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Ces joueurs qui portent Gérone vers les sommets
Vainqueur d'Osasuna ce week-end (4-2), Gérone propose un jeu offensif séduisant porté par des individualités en grande forme. Présentation des hommes clés d'un début de saison rêvé. Bien sûr, il y a le coach, Michel, qui fut un moins bon joueur mais semble être un meilleur entraîneur que son homonyme passé par l'OM. Mais les résultats de Gérone, vainqueur de dix de ses douze matches de Liga cette saison et qui possède la troisième attaque du Big 5, doivent aussi beaucoup aux joueurs, libres de s'exprimer dans un système très offensif. Entre révélations et confirmations, nombreux sont ceux capables de faire basculer les matches. En voici quatre.Aleix Garcia (milieu, 26 ans), l'indispensableÀ 20 ans, il commençait un match de Premier League dans un milieu à trois avec Fernandinho et Kevin de Bruyne à Manchester City. À 23, il jouait le maintien en Première Division roumaine avec le Dinamo Bucarest.
Joueur précieux dans un collectif mais qui ne fait pas de grandes envolées balle au pied, Aleix Garcia est dépendant de ses partenaires. Ceux qu'il avait à City bonifiaient ses passes mais étaient trop forts pour qu'il puisse gratter du temps de jeu. Alors l'ancien international Espoirs espagnol a dû redescendre quelques marches pour faire sa place.D'abord prêté par les Skyblues à Gérone, club dont le City Football Group est actionnaire à hauteur de 44 %, il a bourlingué en Belgique puis en Roumanie avant de retrouver la Catalogne, accompagnant la montée en puissance des Blanquivermells de la D2 aux sommets de Liga. Capitaine quand le défenseur David Lopez est absent, il est, selon Opta, le joueur impliqué sur le plus d'actions menant à un but en Europe (12). Il est aussi troisième au niveau des passes dans le dernier tiers du terrain (99), quatrième en ballons touchés (1072) et dans le top 10 en centres (78).Accompagné par le plus offensif Yangel Herrera dans l'entrejeu du 3-4-3 local, Garcia est à la fois capable de faire avancer le ballon depuis une position reculée, avec des transversales d'une précision redoutable et passes en profondeur, et d'être menaçant aux abords de la surface adverse - notamment via des centres plongeants. Avec trois buts et quatre passes décisives, celui dont le jeu peut être comparé à Joshua Kimmich est bien plus qu'une courroie de transmission qui régule le tempo. Même s'il n'est pas d'une incroyable mobilité et que son abattage défensif n'égale pas celui de son prédécesseur Oriol Romeu, la balance bénéfice-risque de son placement devant la défense est largement positive.Daley Blind (défenseur, 33 ans), le revenantComme Aleix Garcia, qu'il rejoint souvent au milieu en possession du ballon, il veut sans cesse faire avancer le jeu. Et comme l'ancien Barcelonais Eric Garcia, qui évolue avec lui en défense, ses lacunes dans la gestion de sa propre surface se voient parfois plus que toutes les fois où il permet d'aller dans celle de l'adversaire. Daley Blind, qui n'était pas bien rapide dans sa jeunesse mais l'est encore moins maintenant qu'il a l'âge du Christ, n'a jamais autant brillé qu'avec l'Ajax, où il a lancé sa carrière avant d'aller à Manchester United, puis l'a relancée après. À la suite de l'échec de son passage au Bayern lors des six derniers mois de la saison écoulée, où il n'a quitté le banc qu'à cinq reprises toutes compétitions confondues, l'affaire semblait entendue : l'histoire était belle mais touchait à sa fin.Oui mais voilà, si Blind ne sait effectivement pas défendre, il n'a pas perdu ses qualités de relanceur en route. Un profil de casseur de lignes qui ne convient pas forcément à une défense à quatre, encore moins comme latéral gauche que comme défenseur central, mais s'avère idéal lorsqu'il y a deux autres axiaux pour couvrir ses chevauchées. Gérone a fait le pari de le laisser s'exprimer en se disant que, dans un Championnat où la moitié des équipes pensent d'abord à ne pas encaisser de but, le salut viendrait de l'attaque. Une idée pour l'instant brillante.Libre de se balader sur toute la partie gauche du terrain, il permet d'attaquer en nombre et talonne Aleix Garcia sur la plupart des statistiques de création (deuxième de Liga en passes dans le dernier tiers, troisième en touches de balle) et le devance question dépassement de fonction (sixième en mètres gagnés avec le ballon). Il domine aussi la plupart des défenseurs du monde dans le domaine - plus difficilement mesurable - des gestes incitant ses partenaires à se déplacer à certains endroits. Pas étonnant pour un chef d'orchestre.Savio (ailier gauche, 19 ans), le dribbleurTandis que son club actuel prenait la tête de la Liga, celui auquel il appartient sortait de la zone rouge en Ligue 2. Être prêté à un club beaucoup plus fort que le sien : voilà la drôle de situation vécue par Savio, recrue la plus chère de l'histoire de Troyes mais qui n'en a jamais porté le maillot. Et qui ne devrait jamais le faire tant le Brésilien, qui totalise aujourd'hui 3 buts et 4 passes décisives en Championnat, semble destiné à s'installer au très haut niveau.Connu sous le nom de Savinho à son arrivée en Europe, le joueur désormais âgé de 19 ans avait eu du mal à se faire une place au PSV la saison dernière. Ce premier prêt, que les dirigeants troyens avaient justifié par l'envie de le voir évoluer dans un Championnat plus ouvert que la Ligue 1, il l'avait surtout vécu en tant qu'observateur. Entré à six reprises en Eredivisie et jamais plus d'une demi-heure, il semblait alors un peu léger pour le haut niveau... tout en étant trop fort pour la D2, qu'il dominait lors de ses neuf titularisations avec la réserve. Autant dire que, sur le papier, rien ne garantissait qu'il brille en Espagne.Il est pourtant immédiatement devenu un joueur essentiel à une équipe où il est le principal provocateur balle au pied. Ses 27 dribbles réussis (plus du double de tous ses partenaires et deuxième total de Liga), à un très honorable 45 % de réussite, sont essentiels pour casser les blocs adverses. Ils sont surtout faits dans un cadre anachronique dans le football actuel puisque Savio est un ailier gaucher qui joue à gauche.Contrairement à tous ceux qui évoluent en « faux pied » et reviennent vers l'intérieur, lui mise sur son explosivité pour surprendre les défenseurs, déborder le long de la ligne de touche et centrer en bout de course. Sa capacité à accélérer et à faire le bon choix en sortie de dribble, déjà très avancée pour son âge, rappelle les meilleurs moments de Douglas Costa au Bayern sous les ordres de Pep Guardiola. « Si je suis performant, City me voudra », a lâché Savio le mois dernier. Un discours ambitieux mais un avenir très plausible.Artem Dovbyk (26 ans, attaquant), le finisseurQuatorze buts en 17 matches il y a deux saisons, 24 en 30 rencontres lors de la précédente : si une incertitude accompagnait le talent d'Artem Dovbyk, elle concernait plus sa capacité à s'adapter à un grand Championnat que son aptitude à marquer. L'attaquant ukrainien, qui a empilé les pions au pays avec le Dnipro, était apparu sur les radars en qualifiant son pays pour les quarts de finale de l'Euro 2020 grâce à un but de la tête inscrit dans le temps additionnel face à la Suède. Une réalisation fêtée en enlevant son maillot, dévoilant alors un corps musculeux qu'on imagine bien utile pour batailler dans la surface.Depuis, rien n'a changé : Dovbyk continue d'aller à la salle et il est toujours menaçant dans les airs une fois dans la surface. Avec six buts et quatre passes décisives en seulement 648 minutes, il n'est devancé en Europe que par Harry Kane (Bayern) et Sehrou Guirassy (Stuttgart) question productivité rapportée au temps de jeu. Trois de ses finitions et l'une de ses offrandes sont venues du front de celui qui est annoncé à 1,89 m et 88 kg... et qui n'a pourtant gagné que 10 des 28 duels disputés en haute altitude. Un paradoxe facilement explicable : s'il peut batailler avec les défenseurs, il est surtout très mobile et sait se démarquer.À l'image d'Alexander Sorloth, golgoth croisé il y a quelques semaines lors du succès à Villarreal et qui aime également décrocher, le gaucher n'a pas le jeu de son physique. Tantôt faux numéro 9 qui fait le lien avec le milieu et réussit de subtiles déviations en une touche, tantôt sprinteur dont les appels en profondeur étirent la défense, il coche beaucoup de cases de l'attaquant de haut niveau.Il n'a pas LA qualité qui, à l'image de son remplaçant, le létal vétéran Christian Stuani (108 buts en Championnat avec Gérone depuis 2017), le rendrait incontournable ? Peut-être. Mais, comme ses partenaires, de son complet compatriote Viktor Tsyhankov au milieu au latéral droit brésilien Yan Couto qui marche dans les traces de Dani Alves, il ne donne pas l'impression de surjouer. Et montre pourquoi le tube de l'été traverse aussi bien l'automne.lire aussiToute l'actualité de la Liga
L'Equipe