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Tactique: Comment l'OM peut renverser Feyenoord
Battu jeudi par Feyenoord (2-3) à Rotterdam, en demi-finales aller de Ligue Europa Conférence, l'OM a souffert face au dynamisme des Néerlandais. Mais le plan de jeu adopté par la formation d'Arne Slot ouvre néanmoins des possibilités aux Marseillais au retour. La demi-finale aller de Ligue Europa Conférence entre Feyenoord et l'Olympique de Marseille (3-2) aurait pu tourner dans les deux sens tant les deux équipes ont réussi à se procurer des occasions de grande qualité. Les Néerlandais comme les Français ont raté certaines de leurs plus belles opportunités, notamment Bamba Dieng, qui a conclu la plus difficile de ses positions de frappe.Le léger avantage acquis par le club de Rotterdam reflète assez justement les problématiques tactiques que se sont posées les deux équipes.
Si les Phocéens ont connu de vrais temps faibles face à l'activité néerlandaise en première période, ils ont aussi su contrecarrer, par séquences, le plan d'Arne Slot.L'OM face au pressing de FeyenoordLa sortie de balle et le contrôle du tempo figurent parmi les forces de l'OM de Jorge Sampaoli. Le technicien argentin insiste depuis le début de la saison sur la nécessité pour ses joueurs d'imposer le rythme des rencontres pour éviter de subir celui des adversaires. Feyenoord ne s'est pas incliné devant cette habitude marseillaise.
Les troisièmes d'Eredivisie, jonglant entre 4-3-3 et 4-2-3-1, sont allés chasser très haut les visiteurs, avec l'idée de priver d'air les défenseurs centraux, généralement dans le confort pour relancer. Ni Saliba ni Caleta-Car, auteur de deux erreurs grossières, dont une sanctionnée par un but, n'ont eu le loisir de se balader balle au pied dans un stade incandescent qui n'avait pas accueilli de demi-finale de Coupe d'Europe depuis vingt ans et dont l'ambiance a participé à la bonne période de leur équipe.L'avant-centre néerlandais sort sur Mandanda et l'incite à jouer vers son central.
L'ailier de Feyenoord va venir le presser sur le temps de passe et l'empêcher de s'orienter vers le côté.Même idée ici, où le triangle Caleta-Rongier-Saliba est anticipé par l'ailier gauche de Feyenoord qui va fermer l'angle de passe de Saliba vers Guendouzi (dans la loupe en haut à gauche).En ordonnant à ses ailiers de sortir sur les centraux marseillais, Arne Slot a surpris ces derniers. Mais quadriller l'entièreté d'un terrain de football reste impossible, bien que le progrès athlétique des joueurs aide les entraîneurs à s'en rapprocher chaque jour un peu plus.Cette orientation dans le pressing a libéré des espaces ailleurs, notamment dans le dos des ailiers, puisque ceux-ci sortaient sur des joueurs d'axe. L'OM est parvenu par intermittence à manipuler Feyenoord en ayant recours à des jeux en triangle.
Face à ce mécanisme, l'OM peut passer par des relais pour toucher le joueur libre, Guendouzi à nouveau (dans la loupe). Ici, un exemple de circuit qui mène au joueur libre.L'ailier de Feyenoord sort à nouveau sur le central/latéral gauche de l'OM Luan Peres. Le triangle Peres-Kamara-Gerson va permettre de trouver ce dernier libre.
La volonté de harceler les premières lignes marseillaises a poussé les Bataves vers l'avant, surtout en première période. Ils ont souvent devancé leurs adversaires, terminant parfois en supériorité numérique dans des zones très hautes du terrain.Les deux Bataves les plus proches du ballon sont concentrés sur Gerson. Il suffirait d'un léger déplacement à Kamara pour être disponible.Deux joueurs marseillais sont suivis par deux adversaires. L'espace (en rouge) dans le dos des six Néerlandais présent dans le camp adverse est immense.Le bloc néerlandais ne s'est pas toujours coordonné, que ce soit d'une ligne à l'autre ou à l'intérieur d'une seule et même ligne. Lorsque l'OM a cassé le premier rideau, le terrain s'est ouvert presque divinement. Avant le match retour, le staff de Feyenoord procédera sans doute à des ajustements, même si le petit but d'avance ne leur laisse pas une grande marge. Si Slot continue de miser sur ce plan de jeu extrême, au moins une partie du match, Marseille devra mieux en exploiter les moments de désorganisation.
Payet serait capital dans ce scénario.
Trouvé rapidement dans le dos des milieux après la récupération, Payet peut se retourner et lancer Dieng dans la profondeur. Le Sénégalais croisera trop sa frappe du gauche.Le premier rideau de Feyenoord a été éliminé. Gerson peut avancer tranquillement et va servir Payet dans le dos des milieux. À droite, Guendouzi est complètement seul. Dans l'ovale blanc, Sinisterra, qui défendait sur les centraux marseillais, est trop loin pour agir. L'action se finira par le but de Gerson.Pour ne pas courir derrière le score à nouveau, les dauphins du PSG devront également contrôler la profondeur, zone que le Feyenoord a martyrisée pendant les quarante-cinq premières minutes.Pression sur le porteur et profondeurAvant que Caleta-Car n'envoie une passe trop molle à Steve Mandanda et offre un troisième but dès la 46e minute à Dessers et ses partenaires, l'OM avait tangué face aux multiples courses adverses dans la profondeur. Les trois attaquants Sinisterra, Dessers, Nelson et même Malacia et Geertruida, les latéraux, ont enchaîné des appels en profondeur. Sur certaines séquences, les milieux Kökçu et Til se sont engagés à leur tour.
Marseille a été secoué par l'existence de deux ou trois appels en quelques secondes. Les Bataves ont attaqué la profondeur dès qu'ils ont vu le bloc phocéen remonter sans mettre de pression sur le porteur, une lacune déjà visible à plusieurs reprises cette saison.Deux joueurs (1 et 2) de Feyenoord sont hors-jeu après avoir déclenché un appel a priori infructueux. Mais un troisième joueur s'engage en partant de plus loin et va être servi lancé.Encore une fois, deux Néerlandais sont en position de hors-jeu (1 et 2). Un troisième (3) s'engage, va recevoir le ballon (le porteur n'est pas gêné) et le remettre à un partenaire pour l'ouverture du score.Que ce soit en bloc médian ou en bloc bas, près de sa surface, l'OM s'est retrouvé à défendre en reculant.
Sur le premier but concédé, Sinisterra part dans le dos et reçoit un ballon à l'entrée de la surface. Quant au second, Nelson part quasiment de la ligne médiane avant de servir Sinisterra au deuxième poteau.Feyenoord n'a pas hésité à se déséquilibrer vers l'avant en plaçant cinq ou six joueurs à hauteur de la ligne défensive marseillaise. Ici c'est Geetruida (5) qui va déclencher un appel, non servi. Dieng est loin du porteur.Le porteur de balle n'est pas pressé. Un joueur de Rotterdam décroche dans le dos de Gerson et Peres, un autre part dans l'espace créé. Quelques secondes plus tard, Feyenoord marque son deuxième but.Hormis
Saliba, les autres membres de la ligne défensive marseillaise ne possèdent pas la vélocité pour survivre quand l'espace à couvrir s'agrandit. Pour moins les exposer, le correctif se fera peut-être à la source, sur la première ligne phocéenne, qui devra empêcher les défenseurs adverses d'allonger avec précision. Si l'OM veut prendre la route de Tirana pour la finale de la Ligue Europa Conférence, il faudra barrer celle que le Feyenoord Rotterdam a empruntée au match aller.
L'Equipe