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Bruno Genesio, gone de Bretagne
Chahuté à Lyon, il fait l’unanimité depuis son arrivée à Rennes en mars 2021. Les Bretons, 4es la saison dernière avec la deuxième attaque du championnat, espèrent faire encore mieux.
Laurent Pruneta
Sur l’estrade des trophées UNFP ce dimanche 15 mai, Bruno Genesio, tout juste élu meilleur entraîneur de Ligue 1, était tout sourire mais réfutait le terme de « revanche ». « On fait un métier où l’on est jugé sur un instant présent. C’est un plaisir que je partage avec tous les gens avec lesquels je travaille, que j’aime autour de moi mais ce n’est pas une revanche », avait lancé l’entraîneur de 55 ans.
« Il n’est pas du tout animé par cet état d’esprit », nous confie un proche du vestiaire de Rennes. À Lyon, Genesio avait pourtant dû subir un procès en illégitimité. Ses derniers mois s’étaient transformés en cauchemar affectant même sa vie personnelle, comme le soir où il avait été chahuté dans un restaurant dans lequel il fêtait l’anniversaire de sa fille. Mais l’homme a montré qu’il était tenace. S’il a forcément souffert, il a toujours fait face. Après un exil de deux ans au Beijing Guoan en Chine, le gone, natif du VII e arrondissement lyonnais, a donc trouvé sa terre promise en Bretagne.
Avec sa bonhomie et sa simplicité, Genesio, épanoui et toujours souriant, a vite fait l’unanimité en interne parmi les salariés. Les journalistes locaux apprécient sa bonne humeur. Les supporteurs l’ont également adopté.
Pas facile de succèder à Julien Stéphan
Ce n’était pas gagné d’avance au regard de l’estime dont bénéficiait son prédécesseur Julien Stéphan qui avait mené Rennes à la Ligue des champions et à la victoire en Coupe de France. L’actuel coach de Strasbourg avait aussi l’avantage de posséder la touche locale. Mais le Lyonnais est vite entré dans le moule breton : « Il y a une mentalité ici que j’apprécie et qui fait partie des valeurs que j’aime dans la vie de tous les jours. »
À Rennes, Genesio a également trouvé un fonctionnement fluide « où chacun reste à sa place » avec le directeur sportif, l’ex-Lyonnais Florian Maurice qui l’a fait venir et le président exécutif et directeur général Olivier Cloarec. L’entraîneur rennais a aussi reçu pleinement l’adhésion de son vestiaire.
« Sur le plan humain, c’est quelqu’un d’exceptionnel qui est proche de ses joueurs et nous considère un peu comme ses enfants. Mais il est aussi ultra exigeant dans le travail, dans l’efficacité. Il sait ce qu’il veut, il a des ambitions et il sait pourquoi il est venu ici. À côté de ça, c’est quelqu’un qui a le sourire et qui amène, avec cette exigence, la joie de vivre dans le travail », loue le milieu Benjamin Bourigeaud. La saison dernière, le Roazhon Park a ainsi souvent vibré. Pour beaucoup d’observateurs, Rennes a pratiqué l’un des jeux les plus spectaculaires de la Ligue 1, enthousiasmant offensivement avec de nombreux cartons comme face à Lorient (5-0), Metz (6-1), Bordeaux (6-0), Saint-Étienne (5-0), Lyon (4-1) ou Clermont (6-0).
Un style de jeu séduisant
« Le coach est grandement responsable de ma réussite », soulignait Martin Terrier, auteur de la meilleure saison de sa carrière (21 buts). Mais s’il est naturellement porté sur l’offensive, le coach rennais insiste également « sur la recherche d’équilibre ». Au final, si Rennes possédait la 2 e attaque, il avait aussi la 4 e défense de L 1.
Après cette saison de tous les records (plus grand nombre de points, plus grande différence de buts, 101 buts marqués toutes compétitions confondues), Rennes et Genesio veulent continuer sur les mêmes bases. « On doit garder notre philosophie, prendre et donner du plaisir. Il faudra faire mieux que la saison dernière », prévient le coach, prolongé jusqu’en 2025. S’ils ne le diront jamais ouvertement, c’est bien une qualification en Ligue des champions que viseront les Rennais.
Avec les départs de Nayef Aguerd à West Ham pour 35 millions d’euros et de l’espoir (17 ans) Mathys Tell au Bayern pour 28,5 millions, le mercato a déjà enregistré un record au niveau des ventes. Le gardien Steve Mandanda (37 ans) est arrivé après sa saison frustrante à l’OM pour davantage sécuriser la défense, également renforcée avec les internationaux Belge Arthur Theate (22 ans), acheté 20 millions d’euros à Bologne, et Gallois Joe Rodon (24 ans), prêté par Tottenham. Un milieu « costaud » et un attaquant sont encore attendus.
Pour cette saison, Bruno Genesio voit loin : il vise le podium de Ligue 1.
Le Parisien