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Des joueurs sous le choc
Les événements graves de la Commanderie ont profondément marqué les Olympiens et auront forcément des conséquences sur leur état d’esprit. de notre envoyé spécial
VINCENT GARCIA (avec M. Go. et F. To.) Marseille – Certains joueurs de l’OM – plus lucides visiblement que leur direction sur la situation insurrectionnelle – avaient senti la colère monter ces derniers jours chez les supporters, au point de s’inquiéter d’être visés à leur domicile. Mais c’est un peu dans leur seconde maison, la Commanderie, qu’ils ont été touchés, hier. Certains physiquement, comme Alvaro Gonzalez, atteint par un projectile et victime « d’une toute petite égratignure » selon un proche, qui ne conteste pas que « cela aurait pu être plus grave », ou André Villas-Boas, visé par des bouteilles d’eau. Les deux hommes étaient sortis à la rencontre des supporters énervés qui s’étaient introduits de force dans le centre d’entraînement.
La plupart des Olympiens sont restés, eux, dans leur chambre, certains ont fermé les rideaux, mais tous ont été évidemment très marqués par les graves incidents d’hier. « Je n’ai jamais vu ça », disait un joueur à l’expérience éprouvée du contexte marseillais. « Pas envie de parler, je suis mentalement détruit », expliquait un membre du staff. « Certains étaient terrorisés, on a évité un drame », racontait, lui, un salarié du club phocéen. La nouvelle de l’intrusion est remontée très vite chez les familles des joueurs, très inquiètes. « C’est un club de fou et j’espère qu’il partira très vite », nous expliquait un proche d’un Marseillais.
Arrivé la semaine dernière de Naples, un club passionné et une ville bouillante, Arkadiusz Milik, prêté pour 18 mois, a dû se demander où il était tombé. « Cela fait 13 ans que je suis joueur de l'OM, expliquait le capitaine Steve Mandanda dans un communiqué officiel. Je connais tout de ce club, je sais l'amour et la frustration qu'il peut susciter. Mais les événements d'aujourd'hui m'attristent et sont inacceptables. » Alvaro, qui a aussi posté sur les réseaux sociaux, s’est aussi exprimé dans ce communiqué : « Je suis venu à l’OM pour son histoire et la passion qui l’entoure. Cette ville est merveilleuse, nous aimons tous ce club mais ce que nous avons vécu aujourd’hui ne doit plus jamais se reproduire. »
Remontés contre la direction et certains médias
On ne mesure pas encore les conséquences de ces images et de ces actes fous sur les décisions à venir pour des joueurs prêtés, les futures recrues en train de négocier, les jeunes, même plus insouciants de nature, ou encore des éléments plus installés au club. Mais l’attaque de la Commanderie n’est pas une bonne publicité pour l’OM et ne va pas aider Pablo Longoria, le directeur sportif, en cette fin de mercato et à l’avenir. Un membre de l’entourage du défenseur espagnol nous a confié hier : « Alvaro et ses coéquipiers ont peur, ils sont préoccupés par la situation. Ils ont demandé à rencontrer le président rapidement pour avoir des garanties quant à leur sécurité. »
Certains joueurs étaient effectivement assez remontés contre leur direction, jugée incapable de garantir leur sécurité hier, même si des mesures avaient été prises ces derniers jours concernant les plus visés par les critiques, afin qu’ils arrivent et quittent la Commanderie plus discrètement. D’autres Marseillais en voulaient beaucoup aux médias, coupables à leurs yeux d’avoir créé un climat de « Marseille bashing », notamment sur l’affaire du clash Payet-Thauvin. Un discours relayé immédiatement sur le plateau du Canal Football Club hier par Jacques-Henri Eyraud, lui qui n’a pris aucune initiative en interne ou en externe pour calmer les choses ces derniers jours et qui est resté muet depuis son discours dans le vestiaire après Nîmes (1-2, 16 janvier).
« On va essayer d’établir les responsabilités, toutes les responsabilités, a indiqué le président de l’OM. Cela fait quelques mois que ceux qui incitent à la violence et à la haine jouent ce petit jeu malin et vicieux, qui font qu’on arrive aujourd’hui à cette situation. Il y a des responsabilités qui vont au-delà de ceux qui étaient à la Commanderie. » Des accusations graves qui visaient clairement certains médias.
Une drôle de façon d’apaiser les choses dans un contexte déjà incendiaire. En attendant, les joueurs ont rendez-vous ce matin à 10 h 30 à la Commanderie pour s’entraîner en prévision du match de Lens, mercredi. Dans une ambiance que l’on devine un peu plus calme mais chargée quand même.
L'Equipe