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TEXTOR, FLOU PERSISTANT
La commission d’appel de la DNCG a retoqué l’appel de l’OL? qui aura donc sa masse salariale encadrée. Le patron n’apprécie pas l’accueil qui lui est réservé par le foot français. Hervé Penot (avec E. M.)
L’arrivée de John Textor en France ne se passe pas exactement comme il l’avait prévu. Cet oncle d’Amérique, espéré par les supporters de l’OL, découvre un nouvel univers dont il va devoir comprendre les codes, connaître les règles ou, en tout cas, les apprivoiser.
Sa prise de pouvoir sur le club avait déjà mis plus de temps que prévu à se finaliser, entre retards à l’allumage, reports incessants, et voilà que son premier mercato se présente de manière totalement inattendue. Suspendu à la décision de la DNCG « d’encadrer sa masse salariale et ses indemnités de mutation », il attendait une réponse favorable de la commission d’appel – qui dépend de la FFF et non de la Ligue –, hier. Et il a déchanté.
Même si, à Lyon, il se murmurait que jamais une commission d’appel n’avait remis en cause sa grande sœur, le clan Textor s’avançait confiant, certain d’avoir donné les garanties pour passer le cut et pouvoir enfin se renforcer sans en référer à une quelconque instance décisionnaire.
« Bienvenue en France » : la réplique de l’homme d’affaires américain
Visiblement, la commission de la FFF avait une autre analyse des éléments supplémentaires donnés par le patron lyonnais. En fait, la demande faite à l’OL par la DNCG en première instance (à la LFP) était que le club puisse disposer à sa guise des 60 millions d’euros apportés par Textor. Ce qui a été présenté par le patron en appel ne semble pas suivre la définition d’un compte courant d’actionnaire, où l’argent est immédiatement disponible pour le fonctionnement de la société.
Pour le « gendarme financier » du foot français, l’argent doit être au bénéfice exclusif et sans recours de l’OL. Ce qui a été présenté par Textor ne devait vraisemblablement pas convaincre les experts de la DNCG que l’on était exactement dans ce cadre. La FFF aurait-elle été influencée par un Jean-Michel Aulas revanchard, capable d’avoir du poids dans cette institution, comme on l’imagine dans les couloirs de l’OL depuis quelques semaines ? C’est oublier que ces commissions se composent de professionnels peu tentés, à première vue, par des arrangements entre amis.
Cette annonce a entraîné illico une réplique d’un Textor touché par la tournure des événements. Visiblement irrité, il a signé un long texte pour remettre en cause ce choix tout en « prenant acte de la décision de la FFF de confirmer l’avis initial de la DNCG ». Le titre, ironique, de sa missive disait tout de la manière dont il se sent accueilli en L1 : « Bienvenue en France… »
Il détaillait ensuite tous les efforts fournis : « En plus de la présentation de notre budget et de notre stratégie d’entreprise, la direction d’OL Groupe a également apporté de nouveaux éléments, comme l’avait précédemment demandé la DNCG, en fournissant la preuve d’un dépôt de 60 millions en tant que principal actionnaire de Eagle Football, dans un compte à des fins spécifiques, à utiliser exclusivement pour le soutien supplémentaire du fonds de roulement d’OL Groupe. »
Plus loin, Textor énonçait les moments clés de son arrivée, ces millions dépensés, « mais nous ne sommes toujours pas invités à exécuter un plan d’affaires basé sur nos convictions, avec les mains libres, pour le bénéfice de la communauté que nous servons. Encore une fois, bienvenue dans le football en France ».
Il va falloir acheter malin
Le club peut encore faire un appel via le CNOSF mais ne devrait pas aller au bout de cette démarche, persuadé qu’il a déjà présenté tous ses documents. Les dirigeants s’imaginent mal avoir gain de cause dans une nouvelle relecture de la situation.
Pas simple donc pour l’OL de se plonger dans ce marché des transferts avec cette épée au-dessus de la tête. Mais les décideurs devront s’en accommoder. L’OM, il y a deux ans, avait aussi géré ce type de soucis et s’en était tiré plutôt bien avant de passer sans encombre la DNCG, douze mois plus tard.
Santiago Cucci, le successeur désigné au poste d’Aulas, et ses équipes devront acheter malin car leurs comptes seront scrutés à l’euro près.
En gros, aucune dépense ne sera supérieure aux recettes. Le départ de Romain Faivre pour 15 M€ à Bournemouth (*) aidera à redessiner l’effectif, comme celui de Thiago Mendes à Al-Rayyan (Qatar) pour 5 M€. Laurent Blanc se serait évidemment bien passé d’un tel début d’été. L’entraîneur attend avec impatience le milieu défensif réclamé qui devait être Renato Tapia (27 ans), mais le Péruvien semble avoir changé d’avis dans l’intervalle, préférant rester une dernière année au Celta Vigo pour obtenir notamment ses papiers espagnols. Cela n’aurait donc pas de rapport avec la DNCG.
Blanc, dont l’équipe affrontera Manchester United aujourd’hui à Édimbourg (15 heures), a déjà obtenu le latéral droit voulu (Clinton Mata, 30 ans, Club Bruges), mais il avoue craindre le retard pris sur le marché des transferts.
Une étude attentive du passé récent de l’OL devrait le rassurer. L’an dernier, le club avait dégainé très vite avec les arrivées d’Alexandre Lacazette, Corentin Tolisso, Nicolas Tagliafico, entre autres, avant d’évincer Peter Bosz dès le mois d’octobre. À Lyon, la logique n’est pas toujours respectée.
L'Equipe