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Cherki, une adaptation si compliquée...
Le jeune Lyonnais a du mal à assimiler le jeu de Peter Bosz mais il pourrait profiter de l'absence actuelle de concurrence pour être titulaire samedi contre Brest.
Rayan Cherki durant la préparation estivale. (A. Réau/L'Équipe)
Dans l'esprit de Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique Lyonnais, Rayan Cherki représente l'avenir du club, son diamant brut, le successeur désigné de Karim Benzema, parti rejoindre le Real Madrid, en 2009, comme un symbole de la grandeur de la formation locale. Cette saison doit être celle de son éclosion, une forme de prise de pouvoir, à bientôt 18 ans (le 17 août), après une année où il a goûté véritablement à l'élite avec 5 titularisations en L1 et 22 entrées. Ce plan de carrière pourrait pourtant être retardé...
Peter Bosz, le nouvel entraîneur lyonnais, n'a pas tout à fait la même vision que son président, et c'est un euphémisme. Les caractéristiques de Cherki ne correspondent pas à ce que demande le technicien néerlandais. Il l'a souvent repris durant les entraînements, lui reprochant de ne pas faire ce qui lui était demandé, de ne pas répéter ses consignes. Sa chance actuelle ? Il n'y a quasiment aucune concurrence à son poste, Maxwel Cornet devant rester comme latéral gauche vu les absences, Tino Kadewere étant simplement en phase de reprise.
La philosophie de jeu de Bosz ne correspond pas à ses caractéristiques
Cherki a, en fait, beaucoup de mal à assimiler les principes de Bosz, cette nécessité de rester sur l'extérieur, de faire un travail de pressing collectif, non individuel, de déclencher au moment opportun ses courses. Après la défaite à Porto (3-5), à la suite d'une question d'un journaliste sur les bonnes choses réalisées par Cherki durant cette rencontre, Bosz avait répondu : « Il a fait des bonnes choses mais aussi de mauvaises. » Il faut s'attacher à cette deuxième partie de la phrase qui correspond plus à son ressenti de la préparation. Et l'entraîneur n'est pas du genre à faire des concessions - on le voit avec Thiago Mendes envoyé en N2 - ou à dévier de ses principes. L'OL a engagé un coach qui a une philosophie et elle ne correspond pas aux caractéristiques actuelles de Cherki. Il parle à son joueur pour expliquer ses desiderata, le cadrer. Mais pas simple pour l'espoir lyonnais, toujours mis en avant pour son talent brut, de changer de logiciel en un éclair. Cherki, lui, ne s'imagine pas spécialement en difficulté, d'où un décalage de perception.
L'an passé, les éducateurs du club ne préféraient pas le voir revenir en Youth League par crainte de devoir le gérer. Rudi Garcia, qui appréciait pourtant Cherki, s'était alors énervé et il était redescendu donner un coup de main à l'étage inférieur... À force de tout lui passer, en estimant posséder une pépite, le club ne l'a pas aidé à prendre les meilleures habitudes. Les réseaux sociaux ont aussi façonné Cherki en héros, multipliant les séquences de ses exploits individuels. Bosz se moque de tout ça. Ses victoires seront collectives ou ne seront pas. Et chacun de ses hommes devra réciter sa partition.
Son oeil totalement extérieur, avec des idées neuves, va peut-être aussi aider l'OL à évoluer. Et Cherki à gagner ce qui lui manque. Il ne devra pas se contenter de gestes techniques, aussi beaux soient-ils, mais s'insérer, ne pas jouer sa mélodie en dehors de celle de l'équipe. Pour l'instant, Cherki ne se fond pas dans le cadre. Il va devoir intégrer cette réalité pour trouver sa place. L'arrivée de Bosz peut être pour lui le moyen de progresser s'il digère ses principes. Il en va de son poids dans le futur de cet OL. Sinon, il pourrait se retrouver vite en difficulté et son temps de jeu ne pas exploser...