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Euro, polémique, départ du Barça... le drôle d'été d'Antoine Griezmann
Éliminé de l'Euro prématurément, impacté par la polémique de la vidéo d'Ousmane Dembélé et poussé vers la sortie par le Barça, Antoine Griezmann traverse une période singulière.
Ce n'est certainement pas l'idée qu'il s'était faite de son été. Redevenu protagoniste sous le maillot du Barça au printemps (7 buts et 1 passe décisive lors des douze dernières journées), Antoine Griezmann se voyait bien aller décrocher un second titre avec les Bleus, trois ans après le triomphe de la Coupe du monde en Russie, et ainsi imiter la génération Zidane, en parachevant un nouveau doublé historique, vingt ans plus tard.
Mais la formation de Didier Deschamps s'est fait sortir contre toute attente face à la Suisse, le 28 juin, en huitièmes de finale de l'Euro (3-3, 4-5 aux t.a.b.). Remplacé par Moussa Sissoko peu avant la fin du temps réglementaire, « Grizi » avait assisté depuis le banc, impuissant, à la prolongation puis à la séance de tirs au but fatale à l'équipe de France.
Buteur contre la Hongrie (1-1), lors du deuxième match de groupes, il avait auparavant contribué à la qualification, avant même le troisième round face aux Portugais (2-2), où il avait notamment laissé Karim Benzema frapper un penalty. L'attaquant du Barça n'a pas pris ombrage du retour en équipe de France du Madrilène, auquel il avait déjà offert un penalty en amical contre le pays de Galles (3-0), mais il n'a pas vraiment retrouvé son influence habituelle sur le jeu des Bleus, d'abord décalé sur le côté droit contre l'Allemagne (1-0), puis trouvant difficilement sa place au sein de ce trio qui promettait tant, avec Kylian Mbappé et l'avant-centre du Real.
Les dirigeants misaient sur lui encore récemment
Tombé sur une surprenante Nati, Antoine Griezmann (30 ans) a donc dû se faire à l'idée de partir en vacances plus tôt qu'il ne l'imaginait. Le Barcelonais a directement rallié sa ville natale de Mâcon - où vivent encore ses parents - depuis Bucarest, avant de se projeter sur une nouvelle saison sous le maillot blaugrana. Alors qu'il se ressourçait auprès des siens, la polémique née de la vidéo d'Ousmane Dembélé, filmée à l'été 2019 lors de la tournée réalisée avec le Barça au Japon (*), l'avait poussé à réagir sur Twitter (« Je me suis toujours engagé contre toute forme de discrimination [...] Je réfute avec fermeté les accusations qui me sont portées et je suis désolé si j'ai pu offenser mes amis japonais »).
Dans cette vidéo, on entend Dembélé tenir des propos insultants envers les Japonais sous le regard d'un Antoine Griezmann hilare.
Antoine Griezmann n'en avait pas fini avec les mauvaises nouvelles, puisqu'il apprenait par la suite que le Barça s'était mis en tête de s'en séparer afin d'alléger sa masse salariale. Il n'y a pas si longtemps, les dirigeants catalans ne songeaient pourtant absolument pas à vendre un joueur à qui il reste encore trois ans de contrat (juin 2024). Ils vantaient sa bonne attitude et ses performances encourageantes des derniers mois, qui laissaient augurer une troisième saison heureuse.
Leur souhait était alors d'en faire le futur leader technique de l'équipe et de le préparer à prendre le relais de Lionel Messi (34 ans). Consultés à propos de son avenir, ils rabâchaient le même message, même après l'intronisation de Joan Laporta et la restructuration de l'organigramme sportif, en mars. « Antoine est un élément clé de notre projet, on compte sur lui la saison prochaine », assurait la direction du club blaugrana.
« Antoine n'est pas prêt à accepter n'importe quelles conditions de départ, simplement parce que le Barça se retrouve dans une situation compliquée »
Un membre de l'entourage de Griezmann
Mais la situation financière chaotique du Barça (environ 1,2 milliard d'euros de dettes), née de la mauvaise gestion de la direction antérieure et accentuée par la pandémie, a chamboulé les plans. La ligue espagnole a durci le ton et exigé que le club catalan réduise sa masse salariale de plus de moitié (de 347 M€ à 160 M€). Pour prolonger Lionel Messi, même si ce dernier a accepté de baisser son salaire de plus de la moitié (qui était jusqu'à présent de 74,9 M€ net, primes non comprises), les dirigeants blaugranas se voient désormais dans l'obligation de se délester d'un gros salaire.
Or, le Barça a recruté deux autres attaquants (Memphis Depay et Sergio Agüero) et peine à trouver un point de chute à Martin Braithwaite, Philippe Coutinho, Miralem Pjanic ou encore Samuel Umtiti. Les Catalans s'activent sur le marché pour placer le Français, acheté 120 M€ à l'Atlético en 2019 et dont le salaire avoisine les 36 M€ bruts par an, soit environ 20 M€ nets. L'Atlético de Madrid, la Juventus Turin, Manchester City ou encore Tottenham ont ainsi été contactés.
Antoine Griezmann n'envisage qu'un retour à l'Atlético, où il a brillé de 2014 à 2019, sous les ordres de Diego Simeone. « Nous avons besoin d'un attaquant, si ce n'est pas lui, ce sera un autre », a déclaré hier le technicien argentin à AS, précisant qu'il entretenait « une très bonne relation » avec son ancien protégé. « Antoine n'est pas prêt à accepter n'importe quelles conditions de départ, simplement parce que le Barça se retrouve dans une situation compliquée », indique son entourage, alors que son club refuse pour le moment de compenser la baisse de salaire inhérente à un éventuel retour à l'Atlético.
Revenu à Barcelone la semaine dernière, Antoine Griezmann a repris l'entraînement mardi, sans se départir de son sourire. Avant de suivre une séance spécifique en compagnie de Clément Lenglet et Frenkie De Jong, il a eu droit à une accolade et quelques mots de bienvenue de la part de Ronald Koeman, son entraîneur, qui apprécie son état d'esprit autant que ses qualités et se verrait bien le conserver.