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Coaching surprenant, résultats moyens, vestiaire tendu, l'OM en plein doute
Résultats mitigés, choix douteux de Jorge Sampaoli, défaillances individuelles et discours électriques : le vestiaire marseillais vit une séquence bouillante et se secoue lui-même, sans ménagement.
Le 31 janvier, à la veille de la défaite à Lyon (1-2), Dimitri Payet avait expliqué posément : « On n'a pas encore eu de moments compliqués. C'est là qu'on verra si le groupe répond présent. » Une formule bateau en temps de paix et de succès, qui prend seulement son sens quand le navire tangue - et il tangue toujours au moins une fois par saison à l'OM, que l'exercice soit in fine réussi ou décevant.
Le ton du capitaine, vétéran d'un club où il a connu maints épisodes tourmentés, était ainsi plus sévère dimanche, après la défaite à domicile contre le promu clermontois (0-2), son discours auprès de Prime Vidéo suggérant que l'instant fatidique était arrivé : « Il nous a manqué de l'humilité. On s'est fait donner une bonne leçon par une équipe de Clermont qui a mérité cette victoire. Va falloir dégonfler les têtes et se remettre un peu à bosser. »
Sampaoli n'arrive pas, ou moins, à fédérer sa troupe
Faut-il vraiment chercher un ou des destinataires précis dans le vestiaire à ce message martial Payet n'a pas donné de noms, évidemment, et souhaitait sans doute réveiller son groupe au sens large. Interrogé en zone mixte, Mattéo Guendouzi, réputé proche du Réunionnais, tout comme William Saliba, Cédric Bakambu ou Amine Harit (même si aucun n'a le degré d'intimité qu'avait Jordan Amavi avec Payet), a répondu que « chacun était libre de penser ce qu'il voulait ». L'ancien Gunner, au niveau d'engagement élevé depuis le début de saison, ne se sentait visiblement pas concerné.
Cet échange par micros interposés n'a été que la partie audible d'un après-match particulièrement tendu dans les entrailles du Vélodrome. Les gars de Jorge Sampaoli ont laissé éclater leur colère après cette contre-performance dans leur antre, où ils ne s'épanouissent que par intermittence (20 points pris sur 39 en Ligue 1 depuis août 2021). L'irrégularité des performances, avec trois victoires et trois défaites lors des six dernières rencontres, dont l'immense désillusion en Coupe de France à Nice (défaite 1-4 en quarts de finale le 9 février), fait ressortir en février des problèmes sous-jacents, masqués par l'invincibilité de janvier.
Si quelques manques d'affinités interrogent, entre Payet et Arkadiusz Milik par exemple, si certains joueurs doivent passer outre des problématiques personnelles (Duje Caleta-Car, la tête de gondole des mercatos, Alvaro ou Steve Mandanda, les déclassés, Boubacar Kamara et son avenir à l'étranger) ou retrouver du rythme (Sead Kolasinac et surtout Bakambu souffrent physiquement à l'entraînement), le sujet principal est plutôt l'incompréhension suscitée par les décisions de Sampaoli.
Milik, un peu surpris qu'un circuit préférentiel dans l'animation offensive ne soit pas travaillé lors des séances d'entraînement, sait bien que son club aurait tenté de le vendre cet hiver si une offre intéressante était arrivée. Il ne s'est pas privé de souligner les passes qui n'arrivent pas, après Lens-OM le 22 janvier (victoire 2-0), ou combien les choix de son coach le décontenançaient, après Metz-OM le 13 février (victoire 2-1). Brisant le tabou ultime à la Commanderie, tenant tête à un Sampaoli peu habitué à ce type de remise en cause.
Si le président Pablo Longoria, par exemple, fait un classique service après-vente auprès de certains entourages de joueurs agacés par le manque de temps de jeu de leur poulain, il n'est jamais allé jusqu'à interférer dans les schémas de son entraîneur. Angoissé, têtu, perfectionniste et travailleur de l'extrême, le coach argentin n'arrive pas, ou moins, à fédérer sa troupe, alors que les compositions d'équipe et les systèmes (défense à trois ou quatre, 4-4-2...) évoluent drastiquement à chaque rencontre.
Passons sur l'opacité récurrente quant aux absents, comme Konrad De La Fuente, touché avant Clermont, et Amine Harit, qui promenait son visage tuméfié à la Commanderie ces derniers jours après avoir reçu un coup involontaire sous l'oeil droit, à l'entraînement. Mais pourquoi Kamara ne débute-il pas contre Clermont, alors qu'il a tout pigé à la polyvalence de Sampaoli et que ses histoires de contrat importent peu au coach ? Pourquoi certains joueurs n'ont-ils pas du temps pour enchaîner, quand cette patience a été plutôt fructueuse pour Luan Peres et Gerson en première partie de saison ?
Le vestiaire ne part pas en lambeaux, il se creuse les méninges. Guides et tauliers sont plus rares, même si Valentin Rongier a lui aussi essayé une remobilisation tonique, dimanche soir : « Je ne pense pas que certains se prennent pour d'autres. Ce qui est sûr, ce soir, c'est qu'on n'a pas mis tout ce qu'il fallait. Si c'est un problème d'attitudes, on va le régler dans le vestiaire. » Les joueurs se crispent, enveloppent eux-mêmes des résultats en dents de scie d'un halo électrique.
L'issue n'est pas écrite pour l'actuel dauphin du Paris-SG. À la suite d'une correction à Galatasaray le 25 novembre (2-4), synonyme d'élimination en Ligue Europa, l'OM avait repris des couleurs face à Troyes, trois jours plus tard (1-0). Après l'escale à Bakou cette semaine, pour affronter le Karabagh FK en barrage retour de la Ligue Europa Conférence (3-1 à l'aller), c'est à nouveau Troyes qui se représente en victime expiatoire, dimanche en Ligue 1 (17 h 05), pour solder comptes et dépits.
L'Equipe