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OM: COMMENT SAMPAOLI A PERDU LA MAIN
Les récentes défaites ou contre-performances de l’OM ont mis en valeur une gestion humaine et sportive très défaillante de la part de Jorge Sampaoli. Le staff et les dirigeants marseillais espèrent qu’il ne s’agit que d’une "usure mentale" passagère, mais le mal semble être bien plus profond.
Un sentiment d'impuissance, un manque de caractère, voire les signes d’une certaine désunion transpirent de cet OM, et Jorge Sampaoli en porte une grande part de responsabilité. Plusieurs fois, ces dernières semaines, en conférence de presse, l’entraîneur argentin avait essayé de faire croire aux plus naïfs que le mal n’était pas si profond, et que la presse avait la critique trop facile, et trop influencée par le moindre résultat négatif. Un constat en trompe-l’œil.
Au sein du club et du vestiaire marseillais, d'ailleurs, beaucoup sentaient venir la crise et c’est justement la deuxième place au classement qui masquait le malaise et empêchait une vraie remise en cause. Les sifflets du Vélodrome et certains chants ("Mouille le maillot ou casse-toi", en fin de match contre Monaco) illustrent l’impatience qui règne désormais autour de l’OM. Avec certains coups de gueule des groupes de supporters, notamment le communiqué des Dodgers ce week-end, qui montre bien que Sampaoli a perdu son totem d’immunité.
Sampaoli s’est coupé de certains tauliers
Comment en est-on arrivé là ? Depuis longtemps déjà, Sampaoli s’est coupé d’une partie de son vestiaire. Le sujet n'est pas nouveau, les signaux négatifs envoyés aux joueurs ont été nombreux, dès le début de saison. Amavi, apprécié du groupe, mis au placard. Mandanda, à qui on avait promis une saine concurrence, envoyé sur le banc sans prendre de gants. Álvaro, relégué dans la hiérarchie des défenseurs et poussé vers la sortie cet hiver. A petit feu, Sampaoli a pris le risque de perdre des hommes importants de son vestiaire. Les mises à l’écart d’Alvaro et de Mandanda, deux joueurs majeurs par leur charisme ont eu un vrai impact négatif. En interne, personne ne remet vraiment en cause les prestations de Pau Lopez ou le niveau des défenseurs centraux. Mais un constat s'impose: Sampaoli n’a pas su impliquer certains tauliers et beaucoup sont convaincus que leur voix ou leur leadership manque dans les moments difficiles.
Harit, Gueye, Balerdi... les remplaçants ont le blues
D’autres joueurs ont eu du mal à comprendre les choix de Sampaoli, ces derniers temps, notamment Amine Harit, très peu utilisé, ou plus récemment Pape Gueye, en pleine forme après son retour de la CAN, mais barré par Gerson, trop souvent titulaire indiscutable au goût de certains coéquipiers, même si le Brésilien n'est pas le moins performant ces derniers temps. Leo Balerdi pensait également avoir saisi sa chance à plusieurs reprises, notamment lors du match aller face à Qarabag. Il est redevenu remplaçant. Le sujet revient souvent dans les discussions entre joueurs. Certains ont depuis longtemps le sentiment qu’il n’ont pas la confiance du coach. Pire, les remplaçants reconnaissent en privé ne pas comprendre les décisions de l’entraîneur pendant la rencontre, quand il faut faire des choix forts pour influer sur un match compliqué.
Staff et direction reconnaissent une usure mentale
Au sein du staff et de la direction, la lecture de ces contre-performances est moins alarmiste. Même si tout le monde s’accorde sur le fait que les joueurs sont usés mentalement et qu’on ne retrouve pas la fraîcheur et l’insouciance du début de saison, qui faisaient la force de cet OM version Sampaoli. Un proche du groupe a son explication. "A qui la faute ? A l’entraîneur ! Les changements de système récurrents font que les joueurs ont perdu leurs repères ou leur spontanéité. Sampaoli a l’obsession du contrôle du jeu et ce n’est pas toujours compatible avec l’insouciance offensive ou tout simplement le plaisir de jouer et d'attaquer." Voilà qui fait écho aux propos tenus par Milik, dimanche après le match, auprès du diffuseur. Le Polonais a dit tout haut ce que la majorité des joueurs pense tout bas: les Olympiens souffrent d'un manque de repères et les changements de système de jeu ont fini par user l'équipe.
Si Sampaoli reste, Milik demandera à partir cet été
Le cas Milik, emblématique, a ramené un peu de nervosité au sein du club. L’attaquant polonais est très remonté contre son entraîneur et a moyennement apprécié certaines de ses sorties médiatiques à son égard. Selon nos informations, dans son esprit, les choses sont déjà claires: si Sampaoli est encore l’entraîneur marseillais la saison prochaine, il demandera à quitter le club. Le Polonais juge incompréhensif certains de ses choix. Avec une liste d’incohérences assez longue. Milik a besoin d'enchaîner? Il regrette que son entraineur le coupe dans son élan dans une période où il retrouvait le chemin des filets. Milik est surtout à l’aise (constat partagé par le staff) quand des joueurs de côté sont performants et parviennent à mettre de la vitesse sur les ailes et à centrer? Sampaoli aligne, face à Monaco, une équipe sans aucun latéral de métier !
Un recrutement qui n’a pas tout à fait contenté Sampaoli
Les secousses ressenties au sein de l'OM mettent aussi en lumière quelques divergences de vue entre Pablo Longoria et Jorge Sampaoli. Humainement, les deux hommes s'apprécient énormément et parlent souvent football, en toute confiance. Mais leur vision de l'effectif n'est pas exactement la même. Sampaoli pense que son groupe est jeune et sans trop de vécu ni d’expérience, par rapport à certaines équipes concurrentes de Ligue 1. Il estime qu’il faut du temps à certaines recrues pour s’adapter à la Ligue 1. Il pense aussi que son équipe est très dépendante de la forme de Dimitri Payet. Longoria a lui fixé l'objectif podium, et défend son recrutement. Selon lui, l’effectif est suffisamment cohérent pour viser la qualification en Ligue des Champions.
Le mercato d’hiver illustre bien ces deux visions. Le recrutement de janvier n’a pas contenté l’entraîneur de l’OM, qui voulait plus de renforts, et qui estime que Kolasinac et Bakambu auront du mal à retrouver rapidement le rythme et la condition physique. Le président de l’OM pense avoir fait le maximum, avec un budget limité et dans un marché des transferts très compliqué. Les dépenses engendrées l’été dernier font tout de même que l’OM a tout intérêt à se qualifier pour la lucrative Ligue des champions la saison prochaine. Il y a donc un sentiment d’urgence au sein du club marseillais, qui traverse sa première crise depuis la prise en mains de l’équipe et du club par Sampaoli et Longoria.
RMC