En organisant une conférence de presse au cœur de son hôtel de ville ce lundi matin, Le Cannet, club amateur de National 3 a voulu faire entendre son état de détresse face aux difficultés à organiser son 32e de finale de Coupe de France face à l’Olympique de Marseille prévu le 19 décembre prochain. Première à prendre la parole, la députée des Alpes Martimes et présidente de la majorité municipale Michèle Tabarot fait l’état des lieux: "Nous nous sommes rapprochés de différents clubs pour utiliser leur stade et la participation financière est particulièrement lourde, déplore-t-elle. C’est 80 000 euros pour aller jouer à Nice, simplement pour ouvrir les portes du stade, bien trop pour le petit club que nous sommes. On s’est alors retourné vers l’OM ce qui aurait été mythique mais c’est de l’ordre de plus de 300.000 euros. La ville et le club sont prêts à participer financièrement mais à une hauteur raisonnable. Le plus convenable était Cannes."
Elle aussi qualifiée pour les 32e de finale qu’elle jouera face à Dijon (L2) le samedi, l’AS Cannes s’était dit prête à ouvrir les bras et son stade Pierre de Coubertin à son voisin "Mais nous avons été surpris de voir la réaction du Préfet qui autorise le match Cannes/Dijon et qui refuse notre match contre l’OM le lendemain, c’est ahurissant", regrette Michèle Tabarot. Joint par RMC Sport, le Préfet Bernard Gonzalez explique ne pas vouloir risquer des retrouvailles entre supporteurs niçois et marseillais à la suite des incidents du 22 août dernier et la rivalité historique entre les deux clans dont le petit club de N3 se retrouve victime collatérale. La fête foraine occupant la moitié du parking fait également partie des éléments afin de justifier la difficulté d’organiser la rencontre à Cannes. Président du Cannet-Rocheville, Emmanuel Stella prend le relais "La Fédération Française de football a fait une réunion exceptionnelle le lendemain matin du tirage et nous a appelé pour nous dire qu’il était impossible d’organiser la rencontre dans notre stade du Maillan compte tenue de l’affluence que l’affiche pouvait apporter. On aurait pu jouer chez nous contre n’importe quelle autre équipe de Ligue 1."
L’appel à l’OM pour jouer au Vélodrome
Si l’OM considère qu’il perdrait au moins 200.000 euros en organisant cette rencontre, le club a proposé deux lieux de repli: Istres ou Martigues. Une solution que refuse le club devant recevoir, pas question pour les Cannetans de jouer cette rencontre hors du département si ce n’est pas pour jouer au Vélodrome, un stade dans lequel rêveraient de jouer Le Cannet-Rocheville comprenant dans ses rangs de nombreux amoureux de l’OM. "Quand on a demandé à l’OM de jouer chez eux, on pensait que même pour eux c’était une bonne chose car ça leur éviterait des déplacements", explique Christian Lopez, directeur sportif du club et trois fois vainqueur de la compétition avec l’AS Saint-Etienne. "Ils nous ont demandé un bon terrain, on leur a tout donné entre les mains pour qu’ils acceptent. Alors oui ça leur coûte de l’argent mais à un moment ou à un autre ils seront obligés d’ouvrir leur terrain, si c’était un club pro ils auraient accepté. Quand on s’engage dans une compétition on accepte les conditions où on n’y participe pas. Ce serait un grand geste de la part de l’OM de dire ‘ok , venez jouer chez nous’. Cela redonnerait un peu plus de valeur à cette Coupe de France."
Le préfet des Alpes-Maritimes et Roxana Maracineanu visés
Plusieurs fois évoqué ce matin lors de la conférence de presse, Bernard Gonzalez, le Préfet des Alpes-Maritimes faisait office de responsable numéro 1 mais les représentants du club de N3 visaient aussi la Fédération, appelée à trancher rapidement et la Ministre des Sports Roxana Maracineanu jugée "complètement absente" par la députée Michèle Tabaraot. Un avis partagé par son frère Philippe, sénateur des Alpes-Maritimes: "La ministre des sports est en dessous de tout en matière de communication, en termes de sécurisation des évènements sportifs. Je veux bien croire qu’il y a des Jeux olympiques à organiser et c’est extraordinaire mais il y aussi des rencontres sportives toutes les semaines qui se passent mal. C’est formidable d’aller applaudir les athlètes sur toutes les compétitions, d’aller voir la finale et dire on est les meilleurs mais le rôle d’un ministre est aussi de s’assurer de la bonne tenue des manifestations professionnelles et amateurs. Ce match est l’exemple le plus emblématique des difficultés d’organisation dans l’indifférence quasi-générale. Je pense que ça doit monter plus haut, ce n’est pas uniquement l’organisation de ce 32e de finale de Coupe de France parmi tant d’autres mais c’est la symbolique que cela représente et qui ne doit pas passer inaperçue dans le monde du sport."
Une fête déjà gâchée
A quelques jours d’un tirage qui avait fait rêver tous les Cannetans, "le soufflé est retombé", déplore Gérard Stella, adjoint aux Sports du Cannet. "On a reçu presque 2.000 appels pour nous demander comment cela allait se passer et nous sommes incapables de leur répondre, incapable de donner des informations sur la billetterie." ,"Nous passons un peu pour des imbéciles auprès de certains amis et des parents d’enfants dont on se faisait une joie d’ouvrir les portes du stade quel qu’il soit" ajoute Jean-Marie Pena, co-président de l’ESCR. "Quoi qu’il arrive maintenant, quel que soit le stade dans lequel nous jouons et l’issue de la rencontre, quelque chose a été gâché. On ressent beaucoup de peine car c’était une grande fête et ce problème va rester."
Dépité lui aussi, Emmanuel Stella semble désemparé: "On se faisait une joie d’accueillir Marseille et elle est contrariée par tous ces évènements. Petit club amateur que nous sommes nous ne comprenons pas la décision de toutes ces instances, ça nous dépasse. Les licenciés du club sont fous de cette affiche et on nous met des bâtons dans les roues. Ce qui devait être une fête devient un cauchemar." Il reste douze jours au Cannet-Rocheville pour trouver une solution.
Par Clément Brossard
Et après ils chialeront si on leur file pas en plus la maigre recette du Vel