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John Textor, le propriétaire de l'OL : « Nous sommes chaque jour plus forts »
Le propriétaire de l'OL se félicite de son choix d'avoir confié le poste d'entraîneur à Pierre Sage, l'homme qu'il fallait à ses yeux pour sauver le club de la relégation. Sur ce sujet comme sur les autres, l'Américain a déroulé un discours optimiste.
Très occupé par le mercato, qu'il surveille à distance, et en relation permanente avec son directeur sportif David Friio, John Textor a pris le temps, lundi après-midi, de balayer l'actualité de l'OL pour L'Équipe. L'Américain de 58 ans a prévu de voyager jeudi à Lyon, où il multipliera les rendez-vous jusqu'au match contre l'OM, dimanche soir au Groupama Stadium. Depuis son bureau sur une marina floridienne, le propriétaire du club n'a éludé aucun sujet, des transferts à sa nouvelle organisation, en passant par les résultats sportifs inquiétants et en parlant même de Jean-Michel Aulas. Avec une certaine bonhomie, un large sourire, et sans jamais répondre aux nombreux doubles appels qui auraient pu perturber cette heure d'entretien.
« Il reste trois jours de mercato, êtes-vous satisfait du recrutement jusqu'à présent ?
(Il réfléchit.) Je suis encore mitigé. D'une part, je suis très heureux de la très grosse amélioration que nous avons amenée au milieu de terrain avec (Nemanja) Matic. Je suis également heureux de la signature de jeunes joueurs passionnants, Gift (Orban) et Malick (Fofana), qui devraient beaucoup nous apporter pendant des années. Nous n'accordions pas la priorité à ces jeunes talents en milieu de saison, surtout compte tenu de notre position au classement (l'OL est 16e de L1), mais nous les avions vraiment à l'oeil et nous devions profiter de l'opportunité de les acheter quand c'était possible.
Mais vous aviez annoncé des joueurs expérimentés. Pourquoi les deux gros investissements l'ont été sur des jeunes ?
Les mercatos apportent toujours des surprises, et parfois il faut recruter un bon joueur lorsque l'occasion se présente. Après, à trois jours de la fin, c'est vrai qu'il est difficile d'être satisfaits car nous avons encore quelques priorités en suspens... On voudrait des joueurs plus confirmés qui apportent la même expérience et le même leadership que Matic. On est optimistes. On aimerait terminer la saison à une place largement meilleure que celle qu'on occupe, et poursuivre sur notre lancée l'année prochaine. Ce mercato devrait nous permettre de le faire. Bien sûr, on aura encore le mercato d'été qui nous aidera à combler les dernières lacunes.
Où en sont les dossiers Arnaut Danjuma et Saïd Benrahma pour le poste d'ailier ?
Nous avons soumis des offres importantes pour les deux joueurs et on pense que tous les deux seraient ravis de venir à Lyon. Mais leurs clubs ont leurs propres priorités, et le cas de Danjuma est encore plus compliqué car Everton, qui détient ses droits via un prêt (de Villarreal), n'a pas de grandes raisons de le libérer. On espère que toutes les parties pourront finir par se mettre d'accord.
Peut-on attendre une arrivée à un autre poste ?
Un défenseur... et peut-être un autre milieu de terrain.
Vous aviez prévu devant la DNCG de vendre Cherki, pourquoi ne pas l'avoir fait ?
(Il sourit.) C'était un plan budgétaire, pas un plan footballistique... Et les projets footballistiques ont la priorité. Cherki peut nous aider à gagner, et nous avons besoin de victoires plus que de ventes. Si cela signifie que nous risquons de perdre une opportunité économique, nous devons prendre ce risque. À dix-huit mois de l'expiration de son contrat, c'est le bon moment pour le joueur de se mobiliser, de contribuer à notre ambition collective et de montrer aux gens pourquoi il est si spécial.
L'OL aura-t-il les moyens de se renforcer cet été, malgré l'absence très probable de qualification pour une Coupe d'Europe ?
On est concentrés sur Marseille, sur Lille pour la Coupe (le 7 février), et pour remonter au classement. Il n'est pas question "d'absence probable de qualification" dans notre vestiaire, car nous sommes chaque jour plus forts. Concernant l'été, nous bénéficierons des décisions stratégiques que nous avons prises pour vendre des actifs importants qui ne sont pas essentiels à notre mission de football. Donc oui, nous allons donc continuer à nous renforcer cet été.
Vous étiez derniers de L1 mais cela s'est un peu amélioré avant la trêve lorsque vous avez confié le poste d'entraîneur à Pierre Sage. Pourquoi lui ?
J'appréhende le football professionnel depuis la base, c'est-à-dire l'Académie. L'Académie, c'est l'endroit où l'on découvre les talents, mais c'est surtout l'endroit où l'on enseigne le football. Depuis que je suis dans le foot, j'ai rencontré de nombreux professeurs de football talentueux et passionnants, des gens géniaux qui connaissent le jeu bien mieux que la plupart des entraîneurs célèbres qu'on voit avec les pros. Parfois, les joueurs ont besoin d'un coach avec une grande personnalité, une grande réputation... Mais la plupart du temps, ils ont simplement besoin d'un plan auquel ils peuvent faire confiance, et qui leur est communiqué par une personne en qui ils peuvent avoir confiance. J'ai senti que Pierre pouvait apporter ça.
Êtes-vous satisfait de ce choix ?
Oui car c'est un bon manager, avec un bon esprit, et un excellent professeur. Sa vision à long terme est excellente... Mais les matches s'enchaînent, chaque semaine, avec une nouvelle complexité pour chaque adversaire, et l'enseignement ne s'arrête jamais. Pierre a un grand esprit pour le football et c'est un bon communicant. Il est aussi respecté par nos joueurs. C'est suffisant pour qu'on accomplisse notre ambition de grimper au classement. Quant à l'avenir, si Pierre continue d'enseigner mais aussi d'apprendre, alors je ne vois pas de limite à ce qu'il peut réussir en tant qu'entraîneur. C'est à lui de décider.
Que s'est-il passé pour que rien ne fonctionne avec Grosso ?
(Il réfléchit.) Fabio est un homme bien qui a fait face à de grands défis avec un vestiaire qui a du mal à se regarder dans le miroir. Ses méthodes pour contester le leadership du groupe et transformer la mentalité de notre équipe auraient été probablement mieux adaptées à l'intersaison. J'ai dit à plusieurs reprises que j'aurais dû préparer l'avenir de ce club pendant l'intersaison, mais je n'y suis pas parvenu. Qu'il s'agisse de Gennaro (Gattuso), Fabio ou Oliver (Glasner), il n'y avait tout simplement pas de grande opportunité d'entraîneurs qualifiés pour arriver dans ce moment difficile, au coeur d'une saison, afin d'opérer des transformations. J'ai donc dû prendre une décision et choisir un manager capable d'apporter des changements avec une main plus douce...
L'équipe reste sur deux défaites en L1 et le public était très mécontent vendredi face à Rennes (2-3). Comment expliquez-vous cette rechute ?
Au Havre (1-3, le 14 janvier), je suis très perturbé qu'on ait utilisé un microscope du VAR pour constater un contact involontaire d'une pointe de pied sur un protège-tibia, détruisant ce qui aurait dû être un grand match pour le public (il parle de l'expulsion de Jake O'Brien à la 30e minute). Les supporters qui vont au stade sont les plus touchés, mais aussi ceux qui regardent à la maison, même si certains ont simplement éteint la télévision... Nous devons être conscients de la façon dont le jeu souffre depuis l'évolution du VAR et de cette surveillance du match depuis une cabine.
Mais contre Rennes il n'y a pas eu de problème d'arbitrage...
(Il coupe.) Contre Rennes, lors de la première période, j'ai des opinions bien arrêtées sur nos décisions collectives et sur le manque d'ambition, de rythme et de travail de certains de nos joueurs. Mais ce ne serait vraiment pas approprié pour moi d'exprimer publiquement mes opinions. Je suis fan, comme tout le monde, et je suis ému, comme tout le monde. Je garderai mes préoccupations uniquement pour le département football. Évidemment que nous attendons tous mieux.
Restez-vous confiant dans l'objectif du maintien ?
Oui, car l'équipe s'améliore chaque jour. Même si cela doit me valoir de vives critiques, je répète que l'OL n'est pas un club qui descend. Nous abordons chaque match avec la conviction rationnelle que nous allons le gagner.
Regrettez-vous d'avoir peut-être affaibli votre gardien Anthony Lopes en recrutant Lucas Perri dès cet hiver ?
Si un joueur est affaibli par l'arrivée de la concurrence, alors il est déjà faible. Et nous savons tous qu'Anthony n'est pas quelqu'un de faible. Votre suggestion est ridicule... Le poste de gardien n'est pas différent des autres postes sur le terrain, et je continuerai à apporter de la concurrence à chaque poste, autant que possible.
Êtes-vous aujourd'hui satisfait de l'organigramme en place à l'OL ?
De manière générale, oui, même si je continuerai à ajouter du talent et de la profondeur à la direction de notre club et de notre entreprise. On n'en a pas fini avec l'embauche.
Pourquoi la mise en place a-t-elle pris autant de temps ? Pendant plusieurs mois, le club n'a pas vraiment eu de directeur général, ni de directeur sportif...
La mise en place n'a pas pris longtemps. Il est important d'embaucher les bonnes personnes. Les calendriers organisationnels ne doivent pas se préoccuper de l'opinion publique. Les exigences liées au poste de DG et à celui de directeur sportif ont été bien couvertes après nos recherches, avec Laurent (Prud'homme) et David (Friio).
Peut-on enfin espérer une stabilité dans cet organigramme ?
Pouvez-vous "enfin" espérer de la stabilité ? (Rires.) Je suis très content de l'arrivée et du bon travail de Laurent. C'est vraiment un grand homme et il est en train de devenir un bon ami. Je ne suis cependant pas d'accord avec l'idée selon laquelle nos performances sur le terrain ont à voir avec ce qui se passe au sein du conseil d'administration ou avec le poste de DG. Si les joueurs se tournent vers les dirigeants, ou même vers la cellule de recrutement, alors nous avons les mauvais joueurs. L'instabilité dans le département du football a été problématique au niveau des entraîneurs, mais ce problème a été résolu. David, Matthieu (Louis-Jean) et Pierre sont bien alignés et travaillent bien ensemble. Comme moi, ils n'ont pas de rétroviseur, ils avancent.
Pourquoi Juninho n'est-il pas officiellement devenu votre conseiller ?
J'ai été très heureux de ressentir l'intérêt et l'affection de Juninho, et il a clairement fait savoir qu'il se souciait profondément de son club. La porte lui reste ouverte pour accéder à un rôle formel à tout moment. Je pense que sa vie à Rio est remarquable, surtout avec sa famille qui s'agrandit, et je pense qu'il est sage pour lui de protéger l'équilibre qu'il a atteint dans la vie. Il n'a pas besoin d'avoir un rôle formel pour être une grande ressource pour nous, et le fait qu'il vive dans mon quartier préféré à Rio est extrêmement pratique pour le développement de notre relation.
En parlant de relation, où en est celle avec la DNCG ?
Je suis content de notre relation avec la DNCG. Je pense que nous prenons les mesures nécessaires pour améliorer la santé financière de l'entreprise, comme ils le souhaitaient.
Avez-vous les mains libres ?
Les mains libres ? Je ne suis pas assez stupide pour mordre à l'hameçon sur cette question. La DNCG dispose d'un large pouvoir décisionnaire lorsqu'elle cherche à maintenir la viabilité financière des équipes en France, et nous devons simplement continuer à prendre de bonnes décisions financières au quotidien.
Avez-vous passé un accord avec Jean-Michel Aulas pour que la "guerre" soit terminée aujourd'hui ?
(Il sourit.) Jean-Michel et moi avons dépassé les enjeux qui étaient en grande partie liés à nos deals passés, et toutes nos discussions ces jours-ci portent sur la réussite de l'OL. On parle des joueurs, on parle des enjeux de Championnat... Notre relation est définitivement normalisée. »