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Bosz prêche dans le vide
Dans une L1 où rien n’est jamais perdu, l’OL reste uni, pour l’instant, derrière son coach. Sauf sur le terrain, où il ne se passe presque rien et où les cadres n’assument pas tous leur part. Bosz prêche dans le vide
VINCENT DULUC
La défaite inattendue de Nice face à Clermont (0-1) a quelque peu modifié le tableau général, pour l’OL, parce que les Lyonnais reviendraient à cinq longueurs du podium en cas de victoire sur les Aiglons, samedi prochain. Mais elle n’a rien changé des manques de l’OL, réapparus dans les grandes largeurs, samedi, à Monaco (0-2), quatre jours après la victoire sur l’OM (2-1), au cœur d’une semaine qui n’aura pas dit où se situait la vérité de l’équipe rhodanienne. Chacun sait Peter Bosz sur un fil, au-dessus du vide où glisse trop souvent le jeu de son équipe, et si la victoire contre Marseille l’avait ramené vers la tranquillité, le voilà de nouveau confronté au vertige.
Il n’est pas plus menacé cette semaine que la précédente, pas moins non plus ; à partir du moment où le président Jean-Michel Aulas et son directeur du football Vincent Ponsot l’ont soutenu dans ces proportions, à la trêve, il faudra que le podium soit inaccessible pour que la question se pose vraiment, sans doute.
Mais le revers à Monaco, samedi soir, marque un tournant. Parce que nombre des soutiens de l’entraîneur de l’OL n’ont pas compris ses choix, et parce que l’euphorie et l’énergie nées de la victoire renversante sur l’OM ont été emportées au premier vent, ce dont il est en partie responsable.
Il n’y a rien de plus difficile dans une saison à l’envers que de créer une nouvelle dynamique. La manière dont elle était arrivée après la victoire sur l’OM était presque miraculeuse et Peter Bosz a sans doute eu le tort de ne pas suivre ce sillon, préférant revenir aux choix qui n’avaient pas fonctionné face aux Marseillais en première période, cette équipe avec ceinture et bretelles, deux arrières droits, deux arrières gauches, mais pas d’idées, pas d’âme et pas de jeu.
Pas de progression réelle mais une stagnation dans l’inconstance
La lecture de la première période a débouché sur un dialogue de sourds jusqu’en conférence de presse, ce qui n’est ni très grave ni la première fois. Mais on dirait qu’au-delà, il y a eu un doute, puisque Peter Bosz a affirmé contre l’impression générale qu’il avait joué à quatre derrière en première période – « On a joué avec Malo (Gusto) très haut, et Léo (Dubois) a joué côté droit » –, alors que Tanguy Ndombele, au micro de Prime Video, a paru exprimer autre chose (« le changement tactique à la mi-temps nous a un peu plus aidés »), en référence au basculement clair en 4-4-2, ou 4-2-3-1.
Cela suggère que soit personne ne le comprend, soit personne ne l’écoute, même si tout le monde l’a bien entendu crier très, très fort, à la mi-temps, à Louis-II. Alors que 2022 marque son meilleur passage en L1 (10 points sur 15 possibles), en dépit d’une seule mi-temps de bon football, il est difficile de savoir sur quoi l’OL peut s’appuyer durablement pour revenir dans la course au podium, en dehors de l’impact de Ndombele et Faivre sur les matches retour. La défaite à Monaco et surtout le naufrage mental, tactique et collectif du premier quart d’heure confirment clairement qu’il n’y a pas de progression réelle, juste une stagnation dans la médiocrité ou l’inconstance, alors que Bosz a renié nombre de ses anciens principes, se détournant ainsi de l’origine de la séduction.
Mais si la révolution espérée l’été dernier et patiemment attendue par l’environnement du club n’a pas eu lieu, pour l’instant, il est évident que les joueurs ne méritent pas de pouvoir se cacher derrière leur entraîneur et d’être ainsi épargnés par les flèches. Ils diront un peu plus d’eux-mêmes face à Nice, samedi, et, avec le retour de Toko Ekambi de la CAN, Bosz aura vraiment le choix. Il a beau assurer que le système n’avait rien à voir avec la défaite en Principauté, on ne jurerait pas, quand même, que l’on va revoir le système.
L'Equipe