Après les incidents de dimanche contre l'OM, Jean-Pierre Rivère, président de Nice : « On assume notre part de responsabilité »
Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier, le président et le directeur du football de l'OGC Nice, sont revenus sur les incidents qui ont émaillé la réception de l'OM, dimanche, en Ligue 1.Au lendemain des incidents ayant entraîné l'interruption du match entre Nice et Marseille, dimanche, le président de l'OCG Nice, Jean-Pierre Rivère, et le directeur du football du club, Julien Fournier, sont revenus sur le déroulement de la soirée.
« À chaud, vous avez dit que c'était la réaction des joueurs marseillais qui avait mis le feu aux poudres ? Pour quasiment tout le monde, c'était pourtant les jets de bouteilles des supporters niçois...
Jean-Pierre Rivère : Les jets de bouteilles sont inadmissibles, il n'y a pas de débat sur ce point. D'autant plus quand l'une des bouteilles finit sur un joueur (Payet).
Julien Fournier : Les auteurs ne sont pas des personnes qu'on identifie comme nos supporters.
J.-P. R. : On vient d'avoir une réunion avec les représentants de la tribune Populaire Sud. C'est inadmissible de leur part et de la nôtre. On est alignés sur le sujet des jets de bouteilles. Quand je viens en conférence de presse, je n'avais pas tous les éléments. Aujourd'hui, j'ai tout regardé, on a les vidéos. On assume notre responsabilité. Les jets de bouteilles sont à l'origine des débordements.
Vous n'avez donc pas voulu dédouaner vos supporters ?
J.-P. R. : Non, la question, c'est comment régler ce problème des jets de bouteilles ? Cela ne part pas toujours des gens de la Populaire Sud ou identifiés en tant que membres du groupe. C'est très compliqué de savoir qui les envoie. Les Ultras sont disposés à ce que cela cesse et qu'on ne voit plus jamais ça à l'Allianz Riviera. De notre côté, en mesure prioritaire, on va mettre un filet. Ce n'est pas esthétique, ok, mais à un moment ça suffit, il faut être efficace.
« Il y a un point à ne pas oublier, ce sont les doigts d'honneur d'Alvaro en première période. Je ne suis pas là à vouloir mettre une échelle dans la bêtise, mais quand on connaît le public qu'on a en face, c'est irresponsable »
Julien Fournier, directeur du football de Nice
Qu'avez-vous pu voir sur les images que vous avez visionnées ?
J.-P. R. : Je ne reviens pas sur les jets de bouteilles, on est responsables. Point. À la 74e minute, Payet prend une bouteille. Il s'effondre. Il se relève et la relance dans la tribune. Deux joueurs, Alvaro (Gonzalez) et (Mattéo) Guendouzi viennent alors provoquer les supporters. Par des doigts d'honneur et des paroles. Il y a ensuite des supporters qui descendent de la tribune. Il n'y en a qu'un seul qui passe les panneaux publicitaires mais il est pris par Todibo, qui le remet de l'autre côté. Payet n'est pas touché. À ce moment-là, Alvaro prend un ballon et envoie un missile en tribune, alors que nos joueurs essaient de l'en dissuader. Là, en même temps, il y a deux supporters derrière la ligne de but, pas vindicatifs. À ce moment, le préparateur physique de l'OM (Pablo Fernandez) met un KO à l'un d'eux. Il le sèche. Il est encore aux urgences. Effectivement, il y a débordement après ça.
J. F. : Il y a un point à ne pas oublier, ce sont les doigts d'honneur d'Alvaro en première période. Je ne suis pas là à vouloir mettre une échelle dans la bêtise, mais quand on connaît le public qu'on a en face, c'est irresponsable de se mettre face à une tribune et de faire des doigts pendant une mi-temps. Pareil pour Guendouzi qui insulte la tribune. Mais cela ne justifie en rien les jets de bouteilles.
Le spectateur qui a voulu donner un coup de pied à Payet a-t-il été identifié ?
J. F. : Il va devoir être identifié et sanctionné mais au même titre que le membre du staff de l'OM.
Ce n'est pas normal de voir des supporters investir la pelouse...
J.-P. R. : Tout à fait. Ce point, je ne le conteste pas. À part sur la photo qu'on voit partout (en Une de L'Equipe), il n'y a pas eu de violence sur des joueurs de l'OM. Au passage, Guendouzi, images à l'appui, n'a pas de traces dans le cou quand il est sur la pelouse.
Que se passe-t-il quand l'ensemble des joueurs se trouve près de l'entrée des vestiaires ?
J.-P. R. : Les supporters sont remis en tribune. Alvaro continue de faire des doigts, Sampaoli est incontrôlable. Et là, un membre de la sécurité de l'OM avance sur Justin (Kluivert), qui n'est pas trop costaud comparé à lui. Il lui met deux coups de poing.
J. F. : Heureusement, il le prend en bout de course.
J.-P. R. : Le point de départ, ce sont les jets de bouteille, il n'y a pas de débat, mais tout le reste... Comment accepter qu'un préparateur physique frappe un supporter et qu'un membre de la sécurité frappe l'un de nos joueurs ? Cela n'a aucune place dans un stade, comme les jets de bouteille. En tant que dirigeant de club, on ne peut pas accepter ça.
« Ce n'était plus du sport pour moi. Le sport passait en second »
Jean-Pierre Rivère, président de Nice
Le club ne peut-il pas radier le supporter qui tente de mettre un coup de pied à Payet ?
J.-P. R. : Déjà, on ne sait pas s'il est abonné. On se rend à la Préfecture en fin d'après-midi (ce lundi). À l'heure où on se parle, il est vraisemblable que la police l'ait identifié. On ne peut pas accepter ça dans un stade, c'est une certitude. Mais les événements se sont passés tels qu'on les relate : c'est la réalité des images. Et pas comme j'ai pu l'entendre dimanche comme quoi les supporters niçois seraient entrés sur le terrain pour frapper les joueurs marseillais qui en ont eu des stigmates. Ça, ce n'est pas la réalité des images. Je ne minimise surtout pas l'incident. Et quand je vais en tribune, je sais que le match va reprendre, parce que les autorités - le préfet, la DDSP - ont demandé à ce que le match reprenne. Les forces de l'ordre, la préfecture, ont considéré qu'il n'y avait aucune difficulté à reprendre le match en matière d'ordre public. Quand je suis devant la tribune pour voir les supporters, j'y vais pour être certain qu'il n'y avait aucun risque. Je leur ai d'abord dit que ce qu'il s'était passé étaient inadmissible, et je leur ai dit qu'il était hors-de-question qu'il y ait le moindre événement dans les quinze minutes qu'il reste. Les recommandations que l'on a eues, c'était : "Reprenez le match, c'est beaucoup moins dangereux que de l'arrêter". C'est pour ça que j'ai dit à mon confrère marseillais (Pablo Longoria) : "Ce n'est plus du football, c'est de la sécurité publique, écoutons les spécialistes, reprenons le match et on verra ce qu'il se passera".
Vous pouviez vraiment faire confiance aux responsables de la tribune, sachant qu'il y avait eu beaucoup de bouteilles jetées et un envahissement du terrain de la part de plusieurs dizaines de supporters ?
J.-P. R. : Moi, je suis convaincu de ça, et les forces publiques nous disent : "On maîtrise la situation, il n'y aura pas d'incident, on a les forces nécessaires pour contrôler les choses". La police est entrée sur le terrain. Ils vous disent qu'il n'y a aucun danger. On a eu des recommandations très fortes pour reprendre. Ce n'était plus du sport pour moi. Le sport passait en second.
Pensez-vous que le score a pu influencer le choix des Marseillais de ne pas reprendre ?
J.-P. R. : Il faut leur poser la question... Quand je dis que j'ai été surpris, je l'ai été parce qu'on nous a fortement recommandé et même demandé de reprendre le match.
« Quand ça prend une mauvaise tournure et qu'un président de club se tourne vers ma femme avec des gestes très, très limites... »
Jean-Pierre Rivère, président de Nice
Vous avez fait le déroulé des images des incidents sur la pelouse, mais que s'est-il passé en tribune présidentielle ?
J.-P. R.
Il souffle) C'est un peu compliqué. Ç'a été agité d'un certain côté pendant tout le match et ç'a commencé à déranger beaucoup de personnes autour, et quand s'est passé ce jet de bouteille, je n'ai pas vu ce qu'il s'est passé sur le terrain parce que tout est allé très vite. Là, on a été pris à partie assez violemment. Ce n'est pas acceptable dans un stade de football, surtout entre dirigeants.
Quand vous dites "On"...
J.-P. R. : C'est ma famille, qui était à côté de moi. Par le président de Marseille, le directeur de la communication (Jacques Cardoze). Ils ont eu des propos plus que déplacés. Quand ça prend une mauvaise tournure et qu'un président de club se tourne vers ma femme avec des gestes très, très limites... Comme seule excuse, il m'a trouvé le fait que ma femme a posé la main sur son bras pour le calmer. Là, sincèrement, ce n'est pas acceptable, et c'est effectivement parti un peu de travers. Il y a le sport, des attitudes et du respect à avoir. Je suis aussi fautif parce que je considérais que je ne pouvais pas laisser passer des choses pareilles... Donc quand je viens faire une conférence de presse en fin de soirée, je n'ai même pas vu ce qu'il s'est passé sur le terrain, à part les jets de bouteilles.
Depuis dimanche, avez-vous eu Jim Ratcliffe (le patron d'Ineos, le propriétaire de l'OGC Nice) ? Quelle a été sa réaction ?
J. F. : On l'a eu, indirectement. Il a regardé le match. Sa première réaction, ç'a d'abord été d'être interpellé par la réaction des joueurs marseillais.
J.-P. R. : Ça ne peut réjouir personne de voir ce genre d'événement dans son stade et dans son équipe. Ça ne réjouit personne.
J. F. : Je voudrais le souligner, mais il n'est pas question de minimiser parce que ce sont des supporters niçois, en disant "Ce n'est pas grave et ce qu'a fait l'adjoint de Sampaoli, c'est très grave". C'est au même niveau de bêtise, mais si ce sont des responsabilités différentes. Parce que quand on est en charge de la sécurité d'un club, on ne peut pas frapper un joueur, et quand on est un éducateur, on ne peut pas frapper un supporter, certes qui n'a rien à faire sur le terrain.
« Sur l'issue du résultat, il n'y a pas de doute. C'est du réglementaire »
Julien Fournier, directeur du football de Nice
À quelles sanctions l'OGC Nice s'attend-il désormais ?
J.-P. R. : Les sanctions des instances, non seulement on les assumera, mais elles sont normales. Il va y avoir des sanctions. Et heureusement. On est extrêmement lucides sur ce qu'il s'est passé dimanche soir, sur tous les sujets. On assume notre part de responsabilité. À chaud, vous percevez les choses d'une certaine façon, et le lendemain, vous examinez ce qu'il s'est passé. C'est le travail que l'on a fait. Je ne sais pas le mot qu'il faut mettre, mais la sottise, la bêtise, n'a pas sa place dans un stade de foot.
Avez-vous le moindre doute sur le fait que vous allez remporter ce match sur tapis vert ?
J.-P. R. : Je n'ai aucune certitude. Aujourd'hui, je ne me pose même pas la question. On va monter en commission de discipline, on expliquera les choses telles qu'on les a vues et vécues. On aura les sanctions qu'on aura et on les assumera.
J. F. : Il y a deux volets : un volet disciplinaire et un volet sportif. La réalité sportive, c'est qu'il y a un match qui a été joué, dans lequel on menait 1-0, il restait quinze minutes, l'arbitre en concertation avec les autorités de la Ligue, a fait reprendre le match, et il y a une équipe qui a refusé de reprendre le match. Sur l'issue du résultat, il n'y a pas de doute. C'est du réglementaire. »