Les supporters colchoneros sont tiraillés entre rancoeur et engouement, alors que l'attaquant Antoine Griezmann pourrait retrouver l'Atlético de Madrid, deux ans après un départ douloureux.
Antoine Griezmann est lié à Barcelone jusqu'en juin 2024. (CREMEL BENJAMIN/L'Équipe)
Dans le football comme au cinéma, les suites ne sont pas toujours à la hauteur des premières parties. Fernando Torres (2001-2007, puis 2015-2018) et Diego Costa (2010-2014, puis 2018-2020), qui ont connu moins de réussite à leur retour à l'Atlético de Madrid, peuvent en témoigner. Alors que le FC Barcelone négocie avec le club colchonero pour qu'Antoine Griezmann (sous contrat jusqu'en 2024) fasse le chemin inverse de celui effectué à l'été 2019, dans le cadre d'un échange avec le milieu Saul Niguez, les supporters sont partagés sur ce possible come-back.
« Quand il est parti, ça a été un vrai coup dur, qui nous a fait très mal car on l'appréciait beaucoup, lâche Victor Rey, tenancier du bar El Rincon del Greco, un repaire de fans colchoneros situé à Carabanchel, l'un des districts de la municipalité madrilène. Je priais pour qu'il ne gagne rien avec le Barça. » Deux ans plus tard, une bonne partie des aficionados de l'Atléti n'a toujours pas digéré le départ de l'attaquant des Bleus, qui avait fini par filer en Catalogne, un an après avoir décliné les avances du Barça.
« C'est un pas en arrière, qui n'a pas de sens, sportivement et sentimentalement parlant, estime Marcos Martin, jeune employé administratif installé à Tolède (à 70 km au sud de Madrid), mordu du club depuis l'enfance. Au moment de son départ, il était Ballon de bronze (troisième du Ballon d'or France Football en 2018) et maintenant, il revient parce qu'il a échoué au Barça et qu'ils ne peuvent plus lui payer son salaire. On ne lui en veut pas pour son départ, car on a encore beaucoup d'affection pour de nombreux joueurs qui ont quitté le club, mais pour son comportement. »« Il y a des gens qui restent très fâchés contre lui, notamment pour avoir négocié avec le Barça dans le dos de l'Atlético, alors qu'on était encore en course pour la Ligue des champions », renchérit Ricardo Menendez, observateur avisé du club et responsable du blog « Esto es el Atleti ».
« Simeone parviendra à en tirer le meilleur, comme avant, contrairement à ce qui se passait à Barcelone, où il y en a un qui vampirise tout... »
Miguel Reina, ancien gardien de l'Atlético de Madrid de 1973 à 1980.
Si les supporters se montrent plutôt rancuniers, le son de cloche est sensiblement différent lorsqu'on se tourne vers l'une des légendes du club. « C'est toujours une bonne nouvelle que l'Atléti puisse récupérer des joueurs de ce calibre, juge Miguel Reina, qui a gardé les cages de l'Atlético de 1973 à 1980. Si Antoine revient à la maison, les gens devraient être heureux et se souvenir de tout ce qu'il a fait pour ce club. C'est un joueur qui peut faire beaucoup de bien à l'équipe, par son investissement sur le terrain. Je suis sûr que (Diego) Simeone parviendra à en tirer le meilleur, comme avant, contrairement à ce qui se passait à Barcelone, où il y en a un qui vampirise tout... »
Chahuté lors de son retour au Wanda-Metropolitano (1-0), en décembre 2019, le champion du monde peut s'attendre à des premières semaines tumultueuses, au cas où il enfilerait de nouveau la tunique de l'Atlético. « Les premiers matches, il se fera siffler et ce sera mérité, reprend Victor Rey, qui se dit toutefois fan du joueur et espère vivement son retour. Il devra reconquérir les supporters. Il y parviendra en marquant des buts et en se battant pour l'équipe, comme il l'a toujours fait sous les ordres de Simeone. On a besoin de joueurs comme lui pour aller loin en Ligue des champions. »
Son adaptation ne devrait en tout cas pas poser de problème dans le vestiaire, où il compte encore plusieurs alliés de taille. « Je suis persuadé que Diego Simeone et Koke, en tant que capitaine et ami, vont tout faire pour changer la perception du public », analyse Ricardo Menendez. Sa solide expérience, son fort caractère et ses performances devraient faire le reste.