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OL: LES VÉRITÉS DE TEXTOR SUR SA BROUILLE AVEC AULAS
John Textor a balayé mardi soir, lors d'un point presse, tous les sujets chauds de l'actualité lyonnaise. Le propriétaire américain de l'OL est notamment revenu sur sa brouille avec son prédécesseur, Jean-Michel Aulas. Un conflit qui trouverait selon lui son origine dans une petite entourloupe, par mail, juste avant le bouclage de la vente du club en décembre 2022.
C’est un sujet qui enflamme l’actualité lyonnaise depuis plusieurs mois. Alors que Jean-Michel Aulas, ex-propriétaire et ex-président de l’OL, devait rester au club pendant trois ans après la prise de pouvoir de John Textor, l’emblématique et historique dirigeant lyonnais a finalement (et soudainement) été écarté du club au printemps par le nouveau boss américain.
"JMA" a depuis eu bien du mal à cacher son amertume, en témoignent ses récentes sorties sur les réseaux sociaux. Mais les griefs sont visiblement partagés. Dans un entretien en visio accordé mardi soir à plusieurs médias dont RMC Sport, Textor a ainsi livré ses vérités sur le départ d'Aulas. Sans épargner son prédécesseur.
Le mail de la discorde
L’Américain a rembobiné tout le processus de la vente, faisant comprendre que des fissures sont apparues dès le début. Et notamment à cause d'un mail, source - selon Textor - du conflit entre les deux hommes.
"La première fois que j’ai entendu parler de la DNCG, c’est le (vendredi) 16 décembre, glisse-t-il. C’était un mail ‘positif’ (des instances du foot) qui nous donnait une forme de bénédiction avant notre arrivée qui allait être officiellement annoncée le lundi." Fort de ce caractère "positif", John Textor ne prête pas attention à la pièce jointe très fournie de précisions.
Mais le diable est justement dans les détails. "La pièce jointe était un courrier de la DNCG qui récapitulait tout l’historique des échanges entre les uns et les autres, explique John Textor. C’était long. Pour être sincère, je n’y ai pas prêté beaucoup d’attention car il me semblait que c’était un simple récapitulatif en sachant que l’objet du mail, je le répète, était une bonne nouvelle. Il y a une mention disant que si le club ne revient pas dans les compétitions européennes à la fin de la saison, il faudrait peut-être injecter des montants de capitaux importants jusqu’à 150 millions d’euros. C’est la seule ‘mauvaise’ nouvelle du mail, au cœur d’un paragraphe qui a donc été, en quelque sorte, un peu submergé. Surtout, ce mail n’a pas été envoyé à nos avocats et à l’équipe en charge de la transaction. C’est un mail envoyé uniquement à moi avec cet objet : 'bonne nouvelle'." En clair, Textor reproche à Aulas de lui avoir caché les inquiétudes de la DNCG juste avant de boucler la vente du club.
"Si j’avais su cela, je peux vous promettre que je n’aurais pas apporté ce demi-milliard aux vendeurs"
Au cours du premier trimestre 2023, Jean-Michel Aulas, toujours aux commandes, travaille au futur budget présenté à la DNCG en juin. "Pour être clair, le budget préparé par Jean-Michel contenait la projection des ventes de Romain Faivre, Thiago Mendes, Karl Toko Ekambi, Castello Lukeba et Rayan Cherki, détaille Textor. Et la DNCG a toujours dit qu’il fallait aussi 60 millions d’euros en cash. Quand je passe en juin, c’est ce budget qui est connu de la DNCG. Et moi, on me demande de verser 60 millions." Un problème de plus pour l'Américain.
JMA débarqué le 5 mai, John Textor et ses équipes travaillent en urgence sur un nouveau budget. "Nous avons modifié le budget avec des éléments très crédibles de réduction de dépenses, dit-il. Nous trouvions qu’il y avait trop de dépenses opérationnelles. Nous avons aussi ajouté que nous allions vendre l’équipe féminine française et cela allait réduire les dépenses. Il y avait aussi la cession de l’équipe de Seattle (OL Reign). Nous étions partis d’un budget de Jean-Michel qui montrait un déficit de 34 millions d’euros en mai 2024. Et moi, j’ai apporté un surplus de 90 millions en mai 2024. C’est cela, notre présentation (devant la DNCG). Et nous montrions ainsi que nous n’avions pas besoin d’injecter plus d’argent."
Et le boss US de l’OL de distribuer un carton jaune en revenant sur le fameux mail de décembre : "Ce n’était pas une divulgation juste pour une telle information, si près de la vente... Enfouir de très mauvaises nouvelles dans la pièce jointe d’un mail ‘positif’, dans un paragraphe, la veille de la fin de la transaction… On doit envoyer cela à tous les acteurs du dossier. Et pas qu’à moi. Car cela peut impacter le business. Si mes équipes avaient appris cette restriction dès ce mail de décembre, j’aurais demandé de restructurer la vente plutôt que de prendre un demi-milliard de dollars en cash pour les donner aux vendeurs. J’aurais pris plus d’argent pour l’investir, pour le mettre sur le bilan et la santé du club. J’aurais non seulement injecté 86 millions pour le bilan et 50 millions pour les dettes. Quand on a apporté tant d’argent, c’est impensable d’avoir ce type de restrictions. Je ne suis pas content par rapport à ce mail qui dissimulait un avertissement. Si j’avais su cela, je peux vous promettre que je n’aurais pas apporté ce demi-milliard aux vendeurs. J’aurais demandé à retravailler la transaction. C’est l’une des difficultés de notre relation avec Jean-Michel. C’est presque drôle et en même temps tragique qu’il dise au marché qu’il aurait pu, lui, résoudre la situation alors qu’il a présidé la détérioration du business. Il a caché ces mauvaises nouvelles. Moi j’aurais pu trouver une solution avant le 19 décembre, si j’avais été au courant. Mais nous devons avancer désormais." Chacun de son côté.