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Sampaoli l’affranchi
Les critiques, l’environnement extérieur ou les contraintes internes : rien ne semble avoir de prise sur l’entraîneur de l’OM dans ses choix d’hommes et de systèmes. BAPTISTE CHAUMIER et VINCENT GARCIA
À l’OM, le patron (du sportif), c’est lui. Et si certains en doutaient encore, Jorge Sampaoli a une nouvelle fois prouvé qu’il était bien le dernier décisionnaire, celui qui choisit, qui tranche et innove constamment. À Metz (2-1), dimanche, le technicien argentin a de nouveau pris des décisions surprenantes qu’il a farouchement défendues. Et le résultat a donné du poids à ses arguments, forcément. Encore une fois, Sampaoli a donc décidé de se passer d’Arkadiusz Milik au coup d’envoi, comme souvent en L1 ces derniers temps malgré un triplé contre Angers (5-2).
L’international polonais a marqué le but de la victoire, quelques minutes après son entrée en jeu, avant de livrer son incompréhension face au choix de son entraîneur (« Il y a des choses que je ne comprends pas mais je fais mon boulot »). Mais « el Pelado », expéditif dans ses explications en conférence de presse, n’a pas vacillé. L’OM (2e de Ligue 1) a enfin déniché un attaquant de standing international après des années de disette, entre Mitroglou et Benedetto ? Sampaoli répond options de jeu et équipe, s’affranchissant des statuts, Steve Mandanda est bien placé pour le savoir. Comme avec le gardien historique de l’OM, une forme d’incompréhension s’est installée entre l’entraîneur et son buteur au fil des semaines. Mais la rupture n’est pas encore consommée, Milik ayant la volonté de briller et de rester professionnel avant le mercato estival.
Avec ses dirigeants aussi, il sait imposer ses vues
Malgré certaines critiques qui émergent et qu’il n’apprécie guère, le coach olympien (61 ans) ne dévie pas de sa ligne et continue de surprendre aussi dans ses choix de systèmes de jeu. Après des expérimentations hasardeuses à Galatasaray (2-4) ou à Nice (1-4), il a récidivé face à Metz en titularisant Pape Gueye au poste de latéral gauche. Le milieu défensif a limité les dégâts et il avait de toute façon des circonstances atténuantes. Lors du dernier entraînement, samedi, Sampaoli avait testé plusieurs systèmes et dans aucun d’entre eux Gueye n’avait occupé cette position-là… Les joueurs doivent être capables de s’adapter au pied levé, c’est une des bases de sa philosophie de jeu. Et tant pis pour ceux qui n’y parviennent pas. Avec ses dirigeants, l’Argentin sait aussi imposer sa loi. Et s’il peut être « corporate », il y a une limite à ne pas franchir, celle du terrain. Le dernier épisode en date – le mini-psychodrame du week-end avec Alvaro Gonzalez – confirme ce que Sampaoli a déjà montré dans un passé récent avec d’autres joueurs en froid avec leur direction : lui seul reste décisionnaire des choix sportifs. Alors que Pablo Longoria avait rencontré samedi le défenseur espagnol à la suite de son interview au vitriol et non autorisée par le club dans AS, les dirigeants olympiens avaient laissé filtrer une probable mise à l’écart du groupe à Metz. Mais Alvaro était bien présent. Il s’est même échauffé, sans entrer en jeu cependant.
Les deux hommes ne sont pourtant pas les meilleurs amis du monde depuis quelques mois. Et Sampaoli lui a même dit clairement qu’il avait été déclassé dans la hiérarchie des centraux cet hiver. L’horizon est bouché pour l’ancien joueur de Villarreal. Mais si l’entraîneur marseillais estime qu’il en a besoin sportivement dans les semaines à venir, il ne se posera sûrement pas de questions.
Il fait fi des considérations financières
À la fin du mercato estival, déjà, Duje Caleta-Car et Boubacar Kamara avaient crispé en interne en refusant de partir. Les deux joueurs n’ont jamais été sanctionnés sportivement, Kamara héritant même du brassard de capitaine à plusieurs reprises. Un signe d’ouverture, alors que plus grand monde au club ne croit encore en une prolongation du milieu en fin de contrat en juin.
Capable d’imposer certaines de ses pistes à Longoria sur le mercato (Gerson, Luan Peres), Sampaoli peut aussi soudainement changer d’avis sur le profil d’un joueur, sans se soucier des considérations financières. Il l’a montré avec Jordan Amavi ou Alvaro, prolongés en fin de saison dernière et mis à la cave ensuite. Ou même avec Pol Lirola, recruté quand même pour 13 M€ cet été, mais utilisé avec parcimonie par le technicien sud-américain.
Longoria, qui a des moyens limités, en est réduit à jongler avec les contraintes de la DNCG, celles du propriétaire Frank McCourt et les choix parfois surprenants de son entraîneur, sur lesquels il n’a aucune prise. Pour l’instant, l’attelage tient.
L'Equipe