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Ligue 1 - Avant son passage face à la DNCG : L’OL embourbé dans la multipropriété avec presque 500 millions de dette
Alors que l'OL va passer devant la DNCG ce vendredi, Eagle Football Group, la société mère de l'Olympique lyonnais, a publié la semaine passée des résultats financiers qui ont de quoi inquiéter les fans lyonnais. Avec une dette qui a grimpé jusqu'à 463,8 millions d'euros, l'OL affiche des comptes qui peuvent étonner après les ventes de ses actifs. Mais c'est aussi ça le lot de la multipropriété.
Un vent d'inquiétude souffle dans les rangs des supporters lyonnais. La raison ? La publication des comptes d'Eagle Football Group (anciennement OL Groupe), la société mère de l'Olympique lyonnais, la semaine passée. Avec au sein de ceux-ci, un endettement net de la trésorerie qui s'est creusé pour passer de 404,4 à 463,8 millions d'euros. Et une phrase en toute fin du communiqué de l'OL qui sème le doute. "Les commissaires aux comptes du groupe envisagent d'émettre une impossibilité de certifier sur les comptes sociaux et consolidés d'Eagle Football Group". De quoi s'interroger sur la santé financière du club lyonnais mais aussi sur sa place au coeur d'Eagle Football, la holding de John Textor.
Alors que la DNCG va se pencher sur cette affaire vendredi selon L'Equipe et que le multimillionnaire américain va encore devoir convaincre le gendarme financier du football tricolore, l'OL semble encore bien fébrile avec une santé financière alarmante. "Il n’y a pas assez de revenus et de capitaux propres. (…) Quand on regarde le bilan, il y a à la fois des difficultés au niveau du compte de résultat et au niveau du bilan. Pour ce dernier, on voit bien que les fonds propres sont très faibles. Et donc, l'endettement est nettement supérieur à l'actif. Je pense que c'est ça qui pose question à la DNCG. C'est-à-dire que c'est le risque de solvabilité, lance Luc Arrondel, chercheur au CNRS et spécialiste de l'économie du football. D'ailleurs, si les commissaires n'ont pas certifié les comptes, ça veut dire qu'il y a des incertitudes au niveau de la survie de l'entreprise".
Etonnant en ayant vendu autant d'actifs
Des incertitudes qui font évidemment trembler n'importe quel amoureux de l'institution rhodanienne. Mais à l'heure actuelle-là, Lyon, où un plan social visant 90 départs est à l’étude, ne semble pas non plus dans la situation des Girondins de Bordeaux, qui ont déposé le bilan en juillet dernier. Mais le risque d'être sanctionné par la DNCG est bien réel. "Il faut vraiment avoir accès aux comptes de manière précise (ndlr : pour analyser tout cela et se faire une idée). Cependant, il y a différents degrés dans les mesures de la DNCG (si les garanties apportées ne rassurent pas l'instance). Vous pouvez être interdit de recrutement, avoir votre masse salariale encadrée ou être relégué de manière administrative. Mais pour cette dernière sanction, on n'en est pas là même si je le répète : il faudrait avoir accès aux comptes de manière plus approfondie", estime Luc Arrondel.
Cependant, une impression reste : celle que l'OL n'est pas forcément gagnant à l'heure actuelle dans la galaxie Eagle, qui possède aussi Botafogo, Molenbeek ou encore 45% de Crystal Palace. "Quand vous vendez une partie de vos actifs comme Lyon l'a fait avec l’OL féminin, l’OL Reign (ndlr : en mars 2024 contre 54 millions) ou la LDLC Arena (ndlr : en juin, estimée à 160 millions), c'est en partie pour rembourser une partie de vos dettes. Et là, visiblement, l'endettement a augmenté, s'étonne le chercheur spécialiste de l'économie du football et de la multipropriété. C'est étonnant en ayant vendu autant de choses qu'on soit encore avec des capitaux propres aussi faibles. Et un endettement aussi important. (…) Et c'est vrai qu'on se pose la question de savoir pourquoi ce n'est pas Lyon qui en a profité. (…) Il y a des mouvements qui se font entre la holding et l’Eagle Football Group (ex : OL Group) qui peuvent aussi expliquer une partie de l'endettement. Parce que peut-être qu'une partie des fonds qui devaient aller à l'Eagle Football Group a été ailleurs."
Lyon s’est séparé de certains de ses trésors de guerre amassés sous la gouvernance de Jean-Michel Aulas notamment. Sans en profiter pleinement visiblement. Mais c'est aussi ça le lot des formations impliquées dans une multipropriété. Certains efforts financiers ne se retrouvent pas forcément à 100% dans les caisses de votre club mais peuvent servir la maison-mère à d'autres fins.
Et si John Textor a promis d'apporter du cash grâce à la vente de ses parts de Crystal Palace ou encore avec l'entrée à la bourse de New York en début d'année d'Eagle Group ("Mais ça ne sera pas forcément qu'au bénéfice de l'Olympique Lyonnais. Puisque dans ce portefeuille, il y a aussi les autres clubs du groupe", rappelle Luc Arrondel), une chose semble aujourd’hui actée : Lyon va devoir encore faire des sacrifices en vendant ses joueurs. Et non des moindres, ce qui ne l'aidera sûrement pas dans sa quête de qualification pour la lucrative Ligue des champions dont l'argent ne serait pas de trop pour aider les comptables du club…