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Enfin l’Amérique ?
Lyon vit un moment clé de son histoire avec l’arrivée de John Textor, un propriétaire venu des États-Unis. L’équipe doit aussi se relever d’une saison catastrophique. Hervé Penot
Franchement, il fallait se pincer, en ce jour de juin, dans l’auditorium du Groupama Stadium, stade symbole de sa présidence, quand Jean-Michel Aulas a adoubé comme son successeur l’Américain pur jus John Textor, modelé par l’idée d’une expansion des finances du foot via le secteur virtuel. Qui aurait imaginé, il y a quelques années, au fil d’une ascension exceptionnelle, de sept titres d’affilée de champion (2002-2008), le départ programmé d’un mythe du foot français ?
On n’en est pas encore là mais on prend le chemin d’une sortie inévitable dont on ne mesure pas encore les conséquences sur le club et sur la ville, tant l’OL aura incarné une certaine idée de l’excellence avec ce rond de serviette permanent à la table des grands d’Europe. Le temps s’enfuit, Aulas (73 ans), comme les autres, ne pouvait être éternel. Il va passer la main, tout en conservant, à première vue, son rôle pendant trois ans a minima. Un moindre mal.
Ses débuts en D2 en 1987, sur les conseils de Bernard Tapie, son « cornaqueur », cette domination hexagonale féroce, ces soirées festives à Saint-Tropez dans le prolongement de ces sacres nationaux au début des années 2000, ces conférences de presse où il triturait parfois – voire souvent – la vérité en ardent défenseur de son institution, resteront quelques souvenirs qui nous reviennent des grandes années Aulas.
Bosz a la pression d’entrée
L’OL entre aujourd’hui dans une nouvelle dimension. Le sourire de Textor, sa bonhomie, ses idées ont séduit Aulas, l’ont aussi rassuré, comme le glissait un membre de sa famille en marge de l’introduction du futur boss.
Réussir sa sortie restait une obsession chez Aulas depuis le départ de IDG Capital et Pathé, ses deux actionnaires principaux, notamment celui de Jérôme Seydoux, son acolyte des jours heureux, le partenaire qui lui avait permis de rapatrier Sonny Anderson du Barça, départ en 1999 de la folle aventure.
Mais avant d’arriver au bout du bout, Aulas espère remonter le navire amiral fracassé dans les eaux troubles du Championnat, la saison dernière. Il a vu filer Juninho en décembre, une greffe qui n’aura finalement pas pris avec son idole brésilienne nommée directeur sportif, puis l’Europe dans un enchaînement de couacs rares.
C’est la première fois au XXIe siècle, si l’on excepte la saison ayant suivi celle écourtée par le Covid (2020-2021) et une sortie lors des barrages de la Ligue Europa (2014-2015), que l’OL regardera les milieux de semaine à la télé. Cela fait d’autant plus désordre que Peter Bosz, l’entraîneur néerlandais, débarquait avec une aura de grand technicien, des principes façonnés par son modèle Johan Cruyff et un recrutement à première vue XXL avec Jérôme Boateng, Xherdan Shaqiri et Emerson, tout juste champion d’Europe avec l’Italie. En dépit de tout ça, l’équipe a implosé, les idées du Néerlandais se sont perdues et l’équipe a scellé son naufrage à la huitième place.
Les décideurs ont pourtant redonné sa chance à Bosz, confiants dans le fait qu’il trouvera enfin la clé, un choix surprenant mais qui se révélera peut-être comme la victoire de la patience, d’une certaine vision du foot.
L’entraîneur se sait sur un siège éjectable en cas de mauvais résultats en août. D’où sa volonté d’utiliser pendant la préparation tous les hommes amenés à rester et laisser les déclassés à disposition d’une équipe bis. Léo Dubois, capitaine d’un temps, a compris le message et trouvé un point de chute (Galatasaray), mais d’autres attendent en stand-by (Boateng, Aouar, Dembélé…), convaincus, s’ils restent, que le vent tournera.
L’OL a surtout rameuté la vieille garde des Gones avec Corentin Tolisso et Alexandre Lacazette, un coup énorme pour les supporters et pour la L1. Si l’on ajoute Nicolas Tagliafico, latéral gauche argentin, voire Tetê, arrivé en mars à court de condition, Lyon, délesté des fatigues continentales, entame cet exercice avec un effectif maous, même si Lucas Paqueta pourrait partir. Aulas aimerait assurément replacer son OL tout en haut avant de le voir d’un peu plus loin…
L'Equipe