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Galtier, Coupe de France ratée, son avenir... Julien Fournier monte au créneau et défend son bilan à l'OGC Nice
Julien Fournier, le directeur du football Ineos, défend son bilan et assure qu’il va mener les négociations lors du mercato estival. Muet depuis des semaines, il n’épargne pas Galtier, dont l’avenir semble être de plus en plus loin de l’OGC Nice.
Quel bilan faites-vous de la saison écoulée ?
On l’a dit et redit, on voulait être à la bagarre avec les meilleurs de Ligue 1, le plus longtemps possible. Sur ce point, l’objectif est atteint avec une qualification européenne. On n’échoue qu’à un point de la quatrième place.
Ce fameux point perdu contre l’OM…
Je ne vais pas me réfugier derrière ça, il y a des matchs qu’on aurait dû gagner. Mais il y a aussi une réalité comptable, c’est vrai.
L’équipe a fait preuve de caractère, par moments…
On nous avait, à juste titre, reproché un manque de caractère, d’agressivité, de combativité. Les garçons ont été au niveau sur ce point. Là encore, c’est une satisfaction.
On peut regretter la deuxième partie de saison, où vous avez glissé de la 2e à la 5e place…
Jusqu’au match de Marseille (20 mars, ndlr), on est sur le podium. Donc, oui, il y a un goût d’inachevé et on peut se dire qu’on n’a fini "que" cinquième.
La finale de Coupe de France a fait mal…
(Direct) Oui.
Est-elle venue tout gâcher ?
Je ne pense pas.
Avez-vous une explication à ce fiasco ?
C’était difficile d’envisager autre chose compte tenu
de la manière dont on a abordé cette finale.
C’est-à-dire ?
J’ai accompagné le staff durant la préparation. Il a super bien travaillé, n’a rien laissé au hasard mais le plan initial n’était pas le bon. Quand j’ai demandé comment Nantes allait aborder cette finale, on m’a dit qu’on allait être pris à la gorge, être agressés, qu’on allait se retrouver en bloc bas, qu’il faudrait être costaud et bien défendre.
La limite de mon métier s’arrête là, l’entraîneur a tout le pouvoir pour donner l’orientation qu’il souhaite à son équipe. Je ne me suis jamais aventuré sur le terrain technique ou tactique mais je me suis dit "merde".
En clair, vous estimez que Nice a été trop frileux ?
Oui, bien sûr. Je n’ai pas vu Nantes nous sauter à la gorge et nous mettre en bloc bas. On n’a pas été acteurs de cette finale. C’est très désagréable comme sensation. Quand on ne remplit pas un objectif
aussi atteignable, c’est terriblement frustrant. Ce n’était pas le PSG en face…
Depuis, on a senti une réelle cassure avec Christophe Galtier…
Oui, parce que des gens se sont crus autorisés à parler. Ceux-là se reconnaîtront.
Ce n’est pas responsable de délivrer autant de messages négatifs et c’est irrespectueux de l’institution.
On sent de la défiance vis-à-vis de votre entraîneur…
Je ne le vise pas, c’est juste une lecture très objective. La deuxième partie de saison ne peut pas se résumer à un soi-disant mercato raté parce qu’on
a pris un "remplaçant d’Angers", selon certains. C’est une fausse excuse ou mettre un paravent sur une autre réalité. On n’est pas deuxième à la trêve par hasard. En fin de saison,
on ne maîtrise plus nos matchs, on ne marque que sur des exploits individuels, ce qui veut donc dire que nos joueurs ont quelques qualités. Mais on ne sentait pas une force collective sur le plan offensif. Il n’y avait, peut-être, pas les intentions et le savoir-faire pour ça.
A vous entendre, on sent une pointe de regret sur le choix de votre coach...
On est parfois jugé sur des décisions prises un an plus tôt en faisant fi du contexte de l’époque. Avec Christophe, on a évoqué, bien sûr, notre style de jeu, la construction de nos effectifs, en 4-3-3, sa façon bien spécifique à lui d’évoluer en 4-4-2. Il y avait des interrogations sur tel ou tel joueur, on en avait, mais il a levé les doutes tellement il avait envie de venir. Cela m’a rassuré, même si je savais qu’on sortait un peu du chemin. C’était assumé parce qu’on manquait de caractère et Christophe incarne ça.
On ne peut pas lui enlever
cette envie de gagner,
son organisation… Normalement, c’est un coach qui fédère un groupe et un club vers un objectif. Cette année, il a été moins performant sur ce point.
" Si Paris vient le chercher, c’est qu’on ne s’est pas trompé autant que ça "
Prenons l’exemple de Calvin Stengs, un joueur qui ne correspond pas au modèle de jeu de votre entraîneur…
Il a été l’objet d’un long débat. C’est un joueur
de 4-3-3, qui ne défend pas naturellement dans une ligne de quatre avec son latéral. J’ai averti Christophe sur ses manques. Il a insisté pour qu’on le fasse car il voulait un joueur capable de venir à l’intérieur.
C’était un débat sain. Malheureusement, on avait raison…
Christophe Galtier sera-t-il encore coach à la reprise ?
Il a encore deux ans
de contrat, donc, normalement, oui. Rien n’est irrémédiable. J’ai eu des moments difficiles avec Claude (Puel), c’était chaud parfois. Je ne suis jamais définitif sur ces sujets.
Allez-vous quitter le club ?
On fera le point tranquillement, en septembre, après le mercato. On a convenu
avec les actionnaires qu’on entrait dans un moment crucial. Ce sont des gens de haut-niveau, une chance pour les Niçois.
Vous allez donc mener les négociations avec les futures recrues ?
Oui, je suis là. Certains au club me comparent à Highlander mais je ne suis pas Highlander (rires). C’est l’actionnaire qui a la liberté totale de travailler ou pas avec certaines personnes. Mais ça fait bientôt douze ans que je suis là, je me rapproche de plus en plus de la sortie par définition. Je ne referai pas douze ans mais je prends toujours autant de plaisir à Nice.
Avez-vous été contacté par le PSG pour un éventuel transfert de votre entraîneur ?
J’ai lu que Paris serait intéressé mais, pour le moment, ce n’est pas le cas. Paris fait partie des clubs ultimes, comme le Real Madrid, le Barça… Même si on grandit, on reste Nice et on ne pourra pas lutter. Si Paris vient le chercher, c’est qu’on ne s’est pas trompé autant que ça. Mais plus les jours passent et plus ce sera compliqué pour le PSG. On a une saison à préparer.
Avez-vous échangé avec votre coach depuis la fin de saison ?
Non, il est en vacances. Il mérite de se reposer après une saison éprouvante.
Vous avez toujours défendu Kasper Dolberg. Comment expliquez-vous cette lente déliquescence de son rendement ?
(Il marque une pause) Il faudrait poser la question à Christophe. Il a peut-être les réponses. J’ai un avis, non pas une analyse. On ne m’enlèvera pas de la tête que Kasper est un joueur rare dans la surface adverse. Il doit donc être dans cette zone-là et ne pas penser
à trop défendre.
Avec le recul, regrettez-vous d’avoir recruté Billal Brahimi ?
Non et ce n’est pas de l’entêtement. En janvier, on est deuxièmes de Ligue 1. A ce moment, on manque de verticalité. On identifie un profil de joueur et on va sur le marché. Avec 50 millions d’euros, l’histoire n’est pas la même. Après, soit on tente de tirer 100 % d’un joueur, soit on considère, avant même de débuter l’aventure, qu’il n’aura pas sa chance. Pour la petite histoire, c’est lui qui offre
le but de la victoire à Andy (Delort) à Reims. Chaque fois qu’il a joué, il a fait preuve de caractère dans
un contexte délicat. C’est tellement contre-productif.
Le prix du transfert a également fait débat (autour de sept millions d’euros). Etait-ce pour soulager les finances angevines ?
(Surpris) Je ne comprends même pas qu’on puisse me poser la question. Je ne pense pas que ce soit surpayé. L’avenir nous le dira.
N’êtes-vous pas trop frileux sur certains coups ?
Cela veut dire quoi ?
Que vous avez tendance à dépenser moins que l’enveloppe allouée...
Je n’ai jamais dépensé l’argent qu’on n’avait pas, c’est un principe de base. D’autres de mes collègues peuvent le faire, moi, je ne sais pas. Par contre, on dépense 100 % de ce qui est possible mais il y a des règles, une DNCG, un fair-play financier. Contrairement à beaucoup de clubs, on n’a pas un stade plein, donc, moins
de sponsors, moins de recettes. Pour rappel,
on a dépensé 120 millions d’euros pour bâtir cette équipe. Elle est aujourd’hui valorisée au bas mot à 250 millions d’euros, avec la sixième masse salariale de Ligue 1. Ici, il n’y a pas de cadavres. Tout est fait proprement. Je partirai
en paix de l’OGC Nice.
Qu’en est-il de votre relation avec Jean-Pierre Rivère ?
Il vient de m’appeler deux fois, là (rires). On est un vieux couple, j’en suis fier.
Le lien semble indéfectible entre vous…
Oui, il a été très important et exemplaire à certains moments compliqués
de ma vie. Cela ne nous empêche pas de nous "attraper". Il ne me convaincra jamais sur certains points et vice versa. Avec Jean-Pierre, le ton
peut monter et alors ? J’ai beaucoup de considération pour lui, j’espère qu’il en a également pour moi.
Un homme, Dave Brailsford, prend de plus en plus d’importance...
Ineos n’avait pas eu le temps de mener cet audit, c’est une très bonne chose que ce soit en cours. Dave découvre le club, les gens, notre fonctionnement. C’est une personne brillante, intelligente et qui a déjà gagné. Il connaît parfaitement les problématiques du sport de haut-niveau. Sa limite, et il le sait, c’est sa méconnaissance du foot.
Auriez-vous pu travailler avec Luis Campos ?
Je l’ai rencontré il y a deux mois. C’est toujours intéressant d’échanger
avec un homologue. Il a des qualités que je n’ai pas et je pense, modestement, que j’en ai qu’il n’a pas. Je ne sais pas si on aurait été complémentaires. En revanche, ce que je sais, c’est qu’on a des personnes sous-cotées à l’OGC Nice, qui restent dans l’ombre pour pas qu’on me les pique. Ce sont les
membres de ma cellule de recrutement. Le club n’est pas à l’abandon. Il va juste falloir remettre la clé dans le moteur.
Vincent Menichini
Julien Fournier, le directeur du football Ineos, défend son bilan et assure qu’il va mener les négociations lors du mercato estival. Muet depuis des semaines, il n’épargne pas Galtier.
SCIC Nice Matin