Il ne manque plus que l'accord officiel de la FFF. "On attend les dernières validations et les préconisations de la Fédé", prévient Mourad Boudjellal, enthousiaste mais prudent.
Aujourd'hui aux commandes du Hyères 83 Football Club (National 2), l'ancien président du RCT souhaite que la rencontre des 32es de finale de la coupe de France entre son nouveau club et l'OM se tienne dans le fief où il est devenu une légende : Mayol. Le clin d'oeil serait joli, d'autant que l'ancien PDG de Soleil Productions n'a jamais caché sa fascination pour l'écurie ciel et blanc et avait même participé à un projet de rachat (mort-né) aux côtés de l'énigmatique Mohamed Ayachi Ajroudi, en 2020.
"Nous avons l'accord du maire de Toulon (Hubert Falco), enchaîne-t-il. Nous venons d'apprendre que le stade Perruc (où évolue son club à l'année) n'est pas homologué. Notre volonté est de jouer dans la métropole. Et il me semble que la seule enceinte suffisamment adaptée pour accueillir l'OM est Mayol. Je suis un enfant de Besagne. Je connais un peu, j'y suis allé quelques fois..."
Le verdict ne devrait pas tarder à tomber. "J'espère le plus tôt possible, poursuit l'homme d'affaires. S'il y a des modifications à faire, moins on attend, plus on pourra être efficace."
Remettre aux normes du ballon rond une enceinte dédiée à l'ovalie depuis des lustres, voilà tout le problème. En termes de sécurité, la partie s'annonce ardue. D'autant que l'antagonisme entre les Toulonnais et les Marseillais n'a jamais faibli malgré les décennies. Voilà plus de trente ans que l'équipe professionnelle de l'OM ne s'est pas produite à Mayol (sa dernière apparition sur ce pré remonte au 15 août 1992). Cela n'a pas empêché les fidèles des deux camps de se battre de manière presque régulière, notamment lorsque la réserve olympienne recevait le Sporting, et vice-versa. Un "fight" avait même eu lieu sur la Gineste il y a quelques années.
Cette haine féroce est entretenue et le risque de la voir ressurgir le 7 ou le 8 janvier est réel. À un mois et demi du match, l'alerte est donc lancée. "Ça risque d'être compliqué. Ça l'a toujours été, rappelle Bernard Pardo, qui a porté le maillot des deux clubs et connu des ambiances hostiles à la fin des années 80. Quand on voit que lorsqu'ils étaient dans le même groupe en National 2 ou 3, ils se donnaient rendez-vous. C'est triste d'en arriver là. Être si proches et se détester autant... Mais depuis la nuit des temps, c'est comme ça. Je ne pense pas que ça va changer.Ceci dit, Mayol est tout de même mieux que Bon Rencontre. Le problème, c'est pour y aller."
"Il faudrait 500 vigiles
pour empêcher les gens d'entrer sur le terrain"
Autre souci : l'absence de grilles anti-franchissements. Doté de 18 000 places, le fief historique du RCT n'est plus adapté au football. La possibilité de voir ce Hyères-OM y être organisé a donc fait bondir Alain Revello, à la tête du Festival international espoirs - Tournoi Maurice Revello, anciennement baptisé... Tournoi de Toulon. "En 2016, on nous avait promis de faire la finale à Mayol, raconte-t-il. Cinq jours après le décès de mon père, on nous a fait savoir que ce ne serait pas le cas. Je reconnais qu'il y avait eu des incidents en 2015 lors de la finale France - Maroc. Mais..."
Remonté, l'organisateur développe : "À l'époque, Mourad Boudjellal n'était pas du tout footeux, et ne voulait plus voir du football sur la pelouse de Mayol. De la même manière que Bernard Laporte, d'ailleurs. On nous a dit que c'était pour la sécurité. Cette année-là, on a donc fait la finale à Avignon." Depuis, la compétition s'est déplacée dans les Bouches-du-Rhône. "On préfère aller chez des gens qui nous accueillent à bras ouverts plutôt que chez ceux qui ne nous aiment pas."
Aujourd'hui, il est effaré, mais aussi inquiet, de voir que Mayol est en pole position pour accueillir le 32e de finale de coupe de France. "Pour moi, matériellement, c'est impossible. Le stade a été reconfiguré pour le rugby. Il n'y a plus de grillages, plus de protections. Il faudrait 500 vigiles pour empêcher les gens d'entrer sur le terrain. Vous pouvez franchir le mur en béton pour aller sur la pelouse sans problème. Si la Fédé décide de programmer ce match-là à Mayol, c'est du suicide ! Pourquoi ne pas jouer à Bon Rencontre ?"
"C'est beaucoup plus petit (8 200 places) et ce ne serait pas correct vis-à-vis de son résident habituel", tranche Boudjellal.
En attendant l'avis de la commission des stades de la FFF, le sujet n'a pas fini de faire causer.
La Provence