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Les valses de Jorge Sampaoli, l'entraîneur qui bouscule l'OM
Peu importe les joueurs dans le onze, l'entraîneur argentin, fidèle à ses méthodes, impose son style et les résultats suivent pour l'OM.
Avec Jorge Sampaoli à l'OM, c'est comme si tout le monde était interchangeable, un peu à l'image du brassard de capitaine, qui vient de passer, en une semaine, autour de trois bras différents en autant de matches, depuis le passage de Steve Mandanda sur le banc (Kamara, Alvaro Gonzalez et Payet contre Rennes). Et la méthode marche, ce qui est le signe pour l'instant d'une vraie équipe, où le collectif prend le pas sur les individualités.
Arkadiusz Milik est blessé ? Dimitri Payet joue en faux neuf et cartonne au mois d'août. Le Réunionnais est forfait ? Pas de soucis, il y a Amine Harit ou Bamba Dieng pour faire l'affaire. Balerdi est suspendu en défense ? Alvaro Gonzalez est là pour le remplacer. Dans l'entrejeu, où la concurrence est rude, la valse se joue également d'une semaine à l'autre et cela n'affecte pas les performances.
En attendant le match à rejouer contre Nice le 27 octobre, l'OM, deuxième du classement de la L1 avec 13 points en cinq rencontres, réalise son meilleur début de saison depuis 2012 sous Élie Baup (15 points sur 15). Peu importe les joueurs sur la pelouse finalement, peu importe les adversaires aussi, les résultats suivent et le style demeure, celui d'une équipe très agressive à la perte du ballon, qui étouffe ses adversaires, joue haut, prend des risques et marque des buts. Sans en encaisser depuis deux matches de L1, ce qui ne gâche rien, alors que c'était un des reproches qu'on pouvait faire à Sampaoli depuis son arrivée en mars.
Il désarçonne les adversaires mais aussi ses joueurs
Dans sa rotation, le technicien argentin (61 ans) accorde quand même une confiance plus forte à certains qu'à d'autres et une colonne vertébrale se dessine. Depuis le début de la saison, William Saliba et Luan Peres derrière, Mattéo Guendouzi au milieu ou Cengiz Ünder devant ont débuté à chaque fois. Mais, hormis lors des deux premières rencontres de L1 contre Montpellier (3-2) et Bordeaux (2-2), « el Pelado » n'a jamais aligné la même équipe d'un match à l'autre. Sampaoli aime visiblement désarçonner ses adversaires mais aussi ses joueurs, auxquels il ne fournit pas d'explications à ses choix.
La composition tombe les jours de match et certains la découvrent parfois avec amertume. Des points de crispation existent. Mais dans un groupe qui a énormément changé cet été, avec beaucoup d'étrangers, les rapports de force dans le vestiaire ne sont plus les mêmes qu'à une époque. La mise à l'écart du monument Mandanda, remplaçant depuis trois rencontres, n'a pas eu l'impact négatif qu'elle aurait pu avoir il y a quelques années. C'est le cas aussi pour deux situations personnelles compliquées, mais qui représentent moins de choses à l'échelle de l'OM, Duje Caleta-Car ou Jordan Amavi, zéro minute chacun cette saison.
Sampaoli joue pour l'instant sur du velours, même s'il a eu l'intelligence de relancer certains joueurs contre Rennes (2-0), tout en préservant d'autres - comme Gerson, remplaçant dimanche - de l'image de « chouchou » qui pourrait être préjudiciable. Dans le groupe, certains sont très attentifs au temps de jeu et aux performances du Brésilien, exigé expressément par l'entraîneur cet été et recruté à prix d'or (22 M€ bonus compris).
Toujours à fond à l'entraînement
Avec un match tous les trois jours, il va y avoir de quoi satisfaire tout le monde ou presque et cette concurrence crée même une sorte d'émulation. Avant le Lokomotiv Moscou (1-1) en Ligue Europa ou Rennes le week-end dernier, les entraînements ont été très intenses selon certains témoins, au point que les adjoints ont même été obligés de tempérer les ardeurs, parfois.
Depuis que l'Argentin est arrivé, c'est une constante : ça ne blague pas pendant les séances collectives. Très exigeant, Sampaoli est toujours sur le dos de ses joueurs pour recadrer, repositionner, expliquer, souvent avec de la voix. Des méthodes qui en avaient bousculé beaucoup au printemps dernier mais qui semblent avoir été bien assimilées depuis. Les joueurs marseillais n'ont pas vraiment le choix de toute façon.
Le technicien sud-américain, perplexe devant ces retours indirects sur sa façon de faire, n'a jamais envisagé de lever le pied, au contraire. Imaginer qu'il peut changer à 61 ans est un combat perdu d'avance, même si le calendrier, avec un match tous les trois jours désormais, l'oblige à tenir compte évidemment de la récupération.
Lundi, les titulaires contre Rennes se sont contentés de massages pour la plupart, quand les autres s'entraînaient avec la réserve. Le physique, voilà une donnée qui sera primordiale dans un futur proche, alors que le style de jeu est énergivore et l'effectif limité dans certains secteurs. Pour l'instant, l'OM, dauphin du PSG, est en forme et suit, sans même donner l'air de trop forcer, le rythme effréné des Parisiens.
L'Equipe