense plusieurs blessés chez les supporters du virage nord et parmi les stadiers du club.
Et le match ? Il a pu se dérouler dans une ambiance incandescente, avec deux moments sulfureux : un corner tiré par Payet au pied de la zone visiteurs, en seconde période, qui a rappelé de douloureux souvenirs ; et une fusée tirée par les Grecs au moment du second but de l’OM (45e), qui a heurté le toit du Vélodrome et est revenue s’écraser près de la tribune de presse.
Une accalmie, soudaine, s’était produite quelques minutes avant le début de la rencontre, qui commence avec un léger retard. Les forces de l’ordre se sont massées au pied de la zone visiteurs et arrosent de gaz lacrymogène quelques supporters grecs essayant d’escalader les grilles. Les chœurs se répondent, dans une coordination remarquable. Dans le virage sud, les Winners affichent un tifo honorant les racines grecques de la cité phocéenne, avec une effigie rappelant un dieu grec couronné de lauriers, accompagnée du slogan « Massilia Patria Nostra ». Quelques heures avant le coup d’envoi, attablé au troquet Le Fair-Play, à quelques encablures du Vélodrome, Rachid Zeroual regrettait d’avoir concocté d’un tel tifo, vu la tournure des événements. Le patron des Winners faisait alors référence aux escarmouches, nombreuses dans Marseille mercredi soir entre ultras du PAOK et de l’OM.
Hier, les incidents ont été plus limités, quelques échauffourées près du stade, rue Teisseire et boulevard Michelet. Pendant la journée, le gros des troupes grecques a stationné du côté du théâtre de la Joliette, loin du Vélodrome, cerné par les forces de l’ordre. Neuf interpellations, de fans des deux camps, ont eu lieu.
L'Equipe SAS