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ALLUMEZ LE COUVRE-FEU
L’OM veut sortir de la crise, le PSG veut se roder avant la Ligue des champions : ce centième Classique de l’histoire est une affiche à ne pas manquer. MÉLISANDE GOMEZ
Au bout d’une semaine où les droits télé ont investi l’essentiel des conversations, l’heure est enfin venue, ce soir, de s’installer dans le canapé pour regarder un match de football. On n’attendra pas les appels d’offres mais les appels tout court, on ne voudra pas de gré à gré mais on espère des face-à-face, on n’est pas sûr qu’on en aura pour notre argent mais qu’importe, puisque c’est une affiche indémodable qui résiste à tout.
Même amputé de pas mal de son suspense, après l’arrivée de QSI dans le panorama de notre Ligue 1, le PSG ayant battu l’OM dix-huit fois sur vingt-trois depuis qu’il navigue sous pavillon qatarien, le Classique à la française met l’eau à la bouche. Il sera privé d’un décor à la hauteur de son histoire, cette fois, dans un stade Orange-Vélodrome à huis clos qui nous rendra nostalgique des virages chantants et des banderoles acides, mais il garde son sel et son soufre, parce que les épisodes précédents ont un peu réveillé le feuilleton (voir page 12).
Pour aborder ce centième match entre les deux clubs, il faut se souvenir du 98e, cette première manche au Parc des Princes où des Parisiens à peine remis du Covid-19 avaient été battus (0-1) par des Marseillais déterminés, qui n’avaient pas encore été ramenés sur terre par leur triste campagne de Ligue des champions. Il n’y avait pas eu beaucoup de football ce soir-là, pour ce choc précoce, placé très tôt dans le calendrier, comme une faveur à la toute nouvelle chaîne Téléfoot, qui y voyait l’occasion de faire le plein d’abonnés.
Une chance pour deux
Le pari du nouveau diffuseur n’a pas fonctionné, vicié dès le départ par le cynisme des uns et l’aveuglement des autres. Mais la soirée a laissé des souvenirs et pas que des bons, de l’entrée de Paredes, tous crampons dehors, à ce final déplorable où les cartons rouges ont plu comme l’averse, en passant par le crachat de Di Maria ou les échanges Neymar- Gonzalez. À défaut de spectacle, ces étincelles ont rappelé que les braises ne s’éteignent jamais complètement entre l’OM et le PSG. Ce qui ne garantit pas que l’affaire s’envenime à chaque fois, heureusement : pour le Trophée des champions, il y a trois semaines, il n’y eut pas de débordement, ni de grand match non plus, et le PSG avait gagné (2-1).
Il sera encore le favori, ce soir, dans une rencontre aux allures d’aubaine, pour les uns et les autres. Après les journées qu’il vient de traverser, l’OM aborderait presque ce choc comme un petit bol d’air, l’occasion de se replonger sur la verte pelouse sans trop de pression sur les épaules. Logiquement secoués par la visite musclée de certains ultras à la Commanderie, samedi dernier, puis par le départ inattendu de leur entraîneur André Villas-Boas trois jours plus tard, les Marseillais n’ont pas grand-chose à perdre : ils sont déjà loin de leur objectif de podium et une défaite tomberait sous le coup d’une certaine logique sportive.
Neymar devrait en être
Elle ne ferait pas plaisir à leurs supporters, évidemment, mais leurs griefs sont ailleurs de toute façon, complètement tournés vers leur président : même un hat-trick de Jacques-Henri Eyraud, qui reste hautement improbable, ne suffirait pas à adoucir les rancœurs. Un bon résultat, en revanche, esquisserait la reprise d’une marche avant. L’OM n’a plus gagné depuis plus d’un mois, mais il a pris un point encourageant à Lens mercredi (2-2), comme le signal d’une équipe qui veut s’éloigner un peu du tumulte récent.
Pour le PSG, l’occasion sera belle de trouver des certitudes et de s’offrir une répétition générale, à dix jours du retour de la Ligue des champions et d’un voyage à Barcelone qui peut toujours réveiller quelques fantômes. Après un peu plus d’un mois à la tête de l’équipe, Mauricio Pochettino a lancé le chantier et on devine, par à-coups, où il veut en venir dans l’animation offensive.
Il lui faudra du temps pour parfaire la partition mais, en attendant, il doit quand même gagner, dans un Championnat où il a trouvé des concurrents coriaces sur la route du titre. Déjà battu cinq fois, Paris ne peut plus traîner s’il veut aborder le printemps avec les idées claires. Il devrait pouvoir compter sur Neymar, bien remis de sa fête d’anniversaire, anticipée à jeudi soir, mais touché par une gastro-entérite qui l’a privé de l’entraînement d’hier.
Le Brésilien a fait le déplacement, en tout cas, et les Marseillais devront serrer les rangs pour résister aux éclairs. Nasser Larguet, propulsé sur le banc par les turbulences à l’OM, le résume ainsi : « Ce match, c’est notre Champions League en Championnat. » Ce qui, en vérité, n’est pas forcément de très bon augure pour les Marseillais.
L'Equipe