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Pourquoi le Barça peut rêver d'un sponsor record pour son maillot
Le club catalan négocie avec de nombreux candidats le sponsoring de son maillot à partir de la saison prochaine. Dans un contexte difficile mais non sans atouts. Au point de signer un deal record ? Cacher moins pour gagner plus ? Si le Barça laisse fuiter les identités des entreprises candidates au sponsoring de son maillot, c'est peut-être pour faire monter les enchères sur ce contrat commercial capital pour le club. Ce serait de bonne guerre alors que se rapproche l'heure du choix du successeur de Rakuten, le géant japonais du commerce en ligne qui barre la tunique bleu et grenat depuis 2017 et dont le contrat s'achève en juin, tout comme celui du Turc Beko (gros électroménager) qui orne sa tenue d'entraînement pour la 8e année (2014).lire aussiComment le Barça a réussi à recruter Ferran TorresLa presse catalane se fait ainsi l'écho depuis plusieurs semaines de rendez-vous de hauts dirigeants du club avec plusieurs entreprises ambitieuses.
Toutes sont issues de la nouvelle économie, à laquelle paraissent promis, ensemble ou séparément, la face avant du maillot, sa manche gauche et donc le maillot d'entraînement. Le grand d'Espagne est certes en panne sportive et en grande difficulté financière (pertes de 480 M€ en 2020-2021, dette colossale de 1,35 Mds€), mais son aura mondiale reste un atout formidable. Une annonce est attendue en février.Cryptomonnaie « verte » et streaming musicalLes quotidiens Ara, Sport et Mundo Deportivo ont tour à tour évoqué l'intérêt de VeganNation, une start-up israélienne basée à Londres qui promeut la culture vegan et une cryptomonnaie « verte » (GreenCoin) ; la même entreprise mais en association avec le groupe chinois de jeux vidéo et de réseaux sociaux Tencent ; Polkadot, le promoteur d'une autre cryptomonnaie (Dot) ; Spotify, enfin, le spécialiste suédois du streaming musical, leader sur son marché, dont le fondateur, Daniel Ek, est un fan... d'Arsenal et prêt à racheter le club londonien s'il était mis en vente.Ces indiscrétions s'accompagnent de chiffres impossibles à vérifier.
Selon Sport, lundi, le Barça estime que les trois emplacements (face avant et manche gauche, maillot d'entraînement) pourraient être valorisés 100 M€. A son meilleur, le contrat avec Rakuten (face avant seulement) rapportait 55 M€, mais il a été prolongé cette saison, dans le contexte du Covid-19, à un niveau bien moindre (30 millions environ).De même, Manchester United, champion historique des deals commerciaux, a dû accepter une réduction sensible en passant en début de saison du constructeur automobile américain Chevrolet (72 M€) au concepteur allemand de logiciels TeamViewer (55 M€). Un deal sur 5 ans également négocié en pleine pandémie par un club lui aussi moins performant sur le plan sportif lors de ces dernières saisons.Globalement, selon une étude de novembre 2021 du cabinet de conseil anglo-néerlandais KPMG, le montant moyen des accords de sponsoring maillot noués par les clubs du « Big 5 » a légèrement reculé depuis le début de la pandémie (-1 %). Surtout, les accords sont signés pour des durées moins longues (de 2,6 ans à 1,8 an en moyenne), signe de la « prudence accrue des sponsors quant à l'immobilisation de leurs fonds sur des horizons à plus long terme », selon l'analyse de KPMG.Concentration du sponsoring sur les tops clubs
En dépit de sa méforme actuelle sur le terrain (5e de Liga, absent des huitièmes de finale de la Ligue des champions) et des incertitudes sanitaires persistantes, le Barça a de sérieux atouts à faire valoir. En premier lieu son appartenance au petit cercle des tops clubs qui concentrent de plus en plus les investissements des partenaires du football, qu'il s'agisse des sponsors maillots ou des équipementiers. C'est une (r) évolution de l'économie du football, moins souvent soulignée que l'explosion des droits télé mais plus spectaculaire encore.« Sur la période 2012-2017, plus de la moitié de l'augmentation des recettes des dix plus grands clubs européens a correspondu à l'augmentation des recettes commerciales, en grande partie liée à l'internationalisation des clubs », souligne Bastien Drut dans Mercato - L'Économie du football au XXIe siècle (Bréal, 2018). Cette très forte poussée des recettes de sponsoring « provient essentiellement de deux facteurs : la bataille de plus en plus acharnée des équipementiers pour séduire les grands clubs et la mondialisation des contrats de sponsoring, notamment grâce aux réseaux sociaux », point fort du Barça.
Sur ce critère du rayonnement, le club, qui compte quelque 300 millions de followers (le double du PSG qui vient de franchir le cap des 150 millions), a de quoi aimanter les marques. Sa notoriété en fait le complice naturel des enseignes dont les ambitions épousent sa propre présence sur les marchés de développement du football, Amérique du Nord et Asie.Quand le Barça payait son « sponsor »Un coup d'oeil dans le rétro permet de mesurer le chemin parcouru par le football business en une décennie. Et singulièrement par le FC Barcelone. En décembre 2010, huit jours après que le Qatar a sidéré la planète en obtenant l'organisation de la Coupe du monde en 2022 (21 novembre-18 décembre), le Barça confirmait que son maillot légendaire porterait le nom de la Qatar Foundation pendant cinq ans à compter de la saison suivante.
Une révolution pour le « plus qu'un club » : de toute sa longue histoire (1899), le club n'avait encore jamais accepté de froisser la virginité de sa tunique - et l'amour-propre de ses socios. Seul le logo de l'Unicef, le fonds des Nations unies pour l'enfance, auquel le club versait 2 millions par an, s'y était fait une place originale, en 2006.Quatre ans plus tard, le deal XXL (33 M€ par an) noué avec Qatar Sports Investments (QSI), futur propriétaire du PSG, plaçait le maillot du Barça au sommet de la pile des plus chers du continent. Loin devant ceux de Manchester United, du Real Madrid et du Bayern Munich qui touchaient alors un peu plus de 20 millions d'euros annuels de sponsors issus des assurances, des paris sportifs et des télécoms.Le Barça de Guardiola régnait alors sur l'Europe et la mondialisation commençait à donner des ailes aux grandes marques du foot. Le Barça de Xavi peut-il, à son tour, conclure un accord record ? Ce serait peut-être une surprise dans le contexte actuel mais sûrement une aubaine pour ses finances, le signal de leur remontada.lire aussiLe classement de la Liga
L'Equipe