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Tour de France des clubs : Au PSG, l'ère des galactiques
Avec son recrutement de première classe, le PSG affirme un peu plus ses ambitions de grandeur. À condition de bien gérer tout ce petit monde doré.
Ce n'était donc pas un coup de com'. Dans l'entretien accordé à L'Équipe début juin, Nasser al-Khelaïfi annonçait : « Ce mercato sera plus actif que les précédents. On sera présents, on a des ambitions pour cet été. » Les paroles du président du PSG ont été suivies de faits. Depuis, Georginio Wijnaldum, Achraf Hakimi, Gianluigi Donnarumma et Sergio Ramos ont rejoint les rangs du club de la capitale. Soit un des milieux les plus complets actuels, un des meilleurs latéraux droit, un des gardiens les plus prometteurs tout juste sacré meilleur joueur d'un Euro remporté avec l'Italie, et enfin un quadruple vainqueur de la Ligue des champions, accessoirement champion du monde et double champion d'Europe avec l'Espagne. Avec ce recrutement de première classe, jamais Paris n'a disposé d'un effectif aussi riche et dense dans son histoire.
Depuis le coup de tonnerre de 2017 et les arrivées de Neymar et Mbappé qui l'avaient fait basculer dans un autre monde, le PSG a le plus souvent signé des mercatos sans grand relief. Le prix à payer pour amortir les 400 M€ de leurs transferts, qui l'ont conduit à baisser la voilure et se contenter pour l'essentiel de seconds couteaux, fair-play financier oblige. Cet été, profitant de la latitude offerte par l'UEFA en raison de la pandémie (calcul des comptes sur plusieurs années, augmentation du déficit autorisé), il a changé de stratégie et appuyé un peu plus sur le champignon.
Est-ce l'approche de la Coupe du monde 2022 et la volonté d'avoir la plus belle vitrine qui soit dans le club dont le Qatar est propriétaire depuis 2011 ? Ou les effluves de la consécration ultime reniflés ces deux dernières années en atteignant coup sur coup la finale puis la demie en Ligue des champions ? Un peu des deux, sans doute. Si les plus grands joueurs toquent aujourd'hui à la porte du PSG, quand ils n'en franchissent pas carrément le seuil, c'est en partie dû à cette réussite européenne qui a changé les regards extérieurs. Paris n'est plus seulement un club qui paie bien, on y vient aussi pour gagner.
L'épineux dossier Mbappé
Pour franchir le dernier palier, il a donc délaissé les recrues de complément pour cibler du top niveau (et ce n'est peut-être pas fini...). Avec son noyau de stars, le PSG 2021-2022 n'est pas sans rappeler les Galactiques du Real Madrid du début des années 2000. Le défi, à présent, les dirigeants parisiens le connaissent : s'inspirer de l'exemple madrilène pour faire mieux et transformer cela en une réussite sportive à la hauteur des promesses inspirées par une telle constellation d'étoiles. Au Real, si cette politique fut un succès total en termes de marketing, on oublie souvent que ce fut beaucoup plus nuancé sur le terrain, avec une seule C1 remportée (*).
L'avis de l'Equipe
La perte du titre la saison passée et le renforcement de l'adversité en L1 (Lille, Monaco, OL, OM, Nice) n'y changent rien : avec la qualité de son recrutement, le PSG est armé pour viser rien d'autre que la victoire en Ligue des champions et il est quasi « condamné » à tout écraser en France. La principale interrogation porte en fait sur la façon dont Mauricio Pochettino va manager cet effectif, le plus fort jamais constitué à Paris. À la fois gérer la concurrence dans plusieurs secteurs (gardiens, défense centrale, milieu) et trouver l'organisation la plus efficace pour combiner semblable profusion de biens.
Pour le reste, cette équipe spectaculaire a surtout été marquée par un déséquilibre permanent (Zidane, Figo, Beckham, Raul, Owen, Robinho...) et des rivalités en coulisses, que les récentes révélations sur Florentino Pérez ont fait remonter à la surface. Mauricio Pochettino aura non seulement pour mission de trouver la bonne mayonnaise collective entre ces individualités de qualité, donc à fort ego, mais aussi de faire preuve d'un management de dentellière pour éviter d'être débordé par son vestiaire. Entre la concurrence frontale annoncée entre Navas et Donnarumma, la place qui sera faite à Ramos, les revendications d'Icardi et les frustrations d'une « classe moyenne » de plus en plus fournie (Kehrer, Herrera, Sarabia, Paredes, Kurzawa, Diallo, Gueye...) qui n'a aucune envie d'aller voir ailleurs malgré les espoirs du club en la matière, les risques d'embrasement ne vont pas manquer tout au long de la saison.
Pendant l'été, ce fut même un sujet de discussion - voire d'inquiétude - récurrent entre les joueurs. Sans oublier l'épineux dossier de la prolongation de Mbappé, qui pourrait s'étirer jusqu'à l'été 2022. Pour résumer, tout est réuni pour aller au paradis ou tutoyer l'enfer. La garantie d'un feuilleton palpitant.
(*) En 2002, face au Bayer Leverkusen (2-1). Le Real avait remporté la C1 en 1998 et en 2000 mais l'ère des Galactiques est enclenchée juste après, par Florentino Pérez, élu président en juillet 2000. Il démissionnera en 2006 et le club attendra 2014 pour remporter à nouveau la C1.
Le joueur à suivre : Wijnaldum, l'équilibriste
Son recrutement est d'abord l'histoire d'un coup de poker réussi par Leonardo. Le directeur sportif du PSG a profité du flottement du Barça au début de l'été pour signer en un temps record Georginio Wijnaldum, désireux de boucler son avenir avant le début de l'Euro. Sur le papier, c'est une affaire en or : le milieu néerlandais (30 ans) était en fin de contrat à Liverpool et il arrive donc libre. Comme il l'a montré à l'Euro, où il a produit un premier tour de très haut vol avant de passer à côté de son huitième de finale (0-2 face aux Tchèques), son profil coche toutes les cases et il représente une incontestable plus-value pour Mauricio Pochettino.
L'entraîneur parisien - qui avait déjà essayé de le recruter à l'époque où il dirigeait Tottenham - pourrait vite faire de « Gini » un de ses pions incontournables au milieu de terrain. Aussi à l'aise dans les tâches défensives qu'offensives, il peut assurer à peu près toutes les fonctions et tous les postes dans l'entrejeu. Puissant, doté d'un gros volume pour répéter les courses, il n'est pas le joueur le plus technique mais il compense par un sens du jeu remarquable (qui lui permet d'être au bon endroit au bon moment) et une finition plus qu'honorable. Il le confirme notamment en équipe nationale (25 buts en 79 sélections), où il évolue un cran plus haut que ces dernières années en club.
Pour résumer, c'est un box to box moderne et il pourrait s'avérer très précieux au PSG dans sa quête, parfois vaine, d'équilibre collectif. Sa nature discrète a un peu occulté son rôle dans les succès de Liverpool ces dernières années. Pour ne rien gâcher, c'est un garçon à la mentalité exemplaire.