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Pour la saison de son centenaire, Monaco est-il un concurrent crédible pour le titre de champion ?
Au lendemain de son centième anniversaire, l'AS Monaco effectue samedi son premier gros déplacement de la saison, à Lyon, où elle pourra mesurer ce dont elle est capable cette saison. Et jusqu'où elle peut rêver.
Dans trois mois, il sera peut-être déjà trop tard pour se poser la question : le PSG peut-il perdre son titre, ou au moins être perturbé dans sa conquête, et si c'est le cas, par qui ? La seule tête qui dépasse vraiment à ce jour est celle de l'AS Monaco, née le 23 août 1924 et qui fête son centenaire ce vendredi, pour sa régularité au plus haut niveau - huit fois sur le podium sur les dix dernières saisons -, sa capacité d'investissement permanente et autonome, et ses façons de se réinventer à chaque début de saison avec justesse et jeunisme, même s'il y a parfois des ratés.
Il y a un an, l'AS Monaco avait dominé le Championnat jusqu'à fin octobre. Elle avait inscrit 23 buts lors des neuf premières journées de L1, laissant flotter l'idée qu'avec autant de panache, un match avec le PSG serait possible. Mais elle avait craqué très tôt, à la fois victime de son surrégime de début de saison et du déséquilibre flagrant entre son attaque de feu (la deuxième de L1 à l'arrivée) et sa défense en bois (7e de L1). De match avec Paris, il n'y a finalement pas eu, et l'équipe d'Adi Hütter, réveillée par un changement de gardien de but décisif en février (Radoslaw Majecki à la place de Philipp Köhn), a dû se contenter de la deuxième place.
75 M€ de dépenses sur le mercato
Évidemment, personne à Monaco ne chantera que l'objectif sera cette saison de faire mieux. Mais puisque le PSG vient de perdre sa machine à marquer quarante buts par saison, ce qui l'inscrit dans une période de transition pour au moins quelques semaines, et que l'ASM a encore acheté pour 75 M€ de joueurs, ça ne coûte rien de croire à un possible frisson. Après tout, qui aurait imaginé en août 2016 que Paris ne serait pas champion de France neuf mois plus tard, finalement devancé par Monaco, et, plus surprenant encore, que Lille allait lui souffler le titre, en mai 2021...
En battant Saint-Etienne 1-0 lors de la première journée, le week-end dernier, les vice-champions de France n'ont pas vraiment marqué les esprits. Bien moins qu'à Barcelone, il y a deux semaines, où leur succès 3-0 sur le Barça dans le Trophée Joan Gamper avait fait forte impression à la presse catalane. Contre les Verts, ils ont même été plutôt chanceux que le VAR vienne refuser un but à Ibrahim Sissoko pour un hors-jeu en début d'action qui avait échappé à tout le monde. Mais Monaco - avec Köhn plutôt que Majecki, blessé - n'a pas pris de but, ce qui est une avancée notable dans sa quête défensive, l'enjeu numéro un de la saison.
Sous réserve d'éventuels transferts et du départ possible de Vanderson, l'ASM compte douze défenseurs dans son effectif. Huit sont internationaux A (Caio Henrique, Jakobs, Kehrer, Maripan, Salisu, Singo, Teze et Vanderson), deux sont médaillés d'argent aux JO (Magassa et Matsima) et les deux derniers sont en équipe de France chez les jeunes (Ouattara en U20 et Mawissa en U19), ce qui devrait suffire à Hütter pour gagner en solidité.
« On a changé notre effectif et je crois que c'était nécessaire », confiait jeudi l'entraîneur autrichien, lequel s'est félicité du talent brut de la nouvelle vague récemment débarquée sur le Rocher, Christian Mawissa (19 ans), Lamine Camara (20 ans) et George Ilenikhena (17 ans). De la capacité de Jordan Teze (24 ans, PSV Eindhoven), la dernière recrue en date, d'évoluer à plusieurs postes de la défense. Ou du retour de suspension de Wilfried Singo, qui permettra plus facilement à son coach de passer d'une défense à quatre à une défense à trois, comme il l'a fait si souvent la saison dernière. Dès samedi soir contre Lyon, dans le premier choc de la saison entre candidats au podium ?
« Je ne veux pas donner trop d'indices, a souri Hütter. Ce match à Lyon est un choc pour nous. Ils ont l'effectif pour se qualifier en Ligue des champions et Lyon a été la deuxième meilleure équipe de la phase retour, la saison passée. » Dans son come-back improbable vers la sixième place, l'OL avait d'ailleurs épinglé l'ASM (3-2), au printemps dernier au Groupama, où les Monégasques avaient encore pris trois buts. Pour tenir la route en C1, et espérer tenir la cadence parisienne en Championnat le plus longtemps possible, il faudra perdre ces mauvaises habitudes et conserver les bonnes : continuer à jouer et à marquer.
C'est beaucoup leur demander, c'est vrai, et encore plus depuis le départ de Wissam Ben Yedder. Il y a quatre mois, à Lyon, l'ancien capitaine de l'ASM avait inscrit les deux buts de son équipe, frôlé le triplé et failli rapporter un point à lui tout seul. « Si Wissam n'avait pas été hors-jeu de quelques centimètres, il nous aurait donné l'avantage à Lyon », se souvenait cette semaine Hütter. Un brin nostalgique ?