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Fonseca, saison 2
Après avoir imprimé son style offensif et décroché l’Europe au sein d’un club qui lui a demandé de respecter son contrat malgré l’approche de l’OM, l’entraîneur portugais veut continuer à surprendre. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
JOËL DOMENIGHETTI CAMPHIN-EN-PÉVÈLE (NORD) – Pour sa nouvelle mise en scène, le décorum qui escortera la deuxième représentation de Paulo Fonseca dans le nord de la France a des allures de déjà-vu. Sous contrat jusqu’en juin prochain, le technicien de 50 ans s’est fait une raison après les approches de l’OM cet été. Comme l’an dernier, son groupe est loin d’être au complet, à une semaine de la reprise de la L1 et à trois du tour préliminaire de la Ligue Europa Conférence. Une double confrontation à élimination directe qui doit valider un Championnat 2022-2023 sinusoïdal, achevé chez le relégué troyen par un nul (1-1, le 3 juin) qui a privé les Dogues de Ligue Europa (5e).
« La première des choses à dire, c’est que je me sens bien à Lille, souligne le coach portugais. Les gens me respectent, les supporters aussi. Ils aiment la façon dont nous jouons. Ils reconnaissent le courage de notre équipe. Après ce que nous avons fait , il était normal d’avoir des propositions. Mais je suis là et je ne pense désormais qu’au futur. Une prolongation ? Ce n’est pas le moment. Je reste concentré sur ce qu’on a à construire. Je n’ai pas de regret. On aura (en cas de qualification) une compétition de plus en Europe. Et on entend être solides et compétitifs sur les deux tableaux. »
À écouter le discours ambiant, on aurait tendance à considérer le club sous-dimensionné, dans l’impossibilité d’investir comme peuvent le faire ses concurrents directs, Marseille, Rennes, Nice, Monaco, voire Lyon.
Une deuxième saison de rang en bénéfice
La réalité est nettement plus nuancée. La saison dernière, les Dogues disposaient du quatrième chiffre d’affaires de L1 hors mutation derrière le PSG, Marseille et Lyon. Ils sont parvenus à achever leur deuxième exercice bénéficiaire de rang grâce à l’argent de la Ligue des champions 2020-2021 (huitièmes de finale, défaite contre Chelsea, 1-2 et1-4) et aux nombreux départs depuis deux saisons qui ont renfloué les caisses.
« Je vais le répéter, martèle le PDG Olivier Létang, mais, à notre arrivée, il y avait 380 M € de dettes, zéro cash et aucun recevable (transfert à recevoir). Aujourd’hui, le club est largement désendetté (il ne donne aucun chiffre). Il y a du cash et des recevables. L’UEFA nous a libérés du settlement agreement lié au fair-play financier. Il y a encore beaucoup d’affaires pénales (*). Le bilan sportif est positif mais il nous reste encore la moitié du travail à faire d’ici les deux prochaines années. »
Ce serait dans ce contexte, avec pour le moment les arrivées de Samuel Umtiti (voir par ailleurs), d’Hakon Arnar Haraldsson et de Tiago Santos, que Fonseca tenterait, lui, de faire aussi bien. La blessure d’Adam Ounas, hier à Brentford (0-0), le prive d’un titulaire et restreint d’autant plus son effectif. Le technicien portugais voudra montrer sur le plan continental que son savoir-faire est durable. En interne, son fonctionnement est jugé très professionnel. Mais aussi, parfois, un peu cloisonné, pour ne pas dire distant des joueurs sur le plan affectif.
« Je suis très proche des joueurs, se défend-il. Je parle beaucoup avec eux mais je suis direct, frontal. Je ne suis pas le genre d’entraîneur à venir les voir tous les jours. Je reste ouvert d’esprit. Mais ils doivent comprendre qu’ils sont professionnels et que je me dois d’être exigeant avec eux. On a réussi ensemble une saison incroyable. Si on m’avait dit, avant de la démarrer, que nous serions européens, j’aurais tout de suite accepté. C’était dur et nous avons performé contre des équipes qui disposent de plus de moyens. Avec une identité de jeu. Nous serons attendus. C’est pourquoi les gens peuvent espérer découvrir des nouvelles choses. »
« Nos résultats n’ont rien à voir avec notre effectif, estime Rémy Cabella. Notre jeu demande beaucoup d’efforts et de travail. Nous avons eu des matches où nous voulions peut-être trop bien faire. Nous menions et il aurait fallu mieux gérer les fins de rencontre, par exemple à Paris (3-4) ou contre Lyon à domicile (3-3). Mais nous avons conservé cette mentalité de gagneurs avec la volonté de marquer à chaque match. C’est comme ça que l’on apprend avec beaucoup de jeunes qui ont du talent. Ce que je peux dire, c’est que notre base est solide. Et que nous allons mettre tous les ingrédients pour rester dans le haut du classement. »
Le joueur à suivre : Chevalier presque taulier
Il avait démarré la saison dernière comme doublure de Leo Jardim, il l'a terminée comme titulaire indiscutable dans le Nord et en équipe de France Espoirs, avec laquelle il a atteint les quarts de finale de l'Euro (éliminé contre l'Ukraine, 1-3). Sa progression linéaire et quelques performances majuscules ont fait de lui l'un des meilleurs gardiens de L1, comme en témoigne sa nomination aux trophées UNFP.
Lucas Chevalier franchit les paliers avec méthode et cette deuxième saison dans l'élite va lui permettre de découvrir, à 21 ans, les joies de la Coupe d'Europe et des matches tous les trois jours, sauf catastrophe en barrages de la C4. Malgré son jeune âge, le Coquellois sera déjà presque attendu comme un cadre, alors que le capitaine (José Fonte) et l'un des vice-capitaines (Jonathan Bamba) ont quitté le Nord cet été. Il lui faudra également apprendre une nouvelle cohabitation puisque sa doublure depuis janvier, Benoît Costil, avec lequel il s'entendait très bien, n'a pas été conservée. Il ne connaît d'ailleurs pas le nom de son numéro 2, qui n'a pas encore été recruté. R. Laf.
L'avis de L'Équipe
L'an 2 de Paulo Fonseca est une promesse à double tranchant. Celle du jeu, des buts et du plaisir en L1. Dans un système offensif assimilé, qu'il faudra tout de même adapter aux adversaires qui n'attendent que de le contrer, Lille peut réitérer ses ambitions européennes. Mais l'entraîneur portugais n'a plus qu'une saison de contrat. Et les Dogues gagneraient à clarifier leur projet sportif à moyen terme basé. Pour l'instant, c'est le trading, la revente de joueurs espérés bankable. Or, comme la saison passée, l'effectif aura besoin d'être sérieusement renforcé pour exister à la fois en L1 et en C4. J.D.