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La drôle de communication d'Éric Borghini, patron des arbitres à la Fédération, au sujet de Nice-OM
Éric Borghini, président de la Commission fédérale des arbitres mais aussi président de la Ligue Méditerranée, a exprimé des versions différentes sur la décision d'arrêter le match Nice-OM, le 22 août, et ses conséquences. Essayant toujours de protéger au maximum l'arbitre Benoît Bastien, il semble ballotté entre les intérêts des deux clubs.
Le match Nice-OM a été arrêté, le 22 août, à la suite de jets de bouteille sur Dimitri Payet. (N. Luttiau/L'Équipe)
Mardi, sur le site L'Équipe, Éric Borghini avait donné une première version de la soirée de dimanche à l'Allianz Riviera et de la décision d'interrompre la rencontre, marquée par des jets de bouteille depuis les tribunes, l'intrusion de supporters sur la pelouse et une longue échauffourée. Après l'interruption du match (75e), il avait rejoint le vestiaire des arbitres et entendu M. Bastien expliquer qu'il ne souhaitait pas le faire reprendre. Il nous confiait : « Il (M. Bastien) a avancé deux arguments : la sécurité des joueurs et l'équité sportive car il nous a dit qu'il aurait été obligé de sanctionner Payet d'un carton rouge pour avoir jeté deux bouteilles dans le Kop Sud niçois alors qu'il avait lui-même été victime d'un jet de bouteille dans le dos. »
L'arbitre a toutefois fait reprendre la partie - sans les Marseillais - après une réunion de crise avec le préfet des Alpes-Maritimes et le délégué de la Ligue, une décision que M. Borghini « approuve sans réserve » : « Benoît Bastien a eu un comportement exemplaire, tant au niveau de l'application du règlement et des protocoles que de la gestion des incidents, avec courage et détermination. Il fait partie des meilleurs sifflets européens et a fait honneur à son statut d'arbitre international présent sur la liste Élite de l'UEFA. Il m'a rendu fier d'être le président de la Commission fédérale des arbitres. »
« (Payet) a eu un geste qui relève de la légitime défense »
Eric Borghini
Mais vendredi soir, interrogé par Le Phocéen, il a donné une version différente. À la question du média en ligne marseillais (« Donc, il n'a jamais été question de carton rouge contre Payet ou Alvaro ? »), il répond : « Non, jamais. L'arbitre avait pris la décision d'arrêter le match pour des raisons d'insécurité. Aucunement question d'expulser un joueur. Il considérait que les acteurs étaient en insécurité. » Et poursuivant sur Payet : « C'est une réaction d'homme, terriblement humaine, de quelqu'un qui, sous pression, a eu un geste qui relève de la légitime défense. C'est un mouvement humain qu'on comprend, il a eu un simple réflexe. »
L'OM mécontent de ses premières déclarations
Selon plusieurs indiscrétions, en milieu de semaine, M. Borghini, également président de la Ligue Méditerranée, a reçu quelques coups de fil de l'OM après ces premières déclarations. Pour le club marseillais, il avait suivi l'argumentaire des dirigeants niçois, alors qu'il n'avait jamais été question d'expulsions de joueurs marseillais, et il n'était plus le bienvenu à l'Orange-Vélodrome. Puis d'autres discussions ont eu lieu, plus apaisées. Vendredi, l'un des responsables de la communication de l'OM a contacté plusieurs rédactions pour proposer un entretien de M. Borghini.
Pourquoi n'a-t-il pas fait ce rectificatif via la FFF ou la Ligue Méditerranée ? Détenteur d'une double casquette hautement symbolique, Éric Borghini a-t-il été ballotté depuis dimanche entre les intérêts des clubs niçois et marseillais ? Interrogé ce samedi après-midi, il répond : « Il n'y a pas d'influence ou de malice, ni de l'OM, ni de l'OGC Nice. »
« Je n'ai pas changé de version en ce qui concerne la position de l'arbitre »
Eric Borghini
Sur le fond du dossier, il dit : « Je n'ai pas changé de version en ce qui concerne la position de l'arbitre sur l'arrêt du match et la reprise. Il a décidé d'arrêter le match, parce que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies, puis il est revenu sur sa décision de ne pas reprendre en suivant la consigne du préfet. Il a changé son point de vue ce soir-là. En ce qui concerne les cartons rouges éventuels, j'ai souhaité faire une précision. J'avais relaté mardi un propos verbal de vestiaire, une conversation sur les expulsions dans le vestiaire des arbitres, je l'ai dit peut-être naïvement. C'était un propos qui n'a pas été confirmé dans les rapports de l'arbitre. J'ai pensé que c'était bien de relater cela dans un esprit de neutralité. » Après une semaine de précisions, la vision d'ensemble de M. Borghini semble désormais connue.