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Qui est Youcef Atal, le joueur de l’OGC Nice qui a relayé l’appel à la violence d’un prédicateur palestinien ?
Même à plus de 5 000 km de sa pelouse, il est possible de marquer un but contre son camp. Alors qu’il venait d’atterrir aux Émirats arabes unis pour y disputer un match amical, ce lundi 16 octobre, avec l’Algérie face à l’Égypte, Youcef Atal, le défenseur latéral de l’OGC Nice, a réussi, d’un simple geste du pouce à déclencher une tempête numérique.
Atal a partagé, en effet, sur son compte Instagram, une vidéo (ensuite supprimée) du cheikh palestinien Mahmoud al-Hasanat, qui appelle Dieu à envoyer « un jour noir sur les juifs » et « d’accompagner la main des habitants de Gazas’ils jettent la pierre ». Ce qui ressemble donc à un appel à l’Intifada. Une initiative d’autant plus incompréhensible du côté de l’OGC Nice, que le nom de ce prédicateur palestinien avait été cité au moment de l’attentat de la basilique Notre-Dame de Nice en octobre 2020. Quelques heures avant de passer à l’acte, le terroriste tunisien, qui avait égorgé trois paroissiens, avait lui aussi partagé des vidéos de Mahmoud al-Hasanat.
« Quelqu’un qui n’a pas reçu une grande éducation »
Dans l’entourage du club azuréen, on ne tombe pourtant pas des nues devant cette nouvelle. « Ce n’est pas du tout que Youcef est prosélyte ou refuse de serrer la main à des femmes par exemple, confie un ancien dirigeant. Mais il fait partie de cette génération qui est fondamentalement antisémite par éducation. Et, en plus, c’est justement quelqu’un qui n’a pas reçu une grande éducation. »
Effectivement, l’enfance du latéral niçois est celle d’un gamin pauvre qui a grandi dans les montagnes de Kabylie et les quartiers de Tizi-Ouzou. En courant au milieu des chèvres, Atal a développé cette résistance physique qui est l’une de ses forces sur le terrain. Mais il a très longtemps connu la pauvreté extrême. Adolescent, il se fait repérer par le club de la JSM Alger où il ne reste pas longtemps car dans l’incapacité de payer son loyer.
Il retourne alors à la JS Kabylie où il arrive, faute de pouvoir s’acheter une voiture, souvent en retard aux entraînements. Atal s’engage, alors, avec le club du Paradou en D2 algérienne. Le Betis Séville veut le faire signer, mais il refuse de jouer d’abord en équipe de jeunes et atterri finalement, à vingt ans, en Belgique, à Courtrai. Débarqué en Europe sans expérience, il découvre la vie moderne. Une anecdote en dit long à son sujet. En Belgique, il ne savait pas comment se servir de sa carte bancaire, car il n’en avait jamais possédé auparavant. Il se la faisait systématiquement avaler dans les distributeurs bancaires où il essayait de retirer tout son salaire d’un coup.
« Jamais je ne soutiendrai un message de haine »
Malgré une première saison freinée par des blessures, les recruteurs de Nice le repèrent et le club l’engage pour 3 millions d’euros. Sa saison 2018-2019 est une réussite complète. Culotté, offensif, dribbleur et buteur, il éclate aux yeux du grand public sous les ordres de Patrick Vieira. Beaucoup de grands clubs tentent de l’enrôler dont le PSG qui était prêt à débourser plus de 40 millions pour lui. Pour le conserver, Nice passe son salaire de 20 000 euros mensuel à plus de 100 000.
En sélection, aussi, son statut change. Alors qu’il est critiqué lors de sa première sélection en 2017, car évoluant en D2 algérienne, sa participation à la CAN 2019 remportée par les Fennecs de Djamel Belmadi fait de lui une star dans son pays. Son compte Instagram est ainsi le deuxième plus suivi d’un joueur algérien derrière Riyad Mahrez. « C’est presque son problème, explique un proche. Comme il est hypersuivi, il reçoit plein de sollicitations lui demandant, au nom de l’islam, de soutenir le djihad, la Palestine ou condamner la politique d’Israël. À cause de cela, il déteste les juifs par bêtise plus que par méchanceté, juste parce qu’il lit toujours les mêmes discours. Alors qu’il n’est absolument pas salafiste. Pour moi, il a agi par ignorance plus que par conviction profonde. Mais il ne réalise pas le poids qu’il a en likant ainsi les propos de ce prédicateur. »
À Nice, cette affaire tombe assez mal. Le 15 décembre prochain, Christophe Galtier, l’ex-entraîneur azuréen, sera jugé, en effet, devant le tribunal correctionnel de la ville de chefs d’accusation de harcèlement moral et de propos discriminatoires.
Le joueur, en fin de contrat en juin prochain 2024, a posté, à la demande expresse de son club, un message d’excuse sur ses réseaux sociaux ce dimanche. « J’ai conscience que ma publication a choqué plusieurs personnes, ce qui n’était pas mon intention et je m’en excuse. Je tiens à clarifier mon point de vue sans aucune ambiguïté : je condamne fermement toute forme de violence (…). Jamais je ne soutiendrai un message de haine. »
Le Parisien