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L'AVIS DES PRO-SAMPAOLI L'AVIS DES ANTI-SAMPAOLI; "Un entraîneur de très haut niveau" "Un coach très frileux"
L'histoire ne dit pas combien de secondes après le but d'Ignatius Ganago (Lens) contre Monaco (qui a propulsé l'OM à la 2e place) ils ont eu une pensée pour tous les détracteurs de Jorge Sampaoli, qui ont beaucoup critiqué ses choix et remis en question ses compétences (lire ci-contre). Mais ils y ont forcément pensé très vite. "Ça me fait rager que des supporters comme les nôtres, amateurs de football, ne reconnaissent pas son talent. C'est mesquin et anormal. Je trouve qu'il est sous-côté." Thierry, fada de l'Olympique depuis 1970, fait partie des inconditionnels de "Sampa", comme Antoine, abonné chez les Dodger's, ou Victor, exilé à Toulouse. Pour eux, les raisons d'adorer l'ancien sélectionneur du Chili et de l'Argentine sont multiples et vont au-delà de la fin heureuse en Ligue 1.
"Ça fait plaisir de voir une équipe avec une identité de jeu, une personnalité, explique l'habitué du virage Depé. Il n'est pas là pour mettre le bus, il veut jouer au foot, avoir la possession. Certes, on a vu un peu moins de folie au fil de la saison, mais on a continué à voir l'équipe jouer haut, presser... On paye nos places pour voir nos joueurs avec le ballon !" "Je suis très satisfait du style déployé et je me suis globalement régalé, poursuit le Toulousain. Il a réussi à générer un engouement par le jeu. En début de saison tout le monde s'éclatait, après il a modifié son jeu mais le système d'attaque à outrance n'aurait pas bien marché en Ligue 1. Il a analysé les forces et faiblesses de l'équipe, s'est adapté, et ça a fonctionné." "J'ai rarement vu l'OM avoir une telle maîtrise, détaille Thierry. Il y a une patte Sampaoli même si elle a évolué en cours de saison, d'une flamboyance à quelque chose de plus équilibré, plus basé sur la possession. Ça ne m'a pas gêné et c'était très agréable : on a vu des jeux en triangle, des sorties de balle de très bas souvent réussies, de beaux mouvements, de la verticalité quand il le fallait... Sampaoli, c'est le très haut niveau. Il a su fédérer, faire passer son projet de jeu à ses hommes, signe d'un grand entraîneur." Quand un Peter Bosz a eu toutes les peines du monde à faire adhérer les Lyonnais à ses méthodes, les Olympiens ont le plus souvent maîtrisé le système complexe de l'alchimiste de Casilda. Des Gerson, Valentin Rongier, Boubacar Kamara ou Mattéo Guendouzi ont été trimballés un peu partout sur le terrain ou ont passé leur temps entre plusieurs postes d'une action à l'autre, sans que cela ait porté préjudice à leur performance ou au collectif.
"Il a tenté des choses qui ont réussi
la majorité du temps"
"Il a réussi à transcender Rongier et Kamara, selon Antoine. Parfois ça a marché, parfois non, il fait des erreurs comme tous les coaches, mais il les a assumées. Je préfère ce genre d'expérimentations que commencer un match avec six défenseurs et perdre 6-1 (Monaco-OM en août 2017 avec Rudi Garcia sur le banc pour la composition la plus incompréhensible de l'histoire récente du club)." "Il a tenté des choses qui ont fonctionné la majorité du temps, mais quand il se plante, on ne peut pas tout lui mettre sur le dos. Il a fait des choix forts", apprécie Victor. "Ce n'est pas un football classique, tu ne t'ennuies pas, développe encore Thierry. On lui reproche beaucoup de mettre des joueurs pas à leur place, mais certains ont progressé grâce à ça. Et il ne faut pas oublier que l'effectif a été recomposé dans les grandes largeurs l'été dernier..."
Autre atout pour les trois supporters, les qualités humaines et de communication que laisse transparaître Jorge Sampaoli. "J'adhère à son discours, porté sur la folie, le plaisir, le désir de satisfaire les supporters, et je ne le sens pas démago sur ce point", approuve le Dodger's, quand Thierry insiste : "Les joueurs ont l'air de beaucoup l'aimer.""J'adore son honnêteté en conférence de presse, il assume ses décisions, il explique souvent ses choix de manière transparente, dixit Victor qui conclut en donnant un dernier argument qui justifie la popularité de l'Argentin chez une partie des aficionados de l'OM. Il nous a fait du bien, surtout quand on le compare aux entraîneurs qu'on s'est tapés les saisons précédentes..."
Entre Jorge Sampaoli et les supporters de l'OM qui ne l'apprécient pas, c'est une histoire d'incompréhensions. Le pluriel est important, car elles sont multiples, et, au final, peu importent la 2e place en championnat, le quart de finale en coupe de France ou la demie en Ligue Conférence : quand on n'apprécie ni les noms couchés sur la feuille de match ni leur ordre, ni le système utilisé, ni le jeu développé sur le terrain, on se contente difficilement du résultat brut, si bon soit-il. Les trois amoureux du club interrogés n'avaient pourtant aucun a priori négatif au moment de la signature de l'ex du Séville FC. C'est ce qu'ils ont vu qui leur a déplu. "Il y a eu tromperie sur la marchandise, déplore Marwen, abonné en virage sud et éducateur U13-U15 à Montpellier. Le début de saison était plutôt emballant puis il y a eu le tournant de Lens (2-3 au Vélodrome fin septembre). Finalement, c'est un coach très frileux. Il a aussi vendu dès sa première conférence de presse l'envie de bâtir une équipe qui ressemble à la ville. Résultat : avec cette possession à outrance, l'OM a rarement aussi peu ressemblé à Marseille selon moi." De cela, Jason, Vauclusien qui a migré aux Pennes-Mirabeau, n'en prend pas ombrage. Mais il n'est pas tendre avec "Sampa" malgré tout. "Je dois d'abord reconnaître que les joueurs ont eu un meilleur état d'esprit que la saison précédente, avec beaucoup plus de grinta. Mais il a fait trop de mauvais choix, dans les compositions, dans le placement des joueurs, dans les changements en cours de match... L'OM c'est Droit au but, je n'ai pas compris pourquoi on est passé de cette philosophie à des passes en retrait en permanence." "C'est un des entraîneurs les plus surcôtés du marché actuel, selon Florian membre des Fanatics. Il crée du jeu certes, mais niveau équilibre, choix des hommes ou du système, je n'adhère pas du tout. Rongier est l'un des meilleurs milieux du championnat, il le met arrière droit ; Luan Peres est lent et pas génial techniquement, il le fait jouer latéral gauche... Il a passé la saison à faire des erreurs flagrantes."
"Psychologiquement, il a massacré Milik"
Évidemment, les cas Arkadiusz Milik et Steve Mandanda ont polarisé les critiques, même si l'OM a réalisé ses meilleurs matches sans le Polonais et que Pau Lopez a été excellent d'octobre à avril, avant de nettement flancher et de perdre sa place au profit d'Il Fenomeno. "Mettre Mandanda à la cave du jour au lendemain, c'est un manque de respect vu ce qu'il représente au club, pour Jason. Concernant Milik, ça faisait longtemps qu'on attendait un N.9 comme lui. Quand tu as un tel attaquant, tu dois jouer avec. À Rennes j'avais la haine (Milik était resté tout le match sur le banc, 2-0 pour les Bretons) !" Le "Fana" enchaîne sur le cas du Polonais : "Milik est l'un des meilleurs attaquants d'Europe et il ne met plus un pied devant l'autre à cause de Sampaoli... Il l'a massacré psychologiquement : comment a-t-il pu attendre la 86e minute à Lyon ou à la 85e à Rotterdam pour le faire entrer ?"
Plus que les choix de schémas ou d'hommes, c'est toute la doctrine "sampaolienne" que Marwen remet en question : "Je ne dédouane pas les joueurs, mais je considère qu'il est le premier responsable du manque d'allant de l'équipe, qui est devenue craintive. Au Vélodrome, il y avait un décalage entre les tribunes en fusion et le terrain, et le retour contre Feyenoord a été le paroxysme. Même s'il y a eu une embellie en avril, il y a eu peu de rencontres enthousiasmantes."
Jason lui reproche également son attitude sur le bord de la pelouse : "Au lieu de se concentrer sur le jeu, il s'excitait pendant une demi-heure sur le quatrième arbitre... Il renvoyait une mauvaise image à ses joueurs. Tu peux contester, t'énerver, mais gueuler pour rien à ce point et prendre des cartons à chaque match, c'est inutile.""Si Pablo Longoria juge qu'il faut le prolonger, on va lui faire confiance, mais moi j'ai envie de dire stop à Sampaoli, il sera dépassé en Ligue des champions. Je préférerais un entraîneur comme Laurent Blanc ou Christophe Galtier", juge Florian, qui se réabonnera sans hésiter. Sans le connaître, il côtoiera au virage Depé notre interlocuteur vauclusien, qui attend avec impatience l'ouverture des précieux sésames à destination des nouveaux abonnés. Histoire de voir en vrai l'équipe de Sampaoli chaque semaine au Vélodrome.
La Provence