Information
Le malaise Galtier
La finale de la Coupe de France aurait pu adoucir les griefs que l'entraîneur de Nice, Christophe Galtier, entretient depuis janvier à l'encontre de ses dirigeants, mais elle va nourrir la réflexion qu'il a déjà entamée sur la suite à donner à son expérience niçoise. Dans leur dimanche rêvé, les joueurs niçois auraient passé leur après-midi dans un bus à impériale à arpenter la Promenade des Anglais, ivres de joie en se passant la Coupe de France de main en main. Dans celui qu'ils ont vécu, après avoir retrouvé leur voiture au centre d'entraînement du Gym, à 5 h 15 du matin, ils ont passé la journée chacun de leur côté, « la tête lourde » pour reprendre les mots de Christophe Galtier, trois jours avant un autre match décisif, face à Saint-Étienne, dans l'espoir de sauver ce qui peut encore l'être.
La saison n'est pas finie et peut encore se terminer par une qualification européenne, voire un accessit en Ligue des champions en cas de sans-faute.
Mais, déjà, la défaite de samedi face à Nantes (0-1) ouvre un nouveau dossier brûlant : la gestion du mal-être de l'entraîneur, Christophe Galtier.Une fin de saison poussive mais prévisibleCette déception plombe encore un climat déjà lourd. Il y avait déjà le jeu terne des Aiglons depuis deux mois. Ces derniers jours, Ineos avait aussi instillé le doute sur le cap qu'il compte donner à l'OGC Nice, après avoir fait une offre pour Chelsea, et la réorganisation de Lausanne-Sport, autre propriété du groupe britannique, retiré du domaine d'action de Julien Fournier, le directeur sportif du Gym.
Ineos entretient le flou
Arrivé l'été dernier dans un club taillé pour ses ambitions, après un titre de champion de France conquis avec le LOSC qui avait fait grimper sa cote à des hauteurs nouvelles, le technicien (55 ans) juge que la fin de saison très poussive de son équipe était prévisible et donc évitable. Le noeud de sa frustration se concentre sur le dernier mercato d'hiver.Même si son équipe avait abordé la trêve de fin d'année en position de dauphin du PSG, l'entraîneur avait publiquement réclamé du renfort. « On va voir ce que le club va pouvoir faire non pas pour combler les départs à la CAN, mais pour améliorer l'effectif, avait-il souligné dans L'Équipe du 23 décembre. Quand vous êtes 2e et que vous êtes dans le bon wagon, la question c'est : "Qu'est-ce qu'on fait ?" » Or, Nice n'a pas fait grand-chose.
Galtier souhaitait obtenir des garanties pour que Nice soit en mesure d'arracher la C1 et non la C3 ou la C4 - ce vers quoi il se dirige.
Sa direction sportive, menée par Julien Fournier, avait alors fait venir Jordan Amavi, un latéral gauche qui n'avait presque pas joué depuis un an - et s'est blessé rapidement -, et Billal Brahimi, un ailier prometteur mais ne comptant que 9 matches de L1 avant de débarquer à Nice.Des relations crispées avec Fournier
Que le Gym ait terminé la finale avec Brahimi baladé entre l'aile droite et le poste de latéral gauche en dit beaucoup sur les limites actuelles de l'effectif niçois. Que l'entraîneur ait dû démarrer avec Kasper Dolberg, fantomatique depuis de longs mois, et Amine Gouiri, en manque total de confiance, à un poste excentré qu'il ne souhaitait plus occuper, témoigne également de son manque de solutions.Galtier a toujours pensé ses équipes comme des formations portées en contre par de purs ailiers capables d'éliminer par leur vitesse et leur percussion : ni Gouiri ni Boudaoui n'offrent ce profil, que Calvin Stengs n'a jamais incarné et Justin Kluivert de manière trop intermittente.Le dernier mercato a donc marqué un point de crispation certain entre Fournier et Galtier, dont les relations se sont largement dégradées. Après la défaite à Marseille (1-2, le 20 mars), le technicien avait essuyé des critiques en interne pour le jeu développé en première période, jugé trop minimaliste. Galtier avait répondu en annonçant vouloir terminer la saison avec quatre joueurs offensifs dans son onze de départ. Un choix contre-nature pour ce pragmatique, qu'il avait mis en application dans la foulée, face à Rennes (1-1, le 2 avril) puis lors des deux matches suivants, mais sur lequel il est revenu depuis, faute de résultats.lire aussiNice : Ineos, une galaxie en croissance constante
Galtier est très apprécié de Ratcliffe
Arrivé dans la peau de celui qui allait faire passer le Nice d'Ineos dans une dimension plus conforme au standing du groupe dirigé par Jim Ratcliffe, Galtier avait signé un contrat portant sur trois saisons. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir s'il en effectuera simplement une deuxième et sera encore en poste sur la Côte d'Azur cet été.Dante : « Beaucoup de tristesse. On est tous très déçus. On voulait tellement donner ça à nos supporters & aux gens qui attendent ça depuis longtemps et on n'a pas réussi. Ça va faire mal un bon moment mais il va falloir qu'on relève vite la tête »
Si les reproches de l'entraîneur se tournent vers Julien Fournier, ils ne concernent pas les dirigeants d'Ineos. Galtier reste d'ailleurs très apprécié de l'homme d'affaires anglais.
En témoigne le communiqué de ce dernier, il y a dix jours, quand il avait fallu rassurer sur l'engagement d'Ineos dans le Gym malgré l'offre formulée pour racheter Chelsea. « Christophe » avait été salué à deux reprises par le milliardaire, qui n'avait mentionné ni Fournier, ni Jean-Pierre Rivère, le président azuréen. Après s'être incliné en finale de la Coupe de France, Nice peut perdre beaucoup dans les prochaines semaines. Et pas seulement une qualification européenne.lire aussiJim Ratcliffe réaffirme « son engagement envers le Gym »
L'Equipe